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Full text of "Nouvel atlas de poche des champignons comestibles et vnneux"

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Il  Ifl 


G.  E.  Stechert  &  Co 

Alfred  Hafner 

New  York 


Ex  Libris 

p. 

de  Riencourt 

Hist( 

)ire  Naturelle 

No 
( 

3/. 

BIBLIOTHÈQUE    DE    POCHE 


DU 


3>T.A.  T  XJ  PI  .^  ni,  I  S  T  E 


111 


Bibliothèque  de  poche  du  Naturaliste.  —  III. 

NOUVEL  ATLAS  DE  POCHE 

DES 

CHAMPIGNONS 

Comestibles  et  Vénéneux 

LES    PLUS    RÉPANDUS 

SLIVI  DE  M)IIO.\S  (iÉ.\HK\LKS  SLIl  LES  CI1\MI'1(..\0.\S, 

LElll  CL\SSIII(;\T1()\,  CO^Il'OSITION  CIIIMIOLE, 

V.lLElfli   1LI1IE.\T\IRE,   l'IIÊr\l{\T10.\  CLLIMIIIE,   CL'LTLIIE,  etc. 


64  planches  coloriées  représentant  66  espèces 

avec  texte 

Par  Paul  DUMÉE 

Membre  des  Sociétés  botani(iue  et  inycolocjiijue  de  France 
PEINTURES    PAR    A.    BESSIN 

TROISIÈME    ÉDITION 


7r.,r; 


PARIS 
LIBRAIRIE    DES    SCIENCES    NATURELLES 

Paul  Klincl^siecl^ 
LÉON  LHOMME,  successeur 

3,     RUE    CORNEILLE,     3 
I912 

Tous  droits  de  rcjit'odiu'fion  et  de  traduction  l'ilserues  punr  tmis  pays. 


■  d  t 

1^.  ly 


V . 


PRÉFACE 


Lorsqu'il  y  a  quelques  années  nous  avons  fait  paraître 
la  première  édition  de  notre  Petit  Atlas  des  Cham- 
pignons comestibles  et  vénéneux,  nous  prévoyions 
quHl  répondait  à  un  réel  besoin.  Malgré  ses  imperfec- 
tions, notre  petit  volume  s'est  propagé  sans  bruit  ni  ré- 
dame, et  deux  éditions  en  ont  consacré  le  succès. 

Il  fallut  en  prévoir  une  troisième  ;  celle-ci  pouvait, 
avec  quelques  retouches  au  texte  et  aux  planches,  être 
mise  sur  pied  en  quelques  mois.  Mais  cela  ne  nous  suffi- 
sait plus,  nous  voulions  faire  mieux  et  donner  à  notre 
volume  un  plus  grand  développement. 

Instruit  par  V expérience,  nous  avons  de  longue  main 
préparé  une  transformation  complète  du  «  Petit  Atlas  » 
de  1895,  en  doublant  presque  le  nombre  des  figures  et  en 
augmentant  son  texte.  Aussi  le  Nouvel  Atlas  ne  ressem- 
ble-t-il  en  rien  à  V  ancien. 

Estimant  qu'on  ne  saurait  jamais  apporter  assez  de 
soins  à  un  livre  destiné  à  servir  de  guide  à  ceux  qui 
recherchent  les  champignons  au  point  de  vue  alimen- 
taire, et  que  beaucoup  de  personnes  se  contentent  {à  tort), 
le  plus  souvent,  de  ne  regarder  que  les  images,  nous 


VI 


avons  voulu  que  celles-ci  fussent  (Tune  sincérité  frap- 
pante et  se  rapprochent  de  la  vérité  absolue  autant  qu'on 
y  peut  arriver. 

Il  nous  a  fallu  pour  cela  V appui  d'un  éditeur  complè- 
tement dévoué  et  compétent,  et  le  concours  d'un  artiste 
de  grand  mérite.  M.  Bessin  a  bien  voulu  se  charger  de 
ce  travail  qui  lui  a  demandé  plusieurs  années  de  soins 
assidus.  Il  semble,  au  premier  abord,  très  simple  de 
dessiner  un  champignon;  eh  bien,  cela  est  une  erreur, 
car  les  champignons  sont  des  organismes  essentiellement 
fugaces  et  inconstants  ;  il  est  quelquefois  très  difficile  de 
se  procurer  des  échantillons  typiques  à  différents  états  de 
développement,  puisque,  certaines  années,  les  champi- 
gnons sont  rares,  et  les  docu?nenfs  pris  doivent  attendre 
une  saison  plus  favorable  pour  être  complétés.  Enfin, 
grâce  à  la  patience  de  notre  dessinateur,  nous  avons  pu 
mener  à  bien  la  partie  la  plus  difficile  de  notre  tâche. 
Nous  avons  pu  lui  procurer,  en  bon  état,  toutes  les 
espèces  qui  figurent  dans  notre  livre.  Toutes  ont  été 
peintes  d'après  nature;  tous  les  dessins  originaux  ont 
été  ancdysés,  contrôlés,  retouchés,  pour  les  amener  à  un 
état  voisin  de  la  perfection. 

De  plus,  nos  champignons  ont  été  représentés,  autant 
que  possible,  dans  le  milieu  où  ils  se  plaisent  le  plus 
volontiers,  ce  qui,  nous  en  sommes  persuadé,  ne  déplaira 
pas  à  nos  lecteurs. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  qu'après  ce  travail,  déjà  si 
laborieux,  tout  soit  fini.  Cest  à  partir  de  ce  jnoment 
qu'' intervient  V éditeur  qui  veut  faire  reproduire  ces  pein- 


VII 


turcs  dans  loiUc  leur  exactitude.  Que  de  démarches,  que 
dressais  infructueux,  aidant  d'arriver  à  un  résultat  satis- 
faisant! Il  faut  avoir  été  mêlé  quelque  peu  à  ces  préli- 
minaires pour  pouvoir  apprécier  son  dévouement. 

On  se  figure  généralement  qu'un  éditeur  n'a  qu^à 
recevoir  de  son  auteur  le  manuscrit  à  reproduire  :  c^est 
une  grande  erreur,  et  Von  peut  dire  cjue  le  succès  dhm 
livre,  et  surtout  dhm  livre  à  images,  dépend,  en  grande 
partie,  du  soin  que  prend,  son  éditeur  de  lui  donner  sa 
forme  définitive. 

Pour  nous,  nous  sommes  intimement  persuadé  que 
si  noire  Nouvel  Atlas  des  Champignons  comes- 
tibles et  vénéneux  a  quelque  succès,  il  le  devra 
surtout  à  ses  magnifiques  planches  qui  n'' eussent  pas  été 
indignes  d'un  cadre  plus  grand,  ce  qui  en  eût  privé  de 
nombreux  amateurs. 


Meaiix,    avril  lOOr). 


Paul  DUMEE. 


PREFACE  DE  LA  2'  EDITION 


En  îïioins  de  quatre  ans  plusieurs  milliers  cVexem- 
plaires  de  notre  Nouvel  Atlas  o?7t  été  enlevés,  sans 
compter  plusieurs  tirages  des  planches  faits  pour  divers 
pays  étrangers. 

Cela  nous  encourage  à  publier  une  série  II  qui  paraî- 
tra dans  environ  deux  ans,  et  avec  des  planches  non 
moins  réussies  que  celles  de  la  première. 

Dans  la  présente  édition  il  a  été  fait  quelques  additions 
au  texte  ;  on  y  trouvera  aussi  un  intéressant  chapitre  sur 
le  Traitement  des  empoisonnements  par  les 
champignons,  dû  à  M.  le  docteur  F.  GUÉGUEN 
que  nous  recommandons  à  Vattentioïi  de  nos  lecteurs. 


Paris,  juillet  J909. 


L'Auteur. 


r^uv/  YORK 
Comment  nos  planches  ?,otanical 

'  RDEN 

ont  été  reproduites 


Il  y  a  peu  de  nos  lecteurs  qui  n'aient  entendu  parler 
de  procédés  de  reproduction,  de  photogravure,  du 
système  des  trois  couleurs,  mais  ce  sont  des  idées  encore 
bien  confuses  dans  le  public. 

Jadis,  on  ne  pouvait  obtenir  des  planches  en  couleur 
qu'en  les  coloriant  au  pinceau,  à  la  main,  avec  plus  ou 
moins  d'art  et  d'exactitude  :  c'était  long  et  coûteux. 
C'est  de  cette  époque  que  datent  les  ouvrages  à  deux 
prix,  l'un  pour  l'édition  avec  planches  noires,  l'autre 
pour  l'édition  avec  planches  coloriées. 

Le  besoin  d'obtenir  des  images  en  couleur  à  bon 
compte,  surtout  des  gravures  de  mode,  amena  la  créa- 
tion du  coloriage  au  patron.  Ce  procédé  consiste  à  dé- 
couper autant  de  plaques  en  métal  très  mince  qu'il  y  a 
de  couleurs  dans  le  sujet,  et  à  appliquer  celles-ci  avec 
une  brosse-pinceau  sur  les  parties  laissées  à  jour  sur 
l'épreuve  en  noir.  C'est  expéditif  et  relativement  éco- 
nomique, mais  ne  permet  aucun  modelé,  à  moins  de 
faire  de  coûteuses  retouches  au  pinceau. 

Puis  vint  la  Chromolithographie.  Un  artiste  appelé 


chromiste  décompose  par  l'œil  le  sujet  destiné  à  être 
imprimé  en  couleurs^  et  redessine  chacune  d'elles  sur 
une  pierre  préparée  à  cet  effet;  autant  de  nuances, 
autant  de  pierres;  il  en  faut  quinze,  vingt  et  au  delà, 
et  fatalement  l'artiste,  suivant  sa  manière  de  com- 
prendre les  couleurs  et  le  nombre  de  tirages  affectés 
à  une  reproduction,  s'écarte  souvent  de  l'original  en 
l'interprétant  à  sa  manière. 

La  Photogravure  vint  (ensuite,  qui  consiste  à  repro- 
duire im  objet  par  la  photographie,  à  décalquer  cette 
dernière  sur  une  plaque  de  métal  bien  plane,  à  l'y  fixer 
et  à  obtenir  des  reliefs  par  des  bains  acide  successifs, 
après  en  avoir  isolé  le  dessin  par  une  matière  résistant 
à  l'action  de  l'acide. 

Ce  procédé  mécanique,  rapide  et  très  économique,  ne 
tarda  pas  à  faire  disparaître  la  gravure  sur  bois  et  à  per- 
mettre de  joindre  des  illustrations  à  des  livres  et  à  des 
journaux  auxquels  la  lente  et  coûteuse  gravure  sur  bois 
n'était  pas  accessible. 

Mais  on  n'était  encore  qu'au  simple  trait,  c'est-à-dire 
au  noir  sur  blanc.  Les  demi-teintes  que  la  lithographie 
et  la  gravure  sur  bois  pouvaient  rendre  admirablement, 
n'étaient  point  encore  permises  à  la  Zincogravure, 
appelée  ainsi  parce  que  le  zinc  est  le  métal  générale- 
ment employé  pour  ce  procédé. 

La  Similigravure  apparut  à  son  tour.  Au  moyen 
d'une  trame  très  fine  placée  dans  l'appareil  photogra- 
phique entre  l'objectif  et  la  plaque  sensible,  de  façon  à 
laisser  sur  celle-ci  les  traces  de  la  trame,  on  parvient  à 


XI      

obtenir  ces  gradations  ou  demi-tcintos  indiquées  par  un 
quadrillt'  qui  brise  le  trait,  enlève  la  netteté  du  dessin, 
mais  permet  d'utiliser  une  photographie  sans  interven- 
tion du  dessinateur.  La  préparation  des  clichés  en 
similigravure  demande  beaucoup  plus  de  soins  que 
pour  ceux  au  trait,  aussi  la  similigravure  est-elle  sensi- 
blement plus  coûteuse. 

Jusqu'ici  la  «  chromolitho  »  triomphe  encore  ;  survient 
alors  une  application  d'un  procédé  déjà  connu  dans 
d'autres  genres  de  gravure  :  le  grain  de  résine.  Une  fine 
poudre  de  résine  étalée  sur  le  métal,  puis  chauffée  pour 
la  rendre  adhérente  donne,  après  traitement  par  les 
acides,  un  relief  analogue  au  trait;  cette  opération,  plu- 
sieurs fois  répétée  avec  des  grains  de  résine  agglomérés 
fins  ou  desserrés,  donne  facilement  des  gradations  suc- 
cessives depuis  l'a  plat  jusqu'aux  nuances  les  plus  fines, 
et  permet  de  combiner  un  trait  non  brisé,  comme  c'est 
le  cas  en  similigravure,  avec  les  demi-teintes  de  celles- 
ci,  mais  non  la  reproduction  directe  de  la  photographie. 

Le  grain  de  résine  ne  tarda  pas  à  être  appliqué  aux 
couleurs  d'une  façon  analogue  à  ce  qui  se  pratique  en 
chromolithographie.  C'est  encore  un  chromiste  qui,  avec 
ses  yeux,  décompose  le  sujet  en  autant  de  couleurs  qu'il 
veut  ou  doit  en  employer.  Seulement  là  où,  en  «  litho  », 
il  faut  une  pierre  pour  chaque  ton,  plusieurs  peuvent 
être  obtenus  sur  une  même  plaque  de  zinc.  Il  y  a  donc 
une  réelle  économie,  surtout  au  tirage,  et  la  possibilité 
de  produire  avec  une  rapidité  infiniment  plus  grande. 

Le  grand  inconvénient  de  la  chromo zincogravure  est 


XII      


de  faire  dépendre  le  résultat  de  la  façon  dont  le  chro- 
miste  comprend,  voit  les  couleurs.  On  chercha  donc  à 
faire  de  la  chromosimiligravure  en  décomposant  les 
couleurs  photomécaniquement.  Ceci  est  plus  compliqué 
à  expliquer  simplement. 

Il  suffira  à  nos  lecteurs  de  savoir  que  par  une  dispo- 
sition dans  l'appareil  photographique  renfermant  déjà 
une  trame,  on  arrive  à  isoler  chacune  des  trois  couleurs  : 
jaune,  rouge  et  bleu,  qui  théoriquement  représentent 
toutes  les  couleurs,  les  autres  étant  leurs  dérivées,  et  le 
blanc  et  le  noir  leur  négation. 

Cette  opération  du  triage  photomécanique  des  cou- 
leurs est  délicate,  non  moins  que  les  suivantes  qui  doi- 
vent, par  la  superposition  de  ces  trois  couleurs,  rendre 
l'image  complète  avec  toutes  ses  nuances.  Certaines 
couleurs  ne  peuvent  pas  être  obtenues  en  même  temps 
que  d'autres  du  même  groupe,  par  exemple  le  bleu  de 
cobalt  ensemble  avec  le  bleu  de  Prusse. 

Mais,  comme  il  y  a,  au  point  de  vue  exactitude,  un 
immense  avantage  à  pouvoir  se  passer  du  chromiste  et 
que  la  Trichromie,  nom  donné  à  ce  procédé,  donne  en 
trois  tirages,  ce  qui,  en  chromolitho,  en  exige  souvent 
douze,  quinze  et  au  delà,  tous  les  photograveurs  en  ont 
essayé  et...  subi  de  grosses  pertes,  car  si  tout  cela  parait 
simple  en  théorie,  il  en  est  tout  autrement  dans  la  pra- 
tique, et  les  difficultés  sont  nombreuses. 

Lorsqu'il  a  fallu  prévoir  la  réimpression  du  Petit 
Atlas  Dumée,  cette  trichromie  tant  vantée  nous 
séduisit.  Il  fut  donc  résolu,  il  y  a  de  cela  cinq  ans,  de 


XIII      — 

faire  des  essais  et  de  ne  s'engager  que  si  ceux-ci  don- 
naient des  résultats  satisfaisants.  Ils  ne  le  furent  pas  de 
suite  et  nous  pûmes  constater  qu'en  trichromie  l'a  peu 
près  est  plus  souvent  le  cas  que  la  reproduction  fidèle  de 
toutes  les  nuances. 

Notre  préoccupation  fut  dès  lors  de  chercher  les 
causes  de  cette  différence  entre  originaux,  épreuves  et 
tirage,  et  si  possible  d'y  remédier.  Après  diverses  ten- 
tatives nous  avons  enfm  obtenu  ce  que  nous  poursui- 
vions :  reproduction  et  tirage  conformes  aux  originaux. 
Ces  essais  avaient  duré  deux  ans! 

Notre  artiste,  M.  Bessin,  nous  a  prêté  dans  ces  cir- 
constances difficiles  son  concours  le  plus  dévoué, 
s'appliquant  avec  nous  à  la  recherche  des  moyens  de 
réussite. 

De  ce  qui  précède  nous  avons  tiré  la  conclusion  que 
la  Trichromie,  malgré  certains  avantages,  est  un  pro- 
cédé compliqué  n'ayant  qu'une  apparence  de  simplicité 
et  que  l'on  n'obtient  de  bons  résultats  qu'en  s'entou- 
rant  de  mille  précautions.  L'économie  sur  les  tirages 
moins  nombreux,  mais  plus  coûteux  que  d'autres,  à 
cause  de  préparatifs  plus  minutieux  et  plus  longs,  est 
absorbée  par  des  pertes  de  temps  considérables. 

Notre  ferme  volonté  a  été  de  produire  un  ouvrage  de 
vulgarisation  sur  les  Champignons  avec  des  planches 
d'une  ressemblance  parfaite,  devant  égaler,  dépasser  si 
possible,  tout  ce  qui  jusqu'ici  a  été  publié  sur  ce  sujet. 
C'est  vers  ce  but  qu'ont  été  dirigés  tous  nos  efforts, 
sans  ménager  ni  la  dépense,  ni  notre  peine. 


XIV      — 

Mais  nous  avouons  que  s'il  fallait  recommencer, 
nous  choisirions  peut-être  un  procédé  absorbant  moins 
de  temps.  Le  public  appréciera  si  notre  ouvrage  répond 
à  ses  désirs.  C'est  pour  lui  qu'il  est  fait  et  son  approba- 
tion sera  la  récompense  de  nos  tribulations. 

Paul  KLINCKSIEGK. 


PARTIE  I 


Explication  des  Planches 


_   1    _ 

Oronge  vraie.   —  Amanita  Caesarea. 

Noms  populaires  :  Amanite  des  Césars,  Jazeran,  Daurade, 
Roumanet,  Mujolo,  Campagnol,  Ounégal. 

Spores  blanches  (1). 

Ce  beau  champignon,  lorsqu'il  est  jeune,  est  complè- 
tement renfermé  dans  une  enveloppe  blanche  ayant  la 
forme  d'un  œuf  :  puis  cette  enveloppe  (à  laquelle  on  a 
donné  le  nom  de  çolçe)  s'ouvre  irrégulièrement,  pour 
donner  passage  au  champignon  qui  est  alors  sphérique. 
Plus  tard  son  chapeau  s'élargit  tout  en  restant  arrondi, 
régulier,  large  de  10  à  15  centimètres,  et  strié  sur  les 
bords.  Son  épiderme  est  lisse,  brillant  et  comme  satiné, 
d'un  rouge  orangé  plus  ou  moins  foncé  ;  il  se  pèle  faci- 
lement. 

Les  feuillets  sont  inégaux,  d'un  jaune  mat,  ainsi  que 
le  pied  qui  est  muni  d'un  collier  de  même  couleur,  et 
renflé  à  la  base.  La  volve  reste  au  pied  sous  forme  d'un 
large  cornet  blanc  qui  l'entoure,  tandis  que,  dans  la 
Fausse-Oronge,  il  n'en  reste  que  les  débris  adhérents 
au  pied. 

Chair  blanche,  jaune  sous  l' épiderme,  à  saveur 
agréable. 

Ce  champignon,  l'un  des  plus  délicats  que  l'on  puisse 
manger,  est  commun  dans  le  Midi,  mais  assez  rare  dans 
le  Centre  et  les  environs  de  Paris.  On  le  trouve  dès  la 
fm  de  l'été,  dans  les  bois  secs  et  bien  exposés. 

L'Oronge  était  très  recherchée  chez  les  Romains. 
Mais  c'est  surtout  Néron  qui  a  rendu  ce  champignon 
célèbre;  il  l'appelait  mets  des  dieux.  Nous  rappellerons 
enfin  que  l'empereur  Claude  a  été  empoisonné  par  un 
plat  d'Oronges  dans  lequel  on  avait  introduit  du  poison. 

(1)  Voir  pages  140  et  suivantes. 


—    1    — 

Bois  secs,  bien  exposés.  —  Fin  de  l'été. 


Oronge  vraie.  —  Amanita  Cœsarea. 
—  Comestible  excellent.  — 


2     — 

Bois  un  peu  frais.  —  Été,  automne. 


i^mmm 


.,^b^' 


Fausse  Oronge.  —  Amanita  muscaria. 
■ —  J'rès  vi'iu'ui'iix    — 


Fausse  Oronge.  —  Amanita  muscaria. 

Noms  populaires  :   Agaric  tue-mouches,  Faux  Jazeran. 

Spores  blanches. 

Ce  champignon  a  quelque  ressemblance  avec  l'O- 
ronge vraie,  mais  on  l'en  distingue  aisément  pour  peu 
qu'on  y  porte  attention.  Ce  dernier  champignon,  et 
comme  du  reste  toutes  les  amanites,  est  d'abord  entiè- 
rement recouvert  par  la  volve,  mais  cette  dernière  reste 
presque  tout  entière  sur  le  chapeau,  et  lorsque  le  tue- 
mouches  a  atteint  son  entier  développement,  sa  surface 
est  parsemée  de  nombreux  flocons  blancs,  provenant 
des  déchirures  de  la  volve,  alors  son  chapeau  est  arrondi 
ou  un  peu  aplati,  rouge  vermillon,  carmin  ou  orangé  :  il 
se  décolore  parfois  jusqu'à  devenir  jaune  pâle  ou  blan- 
châtre. 

Feuillets  toujours  blancs  inégaux;  collier  ample 
blanc  de  même  que  le  pied  qui  est  renflé  à  la  base  et 
muni  de  nombreux  bourrelets  écailleux  qui  sont  les 
débris  de  la  volve. 

Chair  blanche,  jaune  seulement  sous  l'épiderme.  Ce 
champignon  atteint  quelquefois  de  grandes  dimensions. 
On  le  trouve  communément  en  France  dans  les  bois  un 
peu  frais,  et  souvent  au  voisinage  des  bouleaux,  en  été 
et  automne. 

Ce  champignon  est  très  vénéneux  et  l'on  doit  s'abs- 
tenir d'en  faire  usage,  autrement  on  s'exposerait  à  des 
accidents  redoutables,  mais  cependant  rarement  mor- 
tels. Son  nom  de  muscaria  vient  de  ce  qu'il  était  emi- 
ployé  autrefois  pour  tuer  les  mouches. 

CHAMPIGNONS  1 


—     3     — 

Amanite  phalloïde.  —  Amanita  phalloides. 

Champignon  qui  tue. 
Spores  blanches. 

Chapeau  arrondi,  puis  étalé,  mais  seulement  dans 
im  âge  avancé,  glabre,  lisse  sur  les  bords,  un  peu  lui- 
sant, visqueux  en  temps  humide  et  parfois  recouvert 
de  plaques  blanches  qui  sont  les  débris  de  la  volve. 
Il  est  généralement  vert  jaunâtre,  parfois  vert  olive 
plus  ou  moins  lavé  de  gris  au  centre  ;  on  le  trouve  aussi 
presque  blanc;  son  diamètre  est  de  6  à  10  centimètres. 

Les  feuillets  sont  nombreux,  blancs  avec  un  léger 
reflet  jaunâtre,  inégaux. 

Pied  blanc  ou  un  peu  jaunâtre,  muni  d'un  collier  de 
même  couleur,  renflé  à  la  base  et  garni  d'une  volve 
blanche,  ample  et  persistante.  Chair  blanche  ayant 
une  odeur  vireuse,  saveur  acre  à  la  fm. 

Ce  champignon  est  un  des  plus  dangereux,  ses  effets 
étant  toujours  mortels.  Il  est  d'autant  plus  à  redouter 
que  ce  n'est  qu'après  un  temps  relativement  long  que 
l'on  commence  à  être  incommodé,  vingt-quatre  heures 
parfois  après  l'ingestion  du  champignon,  alors  que  les 
principes  toxiques  sont  passés  dans  le  sang  et  qu'aucune 
médication  n'a  le  pouvoir  d'éliminer  le  poison.  On  le 
trouve  très  communément  dans  les  bois  un  peu  frais. 
On  distinguera  la  variété  blanche,  des  pratelles  (Voir 
pi.  39  à  41),  en  ce  que  ces  dernières  ont  des  feuillets 
roses  puis  bruns,  et  que,  de  plus,  elles  manquent  de 
volve. 

La  plupart  des  accidents  mortels  causés  par  des 
champignons  dont  parlent  les  journaux  sont  dus  à 
V Amanite  phalloïde  ou  à  ses  variétés,  ainsi  qu'à  V Ama- 
nite citrine,  dont  nous  parlerons  ci-après. 


—     3     — 
Bois  frais.  —  Eté,  automne. 


Amanite  phalloïde.  —  Amanita  phalloides. 
—  Vénéneux,  mortel .  — 


_-     4     — 
Bois.  —  Printemps,  automne. 


Amanite  citrine.  —  Amanita  citrina. 
—  Très  vénéneux,  mortel.  ■ — 


_.     4     — 

Amanite  citrine.  —  Amanita  citrina. 

Champignon  qui  tue. 
Spores  blanches. 

Chapeau  charnu  d'abord  convexe,  puis  presque  plan, 
jaune  citron  ou  blanc  jaunâtre,  plus  rarement  un  \wu 
verdâtre  ou  fauve,  luisant  et  ordinairement  marqué  par 
places  de  plaques  ayant  assez  l'aspect  irrégulier  d'une 
carte  géographique;  ce  qui  fait  qu'on  l'a  aussi  appelé 
Amanita  mappa.  Ces  plaques  d'un  blanc  sale  provien- 
nent de  la  volve;  elles  sont  quelquefois  remplacées 
comme  dans  la  figure  ci-contre  par  de  petits  flocons 
ayant  l'aspect  de  verrues.  Diamètre  5  à  8  centimètres. 

Feuillets  blancs  nombreux,  un  peu  dentés  sur  les 
bords.  Pied  blanc,  très  fragile,  droit  cylindrique,  fine- 
ment strié  au-dessus  du  collier,  un  peu  aminci  au  som- 
met et  muni  à  la  base  d'un  gros  renflement  ou  bulbe 
orné  d'un  rebord  très  apparent.  Chair  blanche,  molle, 
de  saveur  désagréable. 

Comme  le  précédent,  ce  champignon  varie  beaucoup 
de  couleur.  On  le  trouve  communément  du  printemps 
à  l'automne  dans  les  bois  un  peu  frais.  Cette  espèce,  très 
vénéneuse,  est  tout  aussi  dangereuse  que  la  précédente  ; 
il  faut  éviter  de  confondre  la  variété  blanche  avec  les 
pratelles  (nos  pi.  39  à  41),  qui,  comme  nous  l'avons  dit, 
ont  les  feuillets  et  les  spores  d'abord  roses,  rouges, 
puis  bruns,  alors  qu'ils  restent  toujours  blancs  dans  les 
Amanites  phalloïde  et  citrine. 


—     5     — 

Amanite  panthère.  —  Amanita  pantherina. 

Spores  blanches. 

Ce  champignon,  connu  sous  le  nom  populaire  de 
Fausse  golmotte,  a  son  chapeau  assez  charnu,  d'abord 
arrondi,  puis  plan,  un  peu  visqueux  en  temps  humide 
et  strié  sur  les  bords  :  il  est  brun-gris  ou  olivâtre,  cou- 
vert de  nombreuses  verrues  d'un  blanc  sale,  provenant 
de  la  volve,  et  large  de  6  à  9  centimètres. 

Feuillets  blancs  assez  nombreux  arrondis  vers  la 
marge  et  aigus  vers  le  pied,  inégaux.  Pied  cylindrique 
blanc,  devenant  creux  à  la  fin;  il  est  muni  à  la  base 
d'un  bulbe  garni  d'un  rebord  mince.  Collier  oblique, 
blanc,  fugace,  inséré  tantôt  au-dessus,  tantôt  au-des- 
sous du  milieu  du  pied;  souvent  aussi  on  trouve  à  la 
base  du  pied  un  ou  deux  bourrelets  écailleux  dont  le 
supérieur  peut  être  regardé  comme  un  deuxième  an- 
neau. 

Comme  degré  de  toxicité,  V Amanite  panthère  peut 
être  comparée  à  V Amanite  tue-mouches  :  elle  peut 
rendre  très  malade,  mais  elle  ne  tue  pas  ou  très  rare- 
ment. 

Chair  blanche  épaisse  à  odeur  un  peu  vireuse. 

On  trouve  cette  amanite  en  automne  dans  les  bois. 
Comme  elle  est  très  vénéneuse  il  faut  éviter  de  la  con- 
fondre avec  l'Amanita  rubescens  (pi.  6).  On  l'en  dis- 
tingue facilement,  puisque  sa  chair  et  ses  feuillets  ne 
prennent  en  aucun  cas  la  teinte  rougeâtre  de  V Amanite 
rougeâtre  ;  la  présence  du  collier  et  l'absence  de  la  volve 
permettent  de  la  distinguer  de  V  Amanita  vaginata  (pi. 8). 


—     5     — 
Bois.  —  Eté,  automne. 


Amanite  panthère.  —  Amanita  pantheiina. 
—  Très  vcni'nctix.  — 


—     6     — 
Bois.  —  Eté,  automne. 


Amanite  rougeâtre.  —  Amanita  rubescens. 

Coilk'Slihh'.  — 


_     6     — 
Amanite   rougeâtre.  —  Amanita  rubescens. 

Noms  vulgaires  :  Oronge  vineuse,   Goltnotte. 
Spores  blanches. 

Chapeau  d'abord  arrondi,  puis  convexe  et  en  lin  plan, 
rougeâtre  ou  rouge  sale,  plus  ou  moins  pâle.  Il  est,  à  sa 
surface,  parsemé  de  nombreuses  verrues  farineuses, 
grisâtres  :  son  diamètre  est  ordinairement  de  G  à 
10  centimètres,  quelquefois  plus. 

Feuillets  nombreux,  blancs  ou  légèrement  teintés  de 
rougeâtre,  mous,  inégaux.  Pied  droit,  ferme,  aminci  de 
bas  en  haut,  strié  au-dessus  du  collier  et  terminé  infé- 
rieurement  par  une  sorte  de  renflement  pointu.  Le 
collier  est  large,  tombant,  blanc  et  strié  en  dessus, 
rougeâtre  en  dessous.  Chair  blanche  molle,  prenant  à 
l'air,  lorsqu'on  la  froisse,  une  coloration  rose  sale; 
odeur  nulle,  saveur  fade.  Cette  espèce  varie  beaucoup 
comme  intensité  de  couleur;  mais,  avec  un  peu  d'atten- 
tion, on  perçoit  toujours  un  peu  cette  teinte  rougeâtre 
caractéristique. 

Ce  champignon,  que  l'on  consomme  en  grande  quan- 
tité dans  certains  départements,  est  commun  en  été  et 
en  automne  dans  les  bois  un  peu  frais. 

L'Amanite  rougeâtre  est  susceptible  de  prendre  des 
aspects  assez  différents  et  de  donner  lieu  à  quelques 
variétés  dues  à  des  colorations  autres  que  celle  du  type. 


—     7     — 
Amanite   printanière.  —  Amanita  verna. 

Nom  vulgaire  :  Oronge  ciguë  blanche. 

Champignon  qui  tue. 

Spores  blanches. 

Cette  amanite  n'est  pas,  comme  son  nom  Tindique,  un 
champignon  exclusivement  printanier;  on  le  rencontre  aussi 
en  été,  et  même  en  automne,  dans  les  bois  calcaires  un 
peu  sablonneux. 

C'est,  de  Favis  des  auteurs,  l'une  des  amanites  les  plus 
dangereuses  que  Ton  puisse  trouver,  d'autant  plus  que, 
n'étant  pas  très  répandue  partout,  elle  est  trop  peu  connue 
et  souvent  prise  pour  une  pratelle  (nos  pi.  39  à  41)  au  voisi- 
nage desquelles  on  la  rencontre  et  dont  elle  a  la  couleur 
blanche.  Il  importe  donc  de  pouvoir  l'en  distinguer. 

L'Amanite  printanière  a  une  volve,  à  rencontre  des  pra- 
telles,  qui  n'en  ont  pas;  de  plus,  ses  feuillets  restent  tou- 
jours blancs,  tandis  qu'ils  deviennent  promptement  roses, 
puis  rouge-brun  dans  les  pratelles.  Il  faut  donc,  quand  on 
récolte  un  champignon,  vérifier  ces  caractères,  et  pour  cela, 
il  est  de  toute  nécessité  de  déterrer  complètement  le  pied  de 
celui-ci,  afin  de  s'assurer  de  l'absence  ou  de  la  présence 
d'une  volve,  vu  que  les  espèces  reconnues  mortelles  se 
trouvent  exclusivement  parmi  les  agarics  (champignons 
ayant  des  lames)  pourvus  d'une  volve.  Il  en  existe  d'autres 
pouvant  amener  des  troubles  digestifs,  mais  les  plus  à 
craindre  sont  les  amanites.  Voir  le  chapitre  «  Empoisonne- 
ments ». 

Revenons  à  Y  Amanite  printanière,  dont  le  chapeau,  d'abord 
convexe,  puis  plan,  enfin  un  peu  enfoncé  au  centre,  est 
blanc,  légèrement  visqueux  et  lisse  sur  les  bords.  Feuillets 
toujours  blancs,  ainsi  que  le  pied,  qui  est  plus  long  que  le 
diamètre  du  chapeau  et  muni  d'un  collier  blanc  persistant; 
ce  pied  est  renflé  à  la  base  et  muni  d'une  volve  bien  apparente. 


—     7     — 
Bois  frais.  —  Printemps,  automne. 


Amanite  printanière.  —  Amanita  verna. 
— •  Très  (laiii^ereux  !  mortel  — ■ 


—     8     - 
Terrains  sablonneux. 


Été,  automne. 


Amanite  vaginée. 


Amanita  vasinata. 


—  Comestible.  — 


—     8     — 
Amanite  vaginée.  —  Amanita  vaginata. 


Noms  vulgaires  :  Coucoumelle,   Grisette. 
Spores  blanches. 

Cette  amanite  se  distingue  des  précédentes  par  un 
caractère  très  important  et  très  facile  à  constater  :  elle 
n'a  pas  d'anneau;  par  contre,  sa  volve  est  très  déve- 
loppée et  d'un  blanc  très  pur.  Cette  volve  enserre  la 
base  du  pied  du  champignon  comme  une  gaine  qui,  le 
plus  souvent,  reste  profondément  implantée  en  terre. 
Le  chapeau  de  cette  espèce  est  tantôt  blanc,  jaune 
brunâtre,  tirant  sur  l'orangé  ou  gris  souris,  parfois  un 
peu  bleuâtre. 

A  l'origine,  le  chapeau  a  la  forme  d'une  cloche;  plus 
tard,  il  devient  plan;  il  est  longuement  strié  sur  les 
bords,  et  parfois  couvert  de  larges  lambeaux,  débris  de 
la  volve.  Diamètre  6  à  8  centimètres. 

Feuillets  blancs,  détachés  du  pied,  inégaux,  assez 
rapprochés.  Pied  allongé,  assez  grêle  et  fragile,  creux, 
un  peu  aminci  en  haut,  blanc  ou  blanchâtre  et  couvert 
de  petites  lignes  de  couleur  bistrée. 

Ce  champignon  se  trouve  de  préférence  dans  les  ter- 
rains sablonneux. 

Cette  amanite  est  comestible  ;  dans  le  Midi,  on  en  fait 
un  fréquent  usage. 

Il  faut  éviter  à  tout  prix,  sous  peine  d'inconvénients 
graves,  de  confondre  avec  cet  innocent  champignon, 
l'Amanite  panthère,  dont  nous  avons  parlé  page  5. 


—     9     — 
Lépiote  élevée.  —  Lepiota  procera. 

Noms  vulgaires  :   Couleuvrée,  Colurnelle,  Couamelle, 
Champignon  à  la  bague,   Grisotte,  etc. 

Spores  blanches. 

Ce  champignon,  un  des  plus  grands  que  nous  connais- 
sions et  aussi  l'un  des  plus  recherchés,  a,  lorsqu'il  est 
jeune,  l'aspect  d'une  baguette  de  tambour  :  on  dirait 
une  boule  à  l'extrémité  d'un  bâton. 

Son  chapeau  est  d'abord  ovoïde,  puis  arrondi,  et 
enfin  étalé,  tout  en  conservant  au  centre  une  proémi- 
nence accentuée.  Il  est  sec,  brun-gris,  et,  par  suite  de 
son  développement,  son  épiderme  se  déchire  en  des 
sortes  d'écaillés  filamenteuses  disposées  plus  ou  moins 
régulièrement,  plus  nombreuses  vers  le  centre  et  plus 
rares  à  la  périphérie.  Diamètre  10  à  25  centimètres  et 
plus. 

Feuillets  nombreux  blancs,  plus  larges  vers  le  bord 
du  chapeau,  et  laissant  autour  du  pied  un  espace  annu- 
laire très  marqué.  Pied  cylindrique  droit,  creux  à  l'inté- 
rieur, bulbeux  à  la  base  et  couvert,  sur  sa  surface,  de 
nombreuses  petites  écailles  qui  lui  donnent  un  aspect 
tigré  et  chiné.  Il  peut  atteindre  30  centimètres  de  hau- 
teur et  porte  sur  son  sommet  un  collier  mobile. 

Ce  champignon,  très  apprécié  comme  comestible, 
pousse  en  été  et  en  automne  dans  les  endroits  sablon- 
neux, les  clairières  des  bois. 

Le  Lepiota  rhacodes  {Lépiote  raboteuse)  est  égale- 
ment comestible;  il  se  distingue  de  l'espèce  dont  nous 
venons  de  parler  principalement  par  sa  chair,  qui  rou- 
git à  l'air  lorsqu'on  la  froisse. 


—     9     — 
Terrains  sablonneux.  —  Eté,  automne. 


Lépiote  élevée.  —  Lepiota  procera. 
—  Comestible  très  apprécié.  — 


10 


Terrains  sablonneux.  —  Été,  automne. 


Lépiote  pudique.  —  Lepiota  pudica. 

—  Comestible.  — - 


—     10     — 

Lépiote  pudique.  —  Lepiota  pudica. 

Nom  vulgaire  :  Toute  blanche. 
Spores  blanches. 

Champignon  arrondi  et  ne  devenant  plat  que  très 
tard,  tout  en  restant  mamelonné.  Surface  lisse,  douce 
au  toucher,  blanche;  plus  tard,  il  se  couvre  de  fmes 
granulations.  Diamètre  4  à  6  centimètres. 

Feuillets  blancs  nombreux  assez  larges,  se  teintant 
légèrement  de  rose  avec  l'âge.  Pied  blanc,  mince  en 
haut,  fortement  bulbeux  à  la  base,  d'abord  plein  puis 
creux  ou  rempli  d'une  moelle  peu  consistante  ;  il  porte  à 
son  sommet  un  anneau  également  blanc  et  mince.  Chair 
blanche  molle  à  saveur  agréable. 

On  trouve  ce  champignon  en  automne,  principale- 
ment dans  les  prés,  les  clairières  des  bois  sablonneux  et 
aussi  le  long  des  berges  des  cours  d'eau. 

€'est  un  des  champignons  les  plus  savoureux  que  l'on 
puisse  manger,  malheureusement  son  apparition  est 
assez  irrégulière;  abondant  certaines  années,  il  manque 
presque  complètement  dans  d'autres. 


--   11    — 

Armillaire  couleur  de  miel.  —  Armillaria  mellea. 

Noms  vulgaires  :   Tête  de  Méduse^  Piçoulade,  Souquarel. 

Spores  blanches. 

Ce  champignon  pousse  en  grand  nombre  dans  les 
bois  humides  sur  les  souches  pourrissantes  ou  sur  les 
troncs  d'arbres  malades. 

Son  chapeau,  d'abord  arrondi,  devient  ensuite  plan 
avec  les  bords  un  peu  recourbés  et  le  centre  proémi- 
nent. Il  est  généralement  jaune  brunâtre  plus  ou  moins 
foncé,  mais  il  n'est  pas  rare  de  lui  voir  prendre  une 
teinte  verdâtre  ou  grisâtre,  quelquefois  même  olivacée 
ou  couleur  de  rouille;  il  est  ordinairement  couvert  de 
petites  écailles  noirâtres  et  parfois  visqueux.  Son  dia- 
mètre est  de  5  à  10  centimètres. 

Les  feuillets  sont  assez  nombreux,  blanchâtres  ou 
pâles  et  même  un  peu  rougeâtres,  se  prolongeant  sur  le 
pied  et  aigus  vers  la  marge  du  chapeau;  ils  répandent 
en  grande  quantité  des  spores  blanches.  Le  pied  est  très 
long  par  rapport  au  chapeau,  il  peut  avoir  de  12  à 
15  centimètres;  il  est  ferme,  élastique,  souvent  courbé, 
à  peu  près  égal,  un  peu  roux  surtout  dans  le  bas  et 
muni  vers  le  haut  d'un  large  collier  ascendant.  Chair 
blanche  peu  épaisse,  odeur  nulle,  saveur  un  peu  acre. 

Ce  champignon  fait  un  grand  tort  aux  arbres  fores- 
tiers par  son  mycélium  qui  forme  des  cordons  noirs, 
appelés  autrefois  Rhyzomorphes,  et  s'étendant  très  lon- 
guement sous  l'écorce.  Bien  que  comestible,  cette  espèce 
n'est  pas  très  recherchée  en  France;  elle  a  une  saveur 
acre  et  désagréable  qui  disparait  du  reste  par  la  cuisson. 


11 


Troncs  pourrissants.  —  Été,  automne. 


Armillaire  couleur  de  miel.  —  Armillaria  mellea. 
■ —  Comestible,  peu  dclicat.  — 


12 


Chemins  verts,  haies.  —  Printemps. 


Tricholome  de  la  Saint-Georges.  —  Tricholoma  Georgii. 

—  Comestible  excellent.  — 


—     12     — 

Tricholome  de   la  Saint-Qeorges. 

Tricholoma  Georgii. 

Spores  blanches. 

Ce  champignon,  qui  est  plus  connu  sous  le  nom  de 
Mousseron  de  la  Saint- Georges  (il  apparaît  en  avril  vers 
la  Saint-Georges),  est  trapu,  arrondi  un  peu  irrégulier. 

Le  chapeau  a  les  bords  légèrement  repliés  en  des- 
sous; il  est  doux  au  toucher,  plutôt  frais  que  sec,  blanc 
sale  ou  jaune-roussâtre  pâle  tirant  sur  le  chamois;  dia- 
mètre 4  à  6  centimètres  et  plus.  Il  ne  se  pèle  pas. 
.  Feuillets  toujours  blancs,  très  nombreux  et  très 
étroits,  ils  ont  entre  eux  de  nombreuses  adhérences,  ce 
qui  les  fait  paraître  bifurques.  Pied  ferme,  robuste,  un 
peu  courbé  à  la  base,  s'écaillant  facilement,  blanc  ou 
blanc  crème  et  parfois  un  peu  renflé  à  la  base. 

Chair  blanche,  compacte,  épaisse,  se  continuant  avec 
celle  du  pied;  odeur  de  farine  assez  pénétrante,  mais 
agréable. 

Sous  les  noms  de  Tricholoma  gambosum  et  de  Tri- 
choloma albellum,  la  plupart  des  auteurs  décrivent 
deux  autres  champignons  portant  le  nom  vulgaire 
de  mousseron,  et  qui  paraissent  être  de  simples  variétés 
de  celui  dont  nous  venons  de  parler  :  même  couleur, 
même  port,  même  odeur,  même  époque  d'apparition. 

On  trouve  ces  champignons  au  printemps  et  parfois 
aussi  à  l'automne  dans  les  prés,  le  long  des  chemins 
verts,  dans  les  clairières  des  bois,  où  ils  forment  sou- 
vent des  cercles  de  sorcières.  Voir,  pour  cette  expres- 
sion, le  chapitre  II. 


—     13     — 

Tricholome  nu.  —  Tricholoma  nudum. 

Nom  vulgaire  :  Pied  bleu. 
Spores  blanches. 

Champignon  d'un  violet  plus  ou  moins  roux.  Cha- 
peau d'abord  arrondi  puis  convexe  et  enfin  plan,  doux 
au  toucher;  marge  d'abord  repliée  en  dessous,  puis  plus 
ou  moins  relevée,  mince.  Diamètre  4  à  8  centimètres. 

Feuillets  nombreux  inégaux,  minces,  aigus  vers  la 
marge  et  de  la  couleur  du  chapeau,  mais  conservant 
plus  longtemps  leur  belle  couleur  violette.  Pied  plein, 
ferme,  droit,  régulier,  un  peu  renflé  à  la  base,  de  la  cou- 
leur du  chapeau,  mais  plus  pâle  et  légèrement  farineux 
au  sommet.  Lorsque  ce  champignon  pousse  dans  les  . 
bois  de  conifères,  il  arrive  souvent  que  son  pied  est 
revêtu  à  la  base  d'une  sorte  de  coton  bleuâtre  qui  en- 
globe les  aiguilles  qui  jonchent  le  sol. 

Chair  peu  épaisse  d'un  blanc  violacé,  ayant  une  faible 
odeur  et  une  saveur  un  peu  acidulée. 

Ce  champignon,  qui  est  très  délicat,  pousse  en  été, 
automne  et  hiver,  surtout  dans  les  bois  de  sapins. 

On  peut  rapprocher  de  ce  champignon  les  Tricho- 
loma personatum,  sordidum  et  saevum  qui  sont  éga- 
lement de  couleur  violette  et  comestibles. 


—    irj    — 

Bois,  surtout  de  conifères.  —  Eté,  automne. 


Tricholome  nu.  —  Tricholonia  nudur.i. 
—  Coiiirsl/bh'.  — 


—     14     — 
Voisinage  des  peupliers.  —  Automne. 


Tricholome  ruiné.  —  Tricholoma  pessundatum. 
—  Coniesiihh.  — 


—     14     — 

Tricholome   ruiné.  —  Tricholoma  pessundatum. 

Spores  blanches. 

Chapeau  charnu,  compact,  très  ferme,  d'abord  ar- 
rondi puis  convexe  et  plan,  à  bords  relevés  irrégulière- 
ment, brun-rouge  ou  roux  pâle,  plus  clair  à  la  circonfé- 
rence, finement  tacheté,  -visqueux  en  temps  humide. 

Feuillets  nombreux,  étroits,  d'un  blanc  sale,  souvent 
tachés  de  roux. 

Pied  épais,  souvent  très  court  (notre  planche  le 
montre  sorti  de  terre),  ferme,  irrégulier,  un  peu  écail- 
leux,  renflé  à  la  base,  surtout  lorsque  le  champignon  est 
jeune,  blanc  ou  blanc  roussâtre. 

Chair  blanche,  se  teintant  de  roux,  odeur  de  farine, 
saveur  douce. 

On  trouve  ce  champignon,  en  automne,  surtout  au 
voisinage  des  peupliers  languissants,  dont  il  paraît 
suivre  le  trajet  des  racines,  où  parfois  il  se  presse  en  si 
grand  nombre  qu'il  en  est  complètement  déformé.  Ce 
champignon,  quoiqu'un  peu  coriace,  est  très  bon  à  man- 
ger et  mériterait  d'être  plus  connu.  Vient  tard  en  saison. 

Lorsqu'on  a  la  chanfce  de  tomber  sur  une  localité 
riche,  il  est  préférable  de  recueillir  seulement  les  cha- 
peaux, car  le  pied  est  filandreux,  coriace. 


—     15     — 

Tricholome  équestre.  —  Tricholoma  équestre. 

Nom  vulgaire  :  Chevalier. 
Spores  blanches. 

Champignon  trapu,  ferme,  à  chapeau  convexe,  puis 
plan,  irrégulier,  à  bords  amincis,  flexueux,  relevés  à  la 
fm.  Le  chapeau  est  jaune,  un  peu  verdâtre,  couvert  sur 
le  milieu  de  nombreuses  écailles  couleur  de  rouille  qui 
lui  donnent  une  teinte  rousse.  Il  est  un  peu  visqueux  en 
temps  humide  et  large  de  8  à  12  centimètres. 

Feuillets  jaune  soufre  vif,  nombreux,  presque  déta- 
chés du  pied  et  aigus  vers  la  marge  du  chapeau. 

Pied  épais,  plein,  moins  long  que  le  diamètre  du  cha- 
peau dont  il  a  la  couleur  jaune  mais  un  peu  plus  pâle. 
Chair  blanchâtre,  mince  sur  les  bords,  odeur  nulle, 
saveur  fade. 

Se  trouve  en  automne  surtout  dans  les  bois  de  coni* 
fères.  A.fm  de  faire  ressortir  les  caractères  du  Tricho- 
lome équestre,  nous  l'avons  fait  représenter  complète- 
ment débarrassé  des  multiples  débris  qui  jonchent  le  sol  : 
il  ne  faudra  donc  pas  s'étonner  de  le  trouver  souvent 
quelque  peu  tapi  sur  terre. 

Comestible   assez   recherché. 


—     15     — 
Bois,  surtout  de  conifères. 


Automne. 


Tricholome  équestre.  —  Tricholoma  équestre. 
—  Comestible.  — 


Ifi 


Bois  résineux.  —  Eté.  automne. 


Tricholome  terreux.  —  Tricholoma  terreum. 
—  Coiuestihle.  ■ — 


—     16     — 

Tricholome  terreux.  —  Tricholoma  terreum. 

Spores  blanches. 

Chapeau  peu  charnu,  d'abord  conique,  puis  en  cloche 
et  enfin  étalé,  mais  conservant  au  centre  une  sorte  de 
mamelon;  il  est  grisâtre  plus  ou  moins  foncé,  et  couvert 
de  petites  écailles  floconneuses  de  la  môme  couleur,  fra- 
gile, irrégulier;  diamètre  3  à  6  centimètres. 

Feuillets  peu  nombreux,  d'abord  blancs  puis  un  peu 
cendrés,  crénelés  sur  la  tranche.  Pied  blanc  ou  blanc 
grisâtre,  fragile,  fibreux,  à  peu  près  égal  et  plein.  Chair 
grise,  molle,  d'odeur  peu  agréable,  saveur  douce. 

Ce  champignon,  qui  pousse  en  abondance  en  été, 
automne,  surtout  dans  les  bois  de  pins,  est  comestible, 
mais  peu  recherché  ;  il  est  très  fragile  dans  toutes  ses 
parties,  et  très  fréquemment  piqué  des  vers. 

Il  varie  beaucoup  comme  intensité  de  couleur,  et  plu- 
sieurs espèces  voisines  pourraient  très  bien  n'en  être 
que  des  variétés. 

Il  y  a  des  années  où  ce  champignon  est  si  abondant, 
qu'on  ne  peut  faire  un  pas  dans  les  bois  où  il  pousse, 
sans  en  écraser  plusieurs. 


_     17     _ 

Tricholome  russule.  —  Tricholoma  russula. 

Spores  blanchers. 

Chapeau  charnu,  ferme,  d'abord  arrondi,  puis  plan  et 
même  un  peu  déprimé,  bords  repliés  en  dessous;  il  est 
blanc  rosé  ou  rouge  carmin,  inégal  dans  sa  coloration, 
un  peu  visqueux  en  temps  humide;  diamètre  6  à 
10  centimètres. 

Feuillets  peu  nombreux,  inégaux,  épais,  blancs  rou- 
geâtres  ou  se  tachant  de  rouge  quand  on  les  froisse.  Pied 
blanc  un  peu  rosé,  écailleux  en  haut,  épais,  à  peine 
aussi  long  que  le  diamètre  du  chapeau. 

Chair  ferme  blanche  ou  rosée,  à  saveur  agréable, 
odeur  peu  prononcée. 

On  peut  recommander  l'usage  de  ce  champignon  que 
l'on  trouve  en  automne  dans  les  taillis  de  chênes  où  il 
forme  souvent  des  traînées  de  nombreux  individus  plus 
ou  moins  dissimulés  sous  les  feuilles.  11  faut  éviter  de 
confondre  ce  champignon  avec  certaines  russules,  no- 
tamment la  Russule  émétique  (pi.  30),  mais  cette  der- 
nière a  la  chair  très  acre.  Dans  notre  espèce,  la  colora- 
tion du  champignon  est  inégale  et  souvent  comme 
tachetée,  tandis  qu'elle  est  uniforme  et  plus  intense 
dans  les  russules;  de  plus,  ces  dernières  ont  générale- 
ment des  feuillets  égaux. 

On  trouve  quelquefois  le  Tricholome  russule  d'une 
teinte  plus  claire,  et  comme  maculé  de  rose  sur  blanc, 
mais  les  spécimens  fournis  à  notre  dessinateur  étaient 
fortement  colorés,  et  la  reproduction  en  a  encore  un 
peu  accentué  la  teinte. 


—     17     — 
Taillis  de  chênes.  —  Été,  automne. 


Tricholome  russule.  • —  Tricholoma  russula. 
■ —  Civiiesf/'ble  cxccUoit.  — 


18 


Au  pied  des  chênes.  —  Été,  automne. 


Gollybie  à  pied  en  fuseau.  —  Collybia  tusipes. 
—  CoDiesfible,  sauf  le  pied.  — 


—     18     — 

Collybie  à   pied  en  fuseau.  —  CoUybia  fusipes. 

Spores  blanches. 

Ce  champignon  viont  on  touffes  de  6  à  10  individus, 
quelquefois  plus,  au  pied  des  chênes  ou  au  voisinage 
des  souches;  de  là  son  nom  populaire  de  Chênier.  Son 
chapeau,  large  de  3  à  6  centimètres,  parfois  davantage, 
est  de  couleur  brunâtre,  un  peu  plus  clair  sur  les  bords; 
on  le  trouve  plus  rarement  jaunâtre  bistre.  Il  est  assez 
irrégulier  dans  son  ensemble  et  sa  surface  est  un  peu 
bosselée  avec  le  centre  mamelonné. 

Feuillets  peu  serrés,  d'une  teinte  variant  du  blanc 
au  brun-clair,  ventrus  et  recouverts  à  la  maturité  de 
spores  blanches. 

Le  pied  est  plus  long  que  le  diamètre  du  chapeau  et 
d'une  couleur  plus  intense  à  la  partie  inférieure,  qui  se 
termine  en  une  sorte  de  racine  en  forme  de  fuseau  noir, 
de  plus  il  est  sillonné,  tordu  dans  sa  longueur. 

Chair  blanchâtre,  sans  odeur,  de  saveur  agréable. 

Ce  champignon  varie  beaucoup  et  comme  taille  et 
comme  couleur.  La  variété  œdematopus  (pied  gonflé) 
est  remarquable  par  son  pied  démesurément  renflé  au 
milieu. 

Ce  champignon  est  assez  commun  en  été  et  en  au- 
tomne, dans  les  forêts  de  chênes.  Pour  le  consommer, 
on  doit  le  choisir  peu  avancé,  sans  quoi  il  est  coriace 
et  de  digestion  peu  facile;  le  pied  doit  être  rejeté 
comme  trop  filandreux. 


CHAMPIGNONS 


—     10     — 

Clitocybe  nébuleux.  —  Clitocybe  nebularis. 

Spores  blanches. 

Chapeau  convexe  puis  plan,  ayant  souvent  le  centre 
proéminent,  mince  sur  les  bords  qui  sont  recourbés  en 
dessous  ;  il  varie  du  brunâtre  au  gris  cendré  et  devient 
quelquefois  très  pâle  ou  même  presque  blanc;  diamètre 
8  à  12  centimètres. 

Feuillets  blancs  ou  blanchâtres,  serrés,  aigus  aux 
extrémités,  courbés,  descendant  sur  le  pied. 

Pied  robuste,  droit  comme  un  fût  de  colonne,  blan- 
châtre, plein  et  renflé  à  la  base  qui  est  cotonneuse  ;  sa 
longueur  est  très  variable  :  4  à  8  centimètres. 

Chair  blanche,  fme  ayant  une  légère  odeur  de  farine. 

Se  trouve,  en  automne,  sous  les  futaies,  parmi  les 
feuilles  tombées,  où  il  forme  souvent  des  cercles  de 
grande  dimension  où  l'on  compte  jusqu'à  cent  indi- 
vidus. 

Ce  champignon,  quoi  qu'on  en  puisse  penser,  est 
parfaitement  comestible,  je  dirai  même  par  expé- 
rience qu'il  est  d'un  goût  agréable.  Il  a  de  plus  le 
mérite  d'être  facile  à  récolter  et  d'être  rarement  piqué 
par  les  vers.  Son  port  caractéristique  permet  de  le 
reconnaître  aisément. 


—    1  «1    — 

Sous  les  futaies.  —  Eté,  automne. 


Clitocybe  nébuleux.  —  (>litocvbe  nebularis. 
■ — -  Coiiicsfihle.  — 


—     20     — 
Dans  tous  les  bois.  —  Été,  automne. 


Clitocybe  laqué.  —  Clitocybe  laccata. 
—  Comestihle.  ■ — 


—     20     — 
Clitocybe   laqué.  —    Clitocybe  laccata. 

Spores  hlanclios. 

Voilà  un  rhampignuH  qui  est  un  véritable  protéo, 
non  seulement  par  ses  couleurs  changeantes,  mais  aussi 
par  sa  forme  excessivement  variable.  11  n'est  bien 
caractérisé  que  dans  sa  jeunesse;  son  chapeau  est  alors 
assez  mince,  hémisphérique,  régulier,  un  peu  déprimé 
au  centre,  large  de  2  à  5  centimètres.  Plus  tard  il  de- 
vient irrégulier  et  les  bords  sont  sinués,  découpés  ou 
échancrés.  Il  est  incarnat,  violet,  lilas,  roussâtre  ou 
couleur  de  rouille,  et  finement  farineux-écailleux  à  sa 
surface. 

Feuillets  peu  nombreux,  épais,  veineux  surtout  dans 
la  vieillesse  et  d'un  violet  plus  ou  moins  foncé,  devenant 
pâles  par  les  spores  blanches  qui  les  recouvrent. 

Pied  allongé,  flexueux  irrégulier,  fibreux,  de  la  cou- 
leur du  chapeau,  mais  plus  pâle  et  couvert  dans  le  bas 
d'un  coton  blanc  ou  violacé. 

Chair  très  mince,  violacée,  d'odeur  agréable. 

Ce  champignon  que  l'on  trouve  très  communément, 
en  été  et  en  automne,  dans  tous  les  bois  un  peu  frais, 
entre  la  mousse  et  l'herbe,  est  comestible,  mais  peu 
recherché  en  raison  de  sa  petite  taille.  On  peut  le 
reconnaître  aisément,  malgré  son  aspect  changeant. 


—     21     — 

Hygrophore  olivacé-blanc. 

Hygrophorus  olivaceo-albus. 

Spores  blanches. 

Chapeau  charnu,  d'abord  un  peu  conique  ou  irrégu- 
lièrement arrondi,  bords  repliés  en  dessous,  puis  plus 
ou  moins  relevés.  En  temps  humide  il  est  recouvert 
d'un  enduit  glutinoux  qui  réunit  dans  la  jeunesse  le 
bord  du  chapeau  au  pied.  Le  chapeau  devient  ensuite 
convexe,  puis  plan  et  enfm  un  peu  concave,  mais,  même 
à  cet  état,  on  constate  presque  toujours  un  petit  ma- 
melon entouré  d'une  dépression  bien  nette.  Il  est  lisse, 
brun  gris  ou  brun  olive  un  peu  jaunâtre  à  la  circonfé- 
rence et  recouvert  d'une  glutinosité  pâle  surtout  abon- 
dante en  temps  humide.  Diamètre  5  à  10  centimètres. 

Feuillets  nombreux,  minces,  descendant  à  peine  sur 
le  pied,  blancs  puis  un  peu  jaunâtres.  Pied  plein,  un 
peu  épaissi  à  la  base,  lisse  au  sommet,  écailleux,  vis- 
queux partout  ailleurs. 

Chair  blanche,  odeur  nulle,  saveur  douce.  Se  trouve 
en  été-automne,  surtout  dans  les  sapinières.  Il  est  très 
agréable  à  manger,  surtout  sauté  au  beurre  ;  rarement 
il  est  piqué  aux  vers. 


—     21     — 
Bois  résineux.  —  Eté,  automne. 


Hygropliore  olivacé-blanc.  —  Hvgrophorus  olivaceo-albus. 

—  Comestible.  — 


—     22     — 
Bois.  —  Eté,  automne. 


Russule  émétique.      -  Russula  enictica. 
—  Vénéneux,  très  poivre.  — 


—     22     — 

Russule  émétique.        Russula  emetica. 

Spores  blanches. 

Champignon  de  taille  moyenne,  arrondi  puis  plan  et 
même  un  peu  concave,  lisse,  rose,  puis  rouge  vif  ou 
rouge  cerise;  quelquefois  il  devient  jaunâtre  ou  blan- 
châtre, surtout  au  centre.  La  marge  est  sillonnée, 
tuberculeuse  chez  l'adulte  et  l'épiderme  s'enlève  faci- 
lement ;  diamètre  8  à  10  centimètres. 

Feuillets  d'un  blanc  pur,  peu  serrés,  presque  égaux, 
plus  larges  au  sommet  qu'à  la  base. 

Pied  cylindrique  blanc  ou  légèrement  rosé,  long  de 
4  à  5  centimètres,  spongieux,  fragile,  un  peu  aminci  à 
la  base. 

Chair  blanche,  rouge  ou  rougeâtre  sous  l'épiderme, 
et  de  saveur  très  acre. 

Ce  champignon  est  vénéneux;  il  pousse  en  été-au- 
tomne, dans  les  bois.  On  le  reconnaîtra  à  sa  marge 
tuberculeuse  et  son  âcreté.  Quant  à  sa  couleur  elle  est 
très  variable,  et  l'on  trouve  parfois  des  individus  com- 
plètement blancs. 

Les  russules  ressemblent  aux  lactaires,  mais  n'ont 
point  de  lait;  il  faut,  pour  les  distinguer,  les  goûter  à 
l'état  cru,  rejeter  celles  qui  sont  acres  et  ne  consommer 
que  celles  d'une  saveur  agréable. 


—     23     — 
Chanterelle  comestible.  —  Cantharellus  cibarius. 

Noms  vulgaires  :    Gijrole,  Jaunetle,    Girondelle,  Chcvrotte,  etc. 

Spores  blanches. 

Chapeau  d'abord  convexe,  puis  plaii;  et  enfin  un  peu 
creusé  en  entonnoir,  à  bords  minces,  ondulés,  enroulés; 
couleur  jaune  d'œuf  plus  ou  moins  foncée;  souvent  très 
décoloré  dans  les  sujets  âgés. 

Feuillets  épais,  bifurques,  en  réseau,  peu  nombreux, 
descendant  longuement  sur  le  pied. 

Pied  plein,  épais,  s'amincissant  de  haut  en  bas  et 
souvent  courbé  à  la  base;  de  la  couleur  du  chapeau 
ainsi  que  les  feuillets,  mais  de  teinte  plus  claire. 

Chair  blanche,  un  peu  fibreuse;  odeur  agréable, 
saveur  douce  un  peu  poivrée.  Est  rarement  attaquée 
par  les  vers. 

Très  commun  dans  les  bois  frais,  de  l'été  à  l'automne, 
où  il  pousse  souvent  en  troupes  nombreuses. 

Le  Cantharellus  aurantiacus  ou  Chanterelle  oran- 
gée est  une  espèce  voisine,  mais  plus  grêle,  et  de  colora- 
tion plus  vive  que  celle  dont  nous  venons  de  parler  ;  les 
feuillets  sont  plus  colorés  que  le  chapeau,  serrés,  minces 
et  descendant  sur  le  pied. 

Chair  jaune,  molle;  pied  cylindrique  mince. 

Odeur  et  saveur  peu  prononcées. 

Pousse  en  automne,  surtout  sous  les  sapins  et  les 
pins. 

Ce  champignon  est  considéré  comme  suspect  et  même 
dangereux,  mais  à  tort,  pensons-nous,  car  nous  l'avons 
consommé  bien  des  fois  et  trouvé  beaucoup  plus  agréa- 
ble que  la  Chanterelle  ordinaire. 


—      23     — 
Bois  un  peu  frais.  —  Été,  aLitonmc. 


Chanterelle  comestible.  —  Cantharellus  cibarius. 

—  Comestible,  — 


—     24     — 
Sous  les  sapins.  —  Été,  automne. 


Lactaire  délicieux.  —  Lactarius  deliciosus. 
—  Comestible.  — 


—     24     — 

Lactaire  délicieux.  —  Lactarius  deliciosus. 

Noms  vulgaires  :  Rouzillon,    Vache  rouge,  Briquelé. 

Spores  blanches. 

Chapeau  orangé,  rouge  brique  ou  jaunâtre,  marqué 
de  cercles  plus  funcés  en  couleur  ;  d'abord  convexe,  puis 
plan  et  déprimé  au  centre,  à  bords  minces,  un  peu  re- 
pliés en  dessous.  A  l'état  adulte,  il  pâlit  et  se  teinte  plus 
ou  moins  de  vert-de-gris.  Diamètre  7  à  12  centimètres. 

Feuillets  nombreux  assez  épais,  souvent  fourchus  à  la 
base,  orangés  et  se  colorant  en  vert  lorsqu'ils  sont  frois- 
sés. Lait  rouge-orangé,  verdissant. 

Pied  ferme,  épais,  s'amincissant  de  haut  en  bas, 
d'abord  plein,  puis  creux  et  fragile  ;  il  est  de  la  couleur 
du  chapeau,  mais  plus  pâle  et  marqué  de  taches  ovales 
déprimées,  plus  foncées. 

Chair  compacte,  cassante,  puis  molle,  jaunâtre  rou- 
gissant à  l'air.  Odeur  agréable. 

Pousse  en  été-automne  sous  les  conifères. 

Le  Lactarius  sanguifluus,  qui  est  spécial  au  Midi, 
pousse  également  sous  les  mêmes  arbres. 

Le  chapeau  est  rouge  sans  zones,  le  lait  rouge-car- 
miné foncé;  également  comestible. 

Ne  pas  confondre  le  Lactarius  deliciosus  avec  le 
Lactarius  torminosus  (pi.  27),  auquel  il  ressemble  un 
peu,  mais  dont  le  lait  est  blanc. 


—     25     — 
Lactaire  poivré.  —  Lactarius  piperatus. 

Noms  vulgaires  :    Vache  blanche,  Eauburon,  Chavaiie. 

Spores  blanches. 

Chapeau  charnu,  pesant,  ferme,  concave  de  bonne 
heure,  blanc  ou  blanc  jaunâtre,  à  bords  repHés  en  des- 
sous, Usse  ou  rugueux,  non  zone,  large  de  10  à  20  cen- 
timètres. 

Feuillets  blancs  ou  blanchâtres,  très  nombreux, 
minces,  descendant  sur  le  pied,  souvent  fourchus  à  la 
base  et  aigus  aux  deux  extrémités;  ils  laissent  écouler, 
ainsi  que  la  chair,  lorsqu'on  les  brise,  un  lait  blanc, 
acre. 

Pied  cylindrique,  gros,  court  comparativement  au 
chapeau,  blanc  et  plein. 

Chair  épaisse,  ferme,  blanche,  très  poivrée  et  sans 
odeur. 

Se  trouve  en  été-automne,  dans  les  bois,  le  long  des 
chemins  verts. 

Comme  l'âcreté  de  ce  champignon  disparaît  à  la  cuis- 
son, on  en  fait  usage  dans  quelques  contrées;  mais  c'est 
un  aliment  peu  agréable. 

On  trouve  souvent  dans  les  bois  un  champignon  qui 
ressemble  beaucoup  au  Lactarius  piperatus,  et  qui 
n'en  diffère  que  par  ses  feuillets  qui  deviennent  sensi- 
blement jaunes  en  vieillissant.  On  lui  a  donné  le  nom  de 
Lactarius  pargamenus. 


—     25     — 
Bois,  chemins  verts.  —  Été,  automne. 


Lactaire  poivré.  —  Lactarius  piperatus. 
—  Comestible,  peu  délicat.  — 


—     26     — 
Bois  frais.  —  Été,  nutomne. 


Lactaire  orangé.  • —  Lactarius  volemus. 
—  Comestible.  — 


—     26     — 

Lactaire  orangé.  —  Lactarius  volemus. 

Noms  vulgaires  :    Vian,   Vache,    Vachotle,    l'élu. 
Spores  blanches. 

Chapeau  fauve  doré,  ou  brun  orangé,  plus  foncé  au 
centre,  arrondi,  puis  plan  et  un  peu  concave  au  centre, 
qui  est  souvent  mamelonné.  Marge  du  chapeau  d'abord 
enroulée  puis  étalée  irrégulièrement;  épiderme  adhé- 
rent; diamètre  8  à  10  centimètres. 

Feuillets  nombreux,  d'un  blanc  sale  ou  jaunâtres, 
laissant  écouler,  ainsi  que  la  chair,  lorsqu'on  les  brise, 
un  lait  bien  blanc,  très  abondant  et  doux. 

Pied  de  la  couleur  du  chapeau,  mais  plus  pâle,  plein, 
ferme,  un  peu  renflé  au  miheu,  long  de  6  à  8  centi- 
mètres. 

Chair  blanche,  cassante,  d'odeur  forte  mais  agréable. 

Pousse  en  été-automne,  dans  les  bois  un  peu  frais.  Ce 
champignon  est  comestible  et  recherché  sous  le  nom  de 
Vachotte. 

Comme  il  existe  plusieurs  lactaires  ayant  une  teinte 
analogue  à  celle  du  Lactaire  orangé,  on  fera  bien  de 
s'assurer,  lors  de  la  récolte,  que  la  chair  est  de  saveur 
douce  et  nullement  acre,  car  autrement  on  pourrait 
s'exposer  à  une  méprise. 


—     27     — 
Lactaire  aux  tranchées.  —  Lactarius  torminosus. 

Noms  vu]j,'aires  :   Mouton  zone,  Rajfouet,  Morlon. 
Spores  blanches. 

En  raison  de  son  nom,  il  est  aisé  de  voir  que  ce  cham- 
pignon n'est  point  comestible  ;  il  importe  donc  de  pou- 
voir le  distinguer  du  Lactarius  deliciosus,  dont  nous 
avons  parlé  (p.  24),  et  auquel  il  ressemble  quelque  peu, 
au  moins  de  prime  abord. 

Son  chapeau,  qui  est  d'abord  arrondi,  se  creuse  par 
la  suite;  il  est  roux  carné,  ou  couleur  de  rouille  pâle 
(quelquefois  blanchâtre  lorsqu'il  a  été  lavé  par  la  pluie), 
un  peu  zone  et  couvert  sur  les  bords,  qui  sont  recourbés, 
d'un  chevelu  abondant,  surtout  dans  les  individus 
jeunes.  Diamètre  4  à  8  centimètres. 

Feuillets  nombreux,  minces,  étroits,  blanchâtres  ou 
faiblement  orangés.  Pied  plein,  puis  creux,  de  la  même 
couleur  que  les  feuillets,  mais  plus  pâle,  long  de  6  à 
8  centimètres. 

Chair  blanchâtre  laissant  écouler  en  abondance  un 
lait  blanc,  acre. 

Pousse  en  été  et  en  automne  dans  les  bois  et  les 
friches.  Malgré  son  âcreté,  ce  champignon  serait  con- 
sommé en  Suède. 


—     27     — 
Bois,  friches.  —  Été,  automne. 


Lactaire  aux  tranchées.  —  Lactarius  torminosus. 

VcUCIh'llX.   — 


—     28     — 
Clairières,  chemins  verts.  —  Été,  automne. 


Lactaire  taché.  —  Lactarius  contro versus. 
—  Comestihle  mais  inâicreste.  — 


—     28     — 
Lactaire  taché.  —  Lactarius  controversus. 

Noms  vul^'uires  :  Latliyron,  Roussette. 
Spores  blanches. 

Ce  lactaire  a  quelque  ressemblance  avec  le  Lactaire 
poivré  (pi.  25);  mais  il  s'en  distingue  suffisamment  par 
sa  viscosité  et  ses  feuillets  un  peu  rosés. 

Il  se  creuse  dés  le  jeune  âge,  et  les  bords  du  chapeau 
sont  fortement  repliés  en  dessous  et  velus,  floconneux. 
Plus  tard  les  bords  se  relèvent  irrégulièrement  et  de- 
viennent nus,  ainsi  que  la  surface  du  chapeau.  Il  est 
d'un  blanc  sale,  plus  ou  moins  marqué  de  zones  rouges 
et  presque  toujours  maculé  par  la  terre  qu'il  soulève  en 
temps  humide,  et  mesure  de  12  à  15  centimètres  de 
diamètre. 

Feuillets  nombreux,  minces,  étroits,  aigus  aux  deux 
extrémités,  d'un  blanc  sale  ou  rosés. 

Pied  plein,  ferme,  très  court,  un  peu  aminci  à  la  base. 

Chair  blanche,   ferme,   lait  abondant  blanc,   acre 
odeur  nulle. 

Se  trouve  dans  les  bois,  le  long  des  chemins  au  voisi- 
nage des  peuphers. 

Quoique  peu  agréable  et  de  digestion  difficile,  on 
consomme  ce   champignon  dans  pas  mal  d'endroits. 


—     29     — 

Pleurote  en  coquille.  — Pleurotus  ostreatus. 

Noms  vulgaires  :  Nouret,  Poule  de  bois. 
Spores  blanches. 

Chapeau  charnu,  très  variable  de  coloration,  puis- 
qu'on le  trouve  brun  jaune,  brun  cendré  ou  roux  plus 
ou  moins  pâle,  doux  au  toucher,  humide,  générale- 
ment horizontal,  parfois  dressé  vers  le  haut,  convexe, 
étalé,  et  ayant  quelque  peu  la  forme  d'une  coquille  ;  les 
bords  sont  minces,  un  peu  enroulés,  quelquefois  ondu- 
lés, lacérés.  Diamètre  6  à  15  centimètres. 

Feuillets  assez  nombreux,  larges,  descendant  longue- 
ment sur  le  pied  où  ils  sont  fréquemment  ramifiés  en 
réseau,  blancs  ou  blanchâtres. 

Pied  court,  épais,  latéral,  souvent  couvert  de  poils 
hérissés  à  la  base. 

Chair  blanche,  ferme,  d'odeur  faible  et  de  saveur 
agréable. 

Pousse  en  automne  et  en  hiver  sur  le  tronc  des 
arbres  récemment  morts  ou  languissants,  où  il  forme 
souvent  de  fortes  toulîes  superposées. 

Ce  champignon  est  comestible,  mais  un  peu  coriace  ; 
on  doit  le  consommer  lorsqu'il  est  jeune. 

Une  espèce  voisine,  qui  n'est  peut-être  qu'une  va- 
riété, le  Pleurote  glanduleux  {Pleurotus  glandulosus 
Fr.),  se  distingue  de  ce  dernier,  en  ce  que  les  lamelles 
présentent,  çà  et  là  sur  leur  surface,  de  petites  houppes 
glanduleuses. 


—     20     — 
Arbres  languissants.  —  Automne,  hiver. 


Pleurote  en  coquille.  —  Pleurotus  ostreatus. 
—  Comestible  jeune.  — 


—     30     — 
Racines  du  chardon  Rolland.  —  Eté,  automne. 


Pleurote  de  l'Erynglum.  —  Pleurotus  Ervngii. 
—  Comestible  excellent.  — 


—     30     — 
Pleurote  de  rEryngium.  —  Pleurotus  Eryngii. 

Noms  vulffaires  :  Oreille  de  chardon,  Bêrigoide,  C,in;;oule,  Rinfjoule, 
Ragoule  ;  rlans  l'Ouest,  on  lui  donne  If  nom  (Wirgouane. 

Spores  blanches. 

^  Chapoaii  charnu,  d'abord  arrondi,  puis  convoxc  plan, 
ot  enfin  déprimé,  irrégulier,  à  bords  minces  enroulés, 
fauve  bistré  ou  roux  pâle.  Diamètre  5  à  6  centimètres. 

Feuillets  blancs  ou  blanchâtres,  peu  nombreux,  aigus 
aux  deux  extrémités,  descendant  longuement  sur  le 
pied. 

Pied  généralement  excentrique  s'amincissant  de  haut 
en  bas,  blanc. 

Chair  blanche,  d'odeur  agréable. 

Pousse  en  automne  sur  les  racines  mortes  de  VEryn- 
gium  campestre.  Cette  Ombellifère  piquante,  connue 
sous  le  nom  de  Chardon  Roland,  est  répandue  dans  les 
terrains  sablonneux  ou  le  long  des  chemins  verts.  Au 
bord  de  la  mer,  on  le  trouve  sur  V Eryngium  maritimiim. 
Cet  excellent  champignon  est  très  délicat  et  très  re- 
cherché, malheureusement  il  est  rare  dans  certaines 
localités;  il  semble  plus  abondant  au  bord  de  la  mer  et, 
sur  les  marchés  de  La  Rochelle  et  de  Nantes,  il  y  est 
vendu  en  grande  quantité.  En  raison  de  son  lieu  d'élec- 
tion et  de  l'impossibilité  absolue  de  le  confondre  avec 
aucune  autre  espèce,  il  semble  qu'il  y  aurait  lieu  de 
tenter  des  essais  de  culture  en  vue  de  propager  un  des 
meilleurs  champignons  que  nous  connaissions. 


—     31     — 
Russule  vert-de-gris.  —  Russula  virescens. 

Noms  vulgaires  :  Palomet,  Bise  vraie,  Palomhetie,  Verdette,  etc. 

Spores  })lanches. 

Voilà  certes  un  champignon  qui  ne  paie  pas  de  mine, 
et  qui  est  cependant  un  comestible  agréable. 

Son  chapeau,  d'abord  arrondi,  devient  plan  et  même 
un  peu  concave  au  centre.  Il  est  à  sa  surface  blanc, 
tacheté  ou  moucheté  de  vert-de-gris  souvent  crevassé 
ou  écailleux,  lisse  à  la  marge,  et  large  de  6  à  10  centi- 
mètres. 

Feuillets  blancs,  épais,  inégaux,  assez  serrés,  parfois 
ramifiés. 

Pied  blanc  plein,  épais,  ferme,  long  de  4  à  6  centi- 
mètres; à  la  fin  il  devient  spongieux. 

Chair  blanche,  cassante;  odeur  et  saveur  agréables. 

Pousse  en  été-automne  dans  les  bois.  Comestible; 
assez  recherché  dans  certaines  régions,  surtout  à  l'état 
jeune. 

Il  existe  quelques  russules  vertes  ou  le  devenant, 
qu'il  sera  bon  de  ne  pas  confondre  avec  notre  Verdette  ; 
elles  sont  le  plus  souvent  un  peu  visqueuses  et  non  cre- 
vassées ou  écailleuses. 


—     31     — 
Bois.  —  Eté,  automne. 


Russule  vert-de-gris.  —  Russula  virescens. 
—  Comestihle.  — 


—     32     — 
Bois  ombragés.  —  Eté,  automne. 


Russule  cyanoxanthe.  —  Russula  cyanoxantha. 

—  Comcst/bJc.  — 


—     32     — 
Russule  cyanoxanthe.  —  Russula  cyanoxantha. 

Nom  vulgaire  :   Charbonnier. 
Spores  blanches. 

II  est  peu  de  champignons  qui  aient  des  couleurs 
aussi  variables  que  celui-ci.  On  le  trouve  mélangé  de 
lilas,  de  pourpre  et  de  vert  olive;  sa  teinte  la  plus  habi- 
tuelle se  rapproche  de  celle  dite  gorge-de-pigeon  qui 
offre  des  nuances  si  variées;  parfois  il  se  décolore,  en 
devenant  pâle  ou  jaunâtre  au  centre  qui  est  ordinaire- 
ment ridé. 

Dans  son  jeune  âge  ce  champignon  est  arrondi,  puis 
plan  et  un  peu  enfoncé,  à  bords  minces,  un  peu  ondulés, 
et  légèrement  striés. 

Les  feuillets  sont  blancs,  inégaux,  assez  serrés,  sou- 
vent bifurques  près  du  pied. 

Pied  blanc  lisse,  généralement  droit,  un  peu  aminci  à 
la  base,  ferme,  d'abord  plein,  puis  un  peu  creux. 

Chair  blanche,  lilacée  sous  l'épiderme  du  chapeau, 
saveur  douce. 

Ce  champignon,  bien  que  très  variable  comme  cou- 
leur, se  reconnaît  assez  bien  à  son  aspect  élancé  et  à  ses 
couleurs  un  peu  sombres.  Il  est  d'ailleurs  assez  commun 
dans  les  bois  un  peu  ombragés,  depuis  le  commence- 
ment de  l'été  jusqu'à  l'automne. 

Le  Charbonnier  est  un  excellent  comestible  et  dans 
bien  des  endroits  on  le  consomme  avec  plaisir. 


—     33     — 
Russule  fétide.  —  Russula  fœtens. 


Spores  blanches. 


•  Chapeau  d'abord  globuleux  puis  plan  convexe,  avec 
le  centre  un  peu  enfoncé,  jaunâtre  ou  couleur  de  rouille, 
sale,  visqueux  en  temps  humide,  sillonné,  tuberculeux 
sur  les  bords,  diamètre  10  à  12  centimètres. 

Feuillets  blanchâtres,  peu  nombreux,  épais,  inégaux, 
souvent  bifurques  ou  ramifiés.  Pied  blanc,  gros,  aminci 
à  la  base,  d'abord  plein,  puis  creux  et  alors  fragile.  Chair 
blanche,  cassante,  d'odeur  désagréable  et  nauséeuse, 
saveur  acre. 

Ce  champignon  est  assez  fréquent  en  été-automne, 
dans  les  bois,  les  prés.  On  le  regarde  comme  malfaisant  ; 
déjà  son  aspect  peu  engageant  et  son  odeur  font  qu'on 
ne  le  récolte  pas. 

Une  espèce  voisine  est  la  Russule  chicotin  ou  Russula 
fellea  ;  il  a  quelque  ressemblance  avec  celui  dont  nous 
venons  de  parler,  mais  il  est  beaucoup  plus  petit;  il  est 
également  suspect.  Sa  saveur  acre  et  brûlante  le  feront 
rejeter  sans  hésitation. 


—     Xi 


Bois,  prés.  —  Été.  automne. 


Russule  fétide.  —  Russula  fœtens. 


—  Indigeste.  ■ — 


—     34    — 
Bois  herbus,  pâturages.  —  Toute  l'année. 


Marasme  faux-Mousseron.  —  Marasmius  oreades. 

—  Comestible.  — 


34     — 


Marasme   Faux-Mousseron.  —  Marasmius  oreades. 

Noms  vulgaires  :   Mousseron  godaille,  Mousseron  de  Dieppe, 
Mousseron  d'automne,   Mousseron  pied  dur. 

Spores  blanches. 

Champignon  très  peu  charnu,  tenace,  flexible,  crabord 
arrondi,  mamelonné,  puis  plan,  mais  présentant  pour- 
tant une  légère  proéminence  au  centre.  Il  est  i'auve 
roussâtre  plus  ou  moins  pâle,  glabre  et  légèrement 
strié  sur  le  bord  ;  diamètre  3  à  5  centimètres. 

Feuillets  très  peu  nombreux,  larges,  inégaux,  blan- 
châtres ou  jaune  fauve  pâle.  Pied  plein,  régulier,  cylin- 
drique, tenace,  de  la  couleur  du  chapeau  et  légèrement 
velu.  Chair  blanche  très  mince,  à  odeur  agréable  se 
développant  par  la  dessiccation. 

On  trouve  ce  champignon  toute  l'année  dans  les 
bois  herbus,  les  prairies,  les  pâturages,  le  long  des  che- 
mins verts,  souvent  en  cercle.  En  raison  de  sa  petite 
taille,  ce  champignon  est  surtout  employé  comme 
condiment  ;  il  offre  le  précieux  avantage  de  pouvoir  se 
sécher  et  de  se  conserver  facilement.  C'est  un  excellent 
comestible.  Le  nom  de  Faux- Mousseron  ne  doit  pas 
effrayer  ! 


CHAMPIGJJONS 


—     35     — 
Entolome  livide.  —  Entoloma  lividum. 

Nom  vulgaire  :  Le  Perfide. 
Spores  roses. 

Chapeau  convexe^  puis  plan,  lisse,  soyeux,  humide  au  tou- 
cher, fauve,  cendré,  pâle  ou  blanchâtre.  On  remarque  au 
centre  un  pointillé  formé  de  petites  écailles  noires;  les  bords 
sont  primitivement  recourbés  puis  inégalement  relevés  et 
ondulés;  diamètre  6  à  12  centimètres. 

Feuillets  nombreux,  larges,  crénelés  sur  la  tranche,  blancs 
jaunâtres  puis  roussâtres.  Pied  robuste,  plein,  renflé  et 
courbé  à  la  base,  blanc,  sillonné,  plus  long  que  le  diamètre  du 
chapeau.  Chair  blanche,  fragile,  à  odeur  de  farine,  saveur 
nauséeuse  à  la  fm.  Se  trouve  en  été-automne  dans  les  bois 
frais.  Ce  champignon,  qui  est  vénéneux,  ressemble  un  peu  au 
Clitocybe  nebularis  (pi.  19),  mais  il  s'en  distingue  aisément, 
car  il  a  les  feuillets  jaunes  puis  rougeâtres  et  non  blancs. 
L'Entoloma  sinuatum  est  une  espèce  voisine,  considérée 
comme  comestible  sous  les  noms  de  Jaunet,  Videau.  Il  n'a 
pas  comme  rEntoloraa  lividum  Todeur  de  farine. 

Citons  encore  l'Entoloma  clypeatum  ou  Entolome  en  bou- 
clier, considéré  comme  dangereux;  quoi  qu'on  en  puisse 
penser,  il  est  cependant  comestible  et  est  vendu  sur  le  mar- 
ché de  La  Rochelle  sous  le  nom  de  Mousseron  gris.  Nous 
l'avons  consommé  et  trouvé  excellent.  Il  se  distingue  de 
rEntoloma  lividum  par  sa  taille  plus  petite,  son  chapeau 
gris  brunâtre,  glabre,  peu  épais,  avec  le  centre  très  proémi- 
nent; d'abord  assez  réguher,  ses  bords  se  relèvent  par  la 
suite  et  souvent  ils  se  fendillent.  Chair  blanche,  mince,  sans 
odeur.  Feuillets  gris  rougeâtres,  émettant  des  spores  rose 
sale,  peu  serrés,  assez  larges.  Pied  blanchâtre  un  peu  renflé 
intérieurement,  assez  mince,  contourné  plein. 

Se  trouve  dans  les  bois,  les  champs,  les  prés,  du  prin- 
temps à  l'automne. 


—     35     — 
Bois  frais.  —  Eté,  automne. 


Entolome  livide.  —  Entoloma  lividum. 
—  Vénéneux.  — 


—     36     — 
Bois  frais.  —  Été.  automne. 


Clitopile  orcellé.  —  Clitopilus  orcella. 
■ —  CoDiesf/hle  (sent  la  farine).  — 


—     36     — 

Clitopile  orcellé.  —  Clitopilus  orcella. 

Nom  vulgaire  :  Le  Meunier. 
Spores  roses. 

Chapeau  d'abord  convexe  puis  plan  et  enfin  creusé 
en  entonnoir,  à  bords  minces  irrégulièrement  incisés 
et  recourbés.  Il  est  peu  charnu,  blanc,  gris  clair,  mou, 
visqueux  en  temps  humide,  large  de  4  à  10  centi- 
mètres. 

Feuillets  nombreux  blancs,  puis  légèrement  rou- 
geâtres,  descendant  longuement  sur  le  pied,  minces, 
étroits,  serrés.  Pied  blanc,  court,  souvent  excentrique, 
couvert  à  sa  base  d'un  cotonneux  blanc.  Chair  blan- 
che, molle  à  odeur  de  farine.  Se  trouve  en  été-automne 
dans  les  bois  frais.  Ce  champignon  est  comestible  et 
très  délicat. 

Une  espèce  voisine,  le  Clitopilus  prunulus,  vulgai- 
rement Mousseron,  se  distingue  de  Vorcella  en  ce  que 
son  chapeau  est  plus  épais,  non  visqueux.  Les  feuillets 
sont  peu  serrés,  le  pied  est  épais,  et  la  chair  cassante. 

Pousse  également  en  été-automne  dans  les  bois  un 
peu  ombragés  et  est  regardé  comme  l'un  des  meilleurs 
champignons  que  l'on  puisse  trouver. 

Ces  champignons  sont  tellement  fragiles  qu'il  faut 
prendre  les  plus  grandes  précautions  si  l'on  veut  les 
rapporter  entiers. 


—     37     — 

Cortinaire  violet.  —  Cortinarius  violaceus. 

Spores  couleur  de  rouille. 

Champignon  entièrement  violet  foncé  ou  pourpre 
violet,  d'abord  arrondi  puis  plan  mamelonné,  velu  ou 
un  peu  écailleux  à  sa  surface;  diamètre  6  à  10  cen- 
timètres. 

Feuillets  épais,  un  peu  de  la  couleur  du  chapeau,  et 
se  couvrant  à  la  fin  d'une  poussière  couleur  de  rouille, 
formée  par  les  spores. 

Pied  plein,  ferme,  fibreux,  renflé  à  la  base,  violet 
foncé  et  généralement  plus  long  que  le  diamètre  du 
chapeau,  auquel  il  est  réuni  par  un  voile  très  léger, 
appelé  cortine  ;  cette  cortine  est  filamenteuse-soyeuse, 
violacée,  très  visible  dans  le  champignon  jeune;  elle 
s'étire  quand  le  chapeau  s'ouvre  et  reste  alors  fixée, 
soit  au  bord  de  celui-ci,  soit  au  pied  ou  aux  deux. 
Chair  molle,  violacée,  ayant  une  odeur  assez  forte 
rappelant  celle  de  l'iode. 

Ce  champignon  pousse  en  automne  dans  les  bois  un 
peu  secs  parmi  les  feuilles  mortes  qu'il  réunit  par  des 
filaments  violets.  Comestible,  mais  peu  délicat. 

Le  genre  Cortinaire,  très  nombreux  en  espèces,  toutes 
caractérisées  par  leur  voile,  n'en  offre  que  peu  de 
comestibles,  au  moins  jusqu'à  présent,  mais  il  est  pro- 
bable que  leur  nombre  augmentera  à  mesure  qu'ils 
seront  mieux  connus.  On  ne  peut  bien  les  différencier 
qu'à  l'état  jeune,  ce  qui  en  complique  l'étude. 


n  y       — 

Bois  secs.  —  Hté,  automne. 


Gortinaire  violet.  —  Cortin.irius  viokiceus. 
—  Conii'stihJi',  peu  dclicaf.  — 


—     38     — 
Bois,  chemins  verts.  —  Eté,  automne. 


Paxille  enroulé.  —  Paxillus  involutus. 
—  Coiih'stihle  excellent  — 


nq        

Paxille  enroulé.         Paxillus  involutus. 
Spores  couleur  de  rouille. 

Chapeau  rharnii,  jaune  terreux  ou  l)rufi  plus  ou 
moins  foncé,  d'abord  convexe  puis  concave  au  centre; 
bords  enroulés,  cotonneux  dans  le  jeune  âge,  puis 
relevés  irrégulièrement  et  striés,  cannelés;  diamètre 
6  à  10  centimètres. 

Feuillets  nombreux,  aigus  aux  deux  extrémités, 
inégaux,  descendant  longuement  sur  le  pied,  de  la 
couleur  du  chapeau  ou  plus  pâles  et  se  tachant  de  brun 
lorsqu'on  les  froisse;  ils  se  séparent  facilement  du  cha- 
peau. Pied  plein,  ferme,  large  vers  le  haut,  s'amincis- 
sant  vers  la  base,  jaune  sale  ou  brunâtre. 

Chair  molle,  jaune  ou  ferrugineuse,  devenant  brune 
lorsqu'elle  est  froissée  :  odeur  peu  accentuée,  saveur 
douce,  légèrement  acidulée. 

Commun  dans  les  bois,  au  bord  des  fossés,  en  été- 
automne;  comestible  excellent.  La  chair  des  exem- 
plaires trop  avancés  est  molle  et  de  digestion  difficile. 

En  raison  de  sa  fréquence,  ce  champignon  mériterait 
d'être  plus  connu.  Son  aspect,  il  est  vrai,  est  peu  enga- 
geant, mais  il  est  facile  à  reconnaître,  suffisamment 
agréable  à  manger  et  n'offre  aucun  danger. 

Les  Paxilles  sont  peu  nombreux  en  espèces,  on  en 
compte  seulement  quatre  en  France,  dont  h  Paxille 
enroulé  seul  est  comestible. 


~     39     — 


Pratelle  champêtre.  —  Pratella  campestris. 

Noms   vulgaires   :    Champignon   de   couche,    des   prés,    du  fumier, 

Potiron,  etc. 

Spores  noires. 

Ce  champignon^  connu  de  tout  le  monde  et  cultivé  en 
grand  dans  les  caves  et  les  carrières  abandonnées,  est  l'objet 
d'un  commerce  important. 

Son  chapeau,  lorsqu'il  est  jeune,  est  charnu  globuleux, 
puis  pendant  longtemps  il  reste  convexe  et  ce  n'est  que  dans 
la  vieillesse  qu'il  devient  plan.  Il  est  blanc,  blanc-roussâtre 
ou  même  brunâtre,  lisse  ou  floconneux  écailleux,  large  de 
5  à  10  centimètres  et  se  pèle  facilement. 

Feuillets  nombreux  amincis  aux  extrémités,  d'abord  légè- 
rement carnés  puis  devenant  peu  à  peu  roses,  puis  brun 
purpurin  foncé  et  un  peu  humides.  Pied  cylindrique,  blan- 
châtre, ferme,  plein,  ayant  à  peu  près  la  longueur  du 
diamètre  du  chapeau,  et  muni  vers  son  milieu  d'un  anneau 
souvent  déchiré.  Chair  blanche,  prenant  une  légère  teinte 
rose  quand  on  la  brise;  odeur  et  saveur  agréables.  Ce  cham- 
pignon varie  beaucoup  de  couleur  et  d'aspect  :  on  le  trouve 
iDlanc,  jaunâtre  ou  brunâtre,  plus  ou  moins  foncé;  certains 
ont  la  peau  lisse,  d'autres  écailleuse.  Il  est  commun  dans  les 
jardins,  vignes,  champs,  friches,  etc.,  en  été  et  en  automne; 
souvent  il  pousse  par  groupe  de  plusieurs  individus. 

On  trouve  sous  les  sapins  une  espèce  voisine  de  la  nôtre,  le 
Pratella  hœmorrhoidaria  dont  la  chair,  normalement  blan- 
che, se  colore  immédiatement  d'un  rouge  sang  lorsqu'on 
la  brise. 

Citons  encore  comme  particulier  aux  dunes  de  l'Océan, 
et  vendu  sur  le  marché  de  La  Rochelle,  le  Pratella  Bernardii 
avec  chapeau  blanc-grisâtre,  très  épais,  compact,  cotonneux 
et  crevassé,  large  de  10  à  20  centimètres.  Feuillets  gris 
incarnat  puis  bruns.  Pied  blanc,  gros,  court  et  pointu,  muni 
d'un  anneau  blanc  strié  en  dessus.  Chair  blanche  devenant 
brunâtre  à  la  cassure.  Odeur  forte,  désagréable.  En  été- 
automne  dans  les  sables  qui  avoisinent  l'Océan.  Comestible, 
mais  peu  délicat. 


—     39     — 
Champs,  jardins,  prés  et  cultivé.  —  Été,  automne. 


Champignon  de  couche.  —  Pratella  campestris. 
—  Comestible.  — 


—     40     — 
Prés,  bois.  —  Eté,  automne. 


Pratelle  des  Jachères.  —  Pratella  arvensis. 
—  Comestible.  — 


—     40     — 
Pratelle  des  Jachères.  —  Pratella  arvensis. 


Noms  vulgaires  :   Boule  de  neige.   Paturon  blanc, 
le  Rosé,   Champignon  des  bruyères,  etc. 

Spores  noires. 

Ce  champignon,  à  l'encontro  du  Champignon  do 
couche,  est  dans  son  jeune  âge  un  peu  conique  et  ce 
n'est  que  plus  tard  qu'il  devient  en  cloche,  convexe 
puis  aplati.  Il  est  d'abord  blanc,  puis  blanc  sale  ou 
blanc  jaunâtre,  floconneux  farineux,  puis  lisse  ou  légè- 
rement fendillé;  diamètre  8  à  12  centimètres  et  plus. 

Feuillets  nombreux,  blanchâtres,  puis  rosés  et  enfin 
bruns  noirâtres.  Pied  épais,  robuste,  creux  ou  rempli 
d'une  sorte  de  moelle,  blanc  ou  blanc  sale,  épaissi  à 
la  base  et  long  de  8  à  10  centimètres.  Collier  double, 
très  large,  inséré  vers  le  haut  du  pied. 

Chair  épaisse  ne  changeant  pas  de  couleur  quand 
on  la  brise.  Odeur  et  saveur  moins  agréables  que  dans 
le  Champignon  de  couche.  Se  trouve  en  été-automne, 
principalement  dans  les  pâturages,  les  clairières  des 
bois  où  on  le  récolte  sous  le  nom  de  Boule  de  neige.  Ce 
champignon,  comestible  comme  le  Champignon  de 
couche,  acquiert  parfois  de  grandes  dimensions  et  un 
poids  considérable. 


—     41     — 

Pratelle  jaunissante.  —  Pratella  xanihoderma. 

Spores  noires. 

Sous  ce  nom,  nous  décrivons  une  espèce  voisine  de 
Pratella  arvensis,  que  l'on  rencontre  fréquemment 
en  automne  dans  les  mêmes  endroits  que  ce  dernier  et 
qui  n'en  est  peut-être  qu'une  variété. 

Chapeau  d'abord  arrondi,  puis  convexe  étalé,  lisse, 
très  blanc,  se  teintant  de  jaune  par  le  frottement; 
diamètre  8  à  10  centimètres. 

Feuillets  d'un  rose  pâle,  brunissant  plus  tard,  aigus 
au  sommet,  arrondis  à  la  base. 

Pied  blanc,  lisse,  long,  flexueux,  bulbeux  à  la  base, 
jaunissant  aussi  lorsqu'on  le  froisse,  d'abord  plein, 
puis  creux. 

Chair  blanche,  assez  épaisse,  non  changeante;  odeur 
assez  prononcée,  peu  agréable.  D'après  Génevier,  qui 
le  premier  a  décrit  l'espèce,  il  serait  prudent  d'être 
très  réservé  dans  l'emploi  de  ce  champignon,  qui  serait 
peu  agréable  au  goût  et  d'une  digestion  difficile. 
L'ayant  souvent  récolté  et  mangé  sans  aucun  inconvé- 
nient, nous  pensons,  contrairement  à  cet  avis,  qu'il  n'y 
a  aucun  danger  à  le  consommer. 

Les  pratelles,  sauf  cependant  le  champignon  cultivé, 
demandent  à  être  mangées  avec  modération,  comme 
du  reste  tous  les  champignons.  Bien  des  indispositions, 
même  assez  graves,  n'ont  pas  d'autre  cause  que  la 
trop  grande  quantité  de  champignons  ingérée  à  un 
seul  repas. 


—     41     — 
Prés,  pâturages.  —  Eté,  automne. 


Pratelle  jaunissante.  —  Pratella  xanthoderma. 
: —  ConiestibJe,  un  peu  in  diodes  te  — 


—     42     — 
Vieux  troncs.  —  Toute  l'année. 


Hypholome  fascicule.  —  Hvpholoma  tasciculare. 

—  Non  roiiii's/ihîe.  — 


—     42     — 

Hypholome  fascicule.  —  Hypholoma  fasciculare. 

Spores  noires. 

Ainsi  que  son  nom  l'indique,  ce  champignon  se  ren- 
contre toujours  en  groupe,  sur  les  souches  pourris- 
santes. Son  chapeau,  qui  mesure  de  3  à  6  centimètres, 
est  peu  charnu,  mince,  arrondi,  un  peu  mamelonné, 
glabre,  jaune-roux  ou  même  jaune  soufre,  plus  pâle  à 
la  circonférence. 

Feuillets  très  nombreux,  étroits,  inégaux,  jaunes, 
puis  jaunes  verdâtres  et  enfin  brunâtres,  un  peu  déli- 
quescents, c'est-à-dire  fondant  en  eau. 

Pied  jaune,  mince,  fibreux  flexueux,  plus  long  que 
le  diamètre  du  chapeau  et  couvert  de  filaments  plus 
foncés. 

Chair  très  mince,  jaunâtre,  amère. 

On  trouve  ce  champignon  à  peu  près  toute  l'année 
sur  les  vieux  troncs  où  il  forme  des  touffes  souvent 
très  volumineuses  de  10  à  30  individus  et  au  delà. 
On  le  regarde  comme  vénéneux;  il  est  vrai  que  son 
aspect  n'invite  guère  à  en  faire  usage. 

On  trouve  dans  les  mêmes  endroits  d'autres  cham- 
pignons du  même  genre  et  ne  paraissant  en  différer 
que  par  des  couleurs  plus  vives;  on  en  a  fait  des 
espèces,  mais  il  nous  semble  que  l'on  pourrait  sans 
inconvénient  les  rattacher  à  l'hypholome  fascicule. 


—     43     — 

Coprin   chevelu.  —  Coprinus  comatus. 

Spores  noires. 

Chapeau  peu  charnu,  d'abord  cylindrique,  puis 
ovoïde  et  enfin  étalé,  obtus.  L'épiderme  se  sépare  en 
mèches  nombreuses,  formant  des  sortes  d'écaillés  fila- 
menteuses, assez  régulièrement  disposées  ;  il  est  d'abord 
blanc  ou  blanc  sale  avec  le  sommet  jaune  terreux,  puis 
il  devient  rose  lilacé  et  enfin  noir. 

Les  feuillets  sont  nombreux,  minces,  mais  très 
larges,  d'abord  soudés  entre  eux,  blancs,  puis  rosés  et 
enfin  noirs;  alors  ils  se  fondent  en  un  liquide  noir  res- 
semblant à  de  l'encre.  Voir  à  ce  sujet  le  chapitre  IX. 

Pied  creux,  plus  long  que  le  diamètre  du  chapeau, 
aminci  au  sommet  et  un  peu  renflé  à  la  base  qui  se 
prolonge  sous  terre  par  une  sorte  de  longue  racine. 
Anneau  petit,  mobile  et  fugace. 

Pousse  principalement  en  automne  dans  les  prés, 
sur  le  bord  des  routes,  et  surtout  dans  les  terrains 
nouvellement  remblayés,  où  souvent  il  se  montre  en 
très  grande  abondance. 

Ce  champignon  est  très  délicat  à  manger,  mais  il 
faut  le  consommer  jeune  et  lorsqu'il  est  encore  tout 
blanc,  c'est-à-dire  deux  à  trois  heures  après  la  récolte. 
C'est  pour  cela  qu'on  ne  le  voit  jamais  sur  les  marchés. 

Le  Coprinus  o valus  ou  Coprin  ovale,  également 
comestible,  est  une  espèce  voisine  à  chapeau  renflé. 


—     43    — 
Prés,  jardins,  décombres.  —  Eté,  automne. 


Coprin  chevelu.  —  Coprinus  conialus. 
—  Comestible  jeune  ;  excellent.  — 


—     44     — 
Bois.  —  Été,  automne. 


Bolet  bronzé.  —  Boletus  iereus. 
—  Comestible  excellent.  — 


—     44     — 
Bolet   bronzé.  —  Boletus  aereus. 

Noms  viilc^aires  :   Cèpe  noir,    Tête  d^  nè<^rf.    Cendarmr  unir. 

Co  champignon  a  quoique  analogie  avec  le  Boletus 
edulis,  mais  il  s'en  distingue  aisément  à  sa  couleur 
plus  foncée  et  à  son  aspect  plus  trapu. 

Le  chapeau  est  épais,  compact,  ari^ondi,  puis  aplati, 
sec,  brun  olivacé  ou  noir,  à  reflets  bronzés;  diamètre 
8  à  12  centimètres. 

Tubes  blancs  ou  blancs  jaunâtres,  pores  petits  de 
même  couleur. 

Pied  robuste  à  peu  près  égal,  renflé  surtout  étant 
jeune,  long  de  6  à  10  centimètres,  gris  fauve  ou  un 
peu  brunâtre,  il  est  couvert  dans  sa  plus  grande  partie 
d'un  réseau  brunâtre  et  non  blanchâtre  comme  dans 
le  bolet  comestible. 

Chair  blanche,  ferme,  prenant  à  l'air  une  légère  teinte 
jaunâtre;  odeur  agréable.  Pousse  dans  les  bois,  surtout 
de  chênes,  en  été-automne. 

Il  est  moins  commun  que  le  cèpe  comestible,  mais 
plus  estimé. 

Tous  les  bolets  destinés  à  la  consommation  portent 
dans  le  public  le  nom  de  cèpes;  certains  auteurs  écri- 
vent même  ceps. 


—     45     — 
Cèpe  comestible.  —  Boletus  edulis. 

Noms  vulgaires   :   Cèpe,  Bruguet,  Potiron,    Gros  pied. 
Champignon  polonais. 

Chapeau  arrondi  étant  jeune,  puis  devenant  plus  ou 
moins  convexe  plan.  Sa  couleur  varie  beaucoup;  on 
le  trouve  jaune  grisâtre  ou  marron  plus  ou  moins 
foncé,  mais  le  plus  ordinairement  il  est  fauve  roux. 
Il  se  pèle  difficilement. 

Tubes  ne  touchant  presque  pas  au  pied,  d'abord 
blancs  et  couverts  comme  d'un  duvet  qui  empêche 
d'en  voir  les  orifices,  ensuite  jaunâtres,  puis  verdâtres, 
avec  des  orifices  petits,  réguliers  et  de  même  couleur. 

Pied  plein,  robuste,  obèse,  tantôt  court  et  bulbeux, 
surtout  dans  les  exemplaires  jeunes;  tantôt  allongé  et 
sensiblement  égal,  blanchâtre,  jaune  ou  fauve  clair, 
garni  dans  sa  partie  supérieure  d'un  élégant  réseau 
blanc. 

Chair  épaisse,  l)lanche,  ferme  dans  le  champignon 
jeune,  mais  devenant  molle  par  la  suite,  et  prenant 
souvent  une  teinte  vineuse  sous  l'épiderme.  Odeur  et 
saveur  agi'éables. 

Ce  champignon,  l'un  des  plus  connus  et  des  plus 
estimés,  se  trouve  en  été-automne  dans  presque  tous 
les  bois;  dans  le  Midi  il  apparaît  déjà  parfois  en  avril. 

Dans  les  environs  de  Paris,  on  peut  en  récolter  quel- 
ques-uns dans  le  mois  de  juin. 


—     45     — 
Taillis,  futaies.  —  Eté,  automne. 


Cèpe  comestible.  —  Boletus  edulis. 
—  Comestible  excellent.  — 


—      46     — 
Bois  mêlés.  —  Été,  automne. 


Bolet  rude.  - —  Boletus  scaber 
—  Conçut  ihli'.  — 


—     4G     — 
Bolet  rude.     -  Boletus  scaber. 

Noms  vulgaires  :   Jioussile,    Cyrule  ruuge,    Tcinoulo. 

Chapeau  hémisphérique,  glabre,  un  peu  visqueux  en 
temps  humide,  roux  orangé  ou  brun  noirâtre;  diamètre 
G  à  12  centimètres. 

Pores  petits,  arrondis,  blanchâtres  puis  grisâtres; 
tubes  ne  touchant  pas  au  pied,  convexes  près  de 
celui-ci.  Pied  beaucoup  plus  long  que  le  diamètre  du 
chapeau,  aminci  vers  le  haut,  blanc  grisâtre  et  parsemé 
d'un  grand  nombre  de  petites  écailles  noires  ou  brunes. 

Chair  blanche,  prenant  une  teinte  bleu-ardoisé  quand 
on  la  brise;  odeur  peu  accentuée,  saveur  douce  ou  fade, 
t  Ce  champignon  "v^arie  beaucoup  de  couleur;  on  le 
trouve  jaune,  orangé,  rouge  brique,  brun  plus  ou 
moins  foncé  et  même  blanc.  Pousse  en  été-automne 
dans  les  bois,  souvent  sous  les  bouleaux. 

Comestible,  mais  moins  délicat  que  le  Boletus 
edulis  ;  il  faut  le  consommer  lorsqu'il  est  encore 
jeune,  car  plus  tard  sa  chair  devient  molle. 


—     47     — 

Polypore  chicorée.  —  Polyporus  intybaceus. 

Réunion  de  chapeaux  très  nombreux,  dressés,  ayant 
un  peu  la  forme  de  spatules  incisées,  gris,  fauves  ou 
jaunâtre  clair,  larges  de  2  à  5  centimètres  et  formant 
un  ensemble  arrondi  assez  semblable  à  un  chou-fleur. 

Pores  blancs  ou  un  peu  brunâtres,  labyrinthiformes, 
surtout  vers  le  pied  et  le  bord  du  chapeau.  Pied  réunis 
en  un  tronc  généralement  court. 

Chair  blanche  ou  blanchâtre,  fibreuse,  ayant  une 
assez  forte  odeur  de  champignon. 

Ce  champignon  est  très  voisin  du  Polyporus  fron- 
dosus  {Polypore  en  bouquet,  Poule  de  bois),  dont  les 
chapeaux  très  nombreux,  brun  grisâtre,  larges  de  2  à 
5  centimètres,  sont  réunis  dans  un  seul  tronc.  Les  pores 
sont  également  blancs;  comme  lui  il  acquiert  souvent 
un  poids  considérable. 

Pousse  au  pied  des  chênes  en  automne;  assez  rare. 

Comestible,  mais  un  peu  coriace. 

Il  paraît  que  dans  certaines  régions  où  ces  cham- 
pignons né  sont  pas  très  rares,  on  les  apporte  sur  le 
marché  et  on  les  débite  par  portions. 


—     47     - 
Au  pied  des  arbres. 


Automne. 


Polypore  chicorée.  —  Polvporus  intvbaceus. 
—  Comestihle  jeune.  — 


—     48     — 
Surtout  sous  les  conifères.  —  Eté,  automne. 


Bolet  jaune.  —  Boletus  luteus. 
—  Coiiieslihlc,  peu  estime.  — 


48 


Bolet  jaune.        Boletus  luteus. 

Chapeau  jaune  fauve  plus  ou  moins  foncé,  convexe, 
puis  plan  avec  le  centre  un  peu  relevé.  Il  est  recouvert 
d'une  viscosité  brune  qui  disparait  par  la  suite.  Tubes 
jaunes  ayant  un  orifice  petit  de  même  couleur. 

Pied  blanc  jaunâtre,  pointillé  de  brun  au-dessus  du 
collier,  et  légèrement  teinté  de  violacé  brunâtre  au- 
dessous;  il  est,  à  sa  base,  couvert  d'un  cotonneux 
blanc.  C'est  une  des  rares  espèces  de  bolet  munie  d'un 
collier. 

Collier  mince,  blanc,  puis  brunâtre. 

Chair  molle,  blanchâtre  ou  jaunâtre,  saveur  amère. 

Pousse  en  automne,  surtout  dans  les  bois  de  coni- 
fères. 

Ce  champignon  est  comestible,  mais  peu  estimé;  on 
doit,  avant  d'en  faire  usage,  enlever  l'épiderme.  Il  se 
décompose  assez  rapidement. 


49     — 


Bolet  fauve.  —  Boletus  badius. 


Chapeau  convexe,  assez  souvent  irrégulier,  bai  fauve 
ou  un  peu  rougeâtre,  visqueux  en  temps  humide  et 
brillant  par  le  sec,  large  de  4  à  5  centimètres.  Pores 
anguleux  assez  grands,  d'abord  blancs,  puis  jaunes- 
verdâtres,  surtout  lorsqu'on  les  froisse.  Pied  ferme, 
cylindrique,  blanchâtre,  mais  couvert  d'une  pruinosité 
brune. 

Chair  blanche,  molle,  verdissant  ainsi  que  les  tubes 
quand  on  la  brise.  Odeur  et  saveur  insignifiantes. 

Pousse  en  été-automne,  dans  les  bois  surtout  de 
conifères. 

Ce  champignon,  qui  n'est  pas  très  commun  partout, 
est  comestible,  mais  de  qualité  médiocre;  dans  certains 
pays,  en  Allemagne  notamment,  où  il  est  commun,  on 
le  consomme  en  assez  grande  quantité. 

On  trouve  dans  les  mêmes  endroits  un  champignon 
qui  ressemble  assez  au  Boletus  badius,  mais  qui  en 
diffère  en  ce  que  ses  pores  sont  blancs,  puis  jaunâtres, 
et  qu'ils  donnent  lieu  à  des  spores  blanches  et  non 
ocracées  comme  dans  badius.  De  plus,  sa  chair  ne 
verdit  pas  ou  à  peine. 

On  lui  a  donné  le  nom  de  Bolet  marron  (Boletus 
castaneus);  il  est  également  comestible.  *'*^ 


—     49     — 
Surtout  sous  les  conifères.  —  Eté,  automne. 


Bolet  fauve.  — ■  Boletus  badius. 
■ —  Comestible.  — • 


—     50     — 
Bois.  —  Eté,  automne. 


Bolet  blême.  —  Boletus  luridus. 
—  Suspect.  — 


—     50     — 

Bolet   blême.  —  Boletus  luridus. 
Noms  vulgaires  :   Faux  cèpe.  Oignon  de  loup. 

Chapeau  convexe,  arrondi,  brun  olivacé,  ou  couleur 
de  rouille,  cotonneux,  sec,  mais  un  peu  visqueux  à  la 
fin,  ayant  souvent  plus  de  12  centimètres  de  diamètre. 

Tubes  longs,  plus  courts  près  du  pied  autour  duquel 
ils  forment  une  dépression,  jaunes  ou  jaunes-verdâtres; 
pores  petits,  arrondis,  rouges  orangés  ou  carmin  foncé. 

Pied  d'abord  gros,  court  et  ventru,  puis  allongé, 
aminci  à  la  base,  jaune  ou  rougeâtre,  et  muni  dans  sa 
partie  supérieure  d'un  beau  réseau  rouge. 

Chair  jaune  molle,  bleuissant  à  l'air,  odeur  désa- 
gréable, saveur  nulle. 

On  trouve  communément  ce  champignon  dans  les 
bois,  en  été-automne.  Bien  que  quelques  auteurs  le 
donnent  comme  comestible,  il  est  préférable  de  n'en 
point  faire  usage. 

On  trouve  quelquefois  dans  les  mêmes  endroits  que 
le  Bolet  blême,  une  espèce  voisine,  le  Bolet  Satan 
(Boletus  Satanas),  dont  le  chapeau  est  moins  foncé 
en  'couleur  et  souvent  blanchâtre  sur  les  bords.  De 
plus,  sa  chair  est  normalement  blanche  pour  devenir 
rougeâtre,  ou  bleu-violacé  lorsqu'on  la  brise. 

On  considère  à  juste  titre  le  Bolet  Satan  comme 
vénéneux. 


CHAMPIGNONS 


—     51     — 
Fistuline  hépatique.  —  Fistulina  hegatica. 

Noms  vulgaires  :  Langue  de  bœuf.  Foie  de  bœuf.  Glu  de  cMne. 

Masse  charnue^  épaisse,  succulente;  en  forme  de 
langue,  ou  semi-arrondie,  entière  ou  échancrée,  amincie 
sur  les  bords.  Ce  champignon  est  rouge  de  sang,  ou 
rouge-brun,  visqueux  à  la  face  supérieure,  et  couvert 
d'aspérités,  qui  unissent  par  disparaître.  Diamètre 
12  à  15  centimètres. 

Tubes  d'abord  blancs,  puis  d'un  jaune  pâle,  à  orifice 
frangé. 

Pied  généralement  court,  épais,  oblique,  de  la  cou- 
leur du  chapeau. 

Chair  rouge,  épaisse,  molle,  fibreuse  et  marbrée, 
laissant  écouler,  quand  le  champingon  est  jeune,  un 
suc  rougeâtre. 

Saveur  un  peu  acide. 

Pousse  en  été-automne  sur  les  arbres  languissants, 
les  vieilles  souches,  surtout  de  chêne. 

Comestible,  mais  de  digestion  difficile.  Quelques 
personnes  le  mangent  cru  ou  accommodé  en  salade. 


—     51     — 
Chênes  malades.  —  Eté,  automne. 


Fistuline  hépatique.  —  Fistulina  hepatica. 
■ —  Comestible  jeune  ;  indigeste  âgé.  ■ — 


—     52     — 
Grands  bois  ombragés.  —  Automne. 


Hydne  sinué.  —  Hydnum  repandum. 
—  Comestible  excellent.  — 


—     52 


Hydne  sinué.  —  Hydnum  repandum. 


Noms  vulgaires  :  Pied  de  mouton  blanc,  Barbe  de  vache, 

Erinace,  etc. 


Chapeau  compact,  charnu,  convexe,  irrégulièrement 
découpé,  jaune  chamois,  blanchâtre  ou  blanc  jaunâtre, 
nuancé  de  rose.  Diamètre  :  5  à  10  centimètres.  Il  porte 
à  sa  partie  inférieure  des  aiguillons  carnés  ou  bruns 
pâles,  très  fragiles,  serrés,  inégaux,  descendant  assez 
bas  sur  le  pied. 

Pied  plein  épais  se  continuant  avec  le  chapeau,  sou- 
vent excentrique,  de  même  couleur  ou  plus  clair. 

Chair  ferme,  cassante,  blanche,  de  saveur  un  peu 
amère,  odeur  nulle.  Se  trouve  en  automne  dans  les  bois 
couverts  où  il  forme  souvent  des  colonies  nombreuses. 

C'est  un  excellent  champignon,  rarement  piqué  par 
les  vers,  et  allant  très  tard  en  saison. 

On  trouve  dans  les  mêmes  endroits  une  espèce  voi- 
sine, VHydne  roiigeâtre  (Hydnum  rufescens),  qui  dif- 
fère de  la  précédente  par  sa  teinte  sensiblement  plus 
foncée  et  jaune  rougeâtre  ou  ochracée,  et  aussi  par  son 
aspect  plus  grêle. 

Pour  certains  mycologues,  VHydnum  rufescens  ne 
serait  qu'une  variété  de  VHydnum  repandum,  comes- 
tible au  même  titre  que  sa  congénère. 


—     53     — 
Clavaire  jaunâtre.  —  Clavaria  flava. 

Noms  vulgaires  :  Barbe  de  cJiêne,  Mainotie,  Pied  de  coq, 

TripetlCj  etc. 

Champignon  à  souche  charnue,  épaisse,  blanche, 
donnant  naissance  à  des  rameaux  très  nombreux, 
cyhndriques,  lisses  d'un  jaune  plus  ou  moins  intense. 
Chair  blanche  à  odeur  de  champignon;  saveur  agréa- 
ble; plante  fragile. 

Pousse  en  automne  dans  les  bois  un  peu  frais,  sur- 
tout au  voisinage  des  hêtres.  Ce  champignon  forme  des 
touffes  souvent  d'un  poids  assez  considérable.  Toutes 
les  espèces  de  clavaires  peuvent  être  regardées  comme 
comestibles,  quoique  certaines  soient  indigestes  et  un 
peu  acides. 

Deux  espèces  voisines  de  celle  dont  nous  venons  de 
parler,  sont  la  Clavaire  dorée  (Clavaria  aurea)  et  la 
Clavaire  élégante  (Clavaria  formosa). 

La  Clavaire  en  grappe  (Clavaria  botrytis)  se  distin- 
gue aisément  des  espèces  précédentes  par  ses  rameaux 
courts,  le  plus  souvent  rouge  carminé  au  sommet. 


53 


Bois  frais.  —  Été,  automne. 


Clavaire  jaunâtre.  —  Clavaria  flava. 
—  Comestible.  — - 


54 


Bois  frais. 


Été,  automne. 


Craterelle  corne  d'abondance.  —  Craterellus  cornucopioides. 

—  ConiesiihJe  excellent.  — 


—    n4    — 

Craterelle  corne  d'abondance. 

Craterellus  cornucopioides. 

Nom  vulgaire  :   Trompette  des  morts. 

Voilà  certes  un  champignon  dont  ]a  forme  est  bien 
caractéristique,  et  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
Corne  cV abondance. 

Figurez-vous  un  champignon  mince,  ayant  la  forme 
d'un  entonnoir  dont  les  bords  seraient  recourbés, 
ondulés  et  échancrés;  cet  entonnoir  se  prolonge  en  un 
tube  qui  s'amincit  graduellement.  Le  chapeau  est 
brun  enfumé,  ou  gris  noirâtre,  couvert  de  petites 
écailles.  L'hyménium  (Voir  chap.  XI)  est  cendré, 
rugueux,  et  marqué  de  rides  rameuses,  peu  saillantes. 

Pousse  en  été-automne  dans  les  bois  frais,  en  troupes 
souvent  nombreuses. 

Ce  champignon,  en  raison  de  son  abondance  et  de 
la  facilité  avec  laquelle  on  peut  le  conserver,  par  une 
simple  dessiccation,  mériterait  d'être  plus  employé. 

On  pourrait  l'appeler  la  truffe  du  pauçre  ;  il  a  un  peu 
l'aspect  de  cette  dernière  lorsqu'elle  est  coupée  en 
tranches  minces;  il  en  a  aussi  un  peu  la  saveur. 


—     55     — 

Vesse-loup  gigantesque.  — •  Lycoperdon  giganteum. 

Champignon  globuleux,  sphérique,  ayant  de  20  à 
40  centimètres  de  diamètre  et  n'adhérant  au  sol  que 
par  une  très  petite  racine;  il  est  blanc  ou  blanc  sale 
et  le  plus  souvent  satiné  lisse,  comme  de  la  peau  de 
gant,  quelquefois  son  épiderme  se  fendille  à  la  partie 
supérieure  de  manière  à  former  des  crevasses  plus  ou 
moins  régulières. 

Ce  champignon  a  communément  le  volume  de  la 
tête  d'un  enfant;  il  n'est  pas  rare  d'en  trouver  du  poids 
de  4  à  5  kilos.  Celui  que  représente  notre  planche 
avait  la  grosseur  d'une  très  forte  tête  d'homme  et 
pesait  4kg  900. 

On  le  trouve  en  automne  dans  les  friches,  les  pâtu- 
rages, et  même  dans  les  jardins.  Il  est  comestible  étant 
jeune  et  lorsque  la  chair  est  encore  blanche  et  ferme; 
plus  tard  il  devient  jaune,  puis  gris  et  se  fend  irrégu- 
lièrement, et  sa  chair,  de  blanche  qu'elle  était,  devient 
jaune  verdâtre,  puis  elle  se  transforme  en  une  poussière 
brune. 

Les  Lycoperdons  sont  assez  fréquents  dans  les  bois 
ou  les  prairies;  ils  ont  tous  la  forme  d'une  boule  se 
prolongeant  en  un  support  qui  adhère  au  sol. 

Nous  en  citerons,  pour  l'instant,  encore  deux  espèces, 
nous  réservant  d'y  revenir  plus  tard. 

Normalement,  tous  les  Lycoperdons  sont  comestibles, 
mais  peu  estimés. 


—     55     — 
Friches,   pâturages,   jardins.  —  Eté,  autcinine. 


Vesse-loup  gigantesque.  —  Lycoperdon  _a^i_s^anteuni. 
—  Conii'sf/hlc  jeune.  — 


nC)    — 


Bois,  friches,   pâturages.  —  Été,  automne. 


Vesse-loup  ciselée.  —  Lvcoperdon  ccelatum. 

Vesse-loup  perlée.  —  Lvcoperdon  gemmatum. 

—  Comeslihlcs  jeunes.  — 


—     56     — 
Vesse-Ioup  ciselée.  —  Lycoperdon  caBlatum. 

Figure  de  droite  de  la  planche.  —  Champignon  ovalo 
conique,  en  forme  de  poire,  ayant  de  10  à  12  centi- 
mètres de  hauteur,  rattaché  au  sol  par  une  racine  peu 
développée,  blanc,  puis  fauve  ou  légèrement  brunâtre, 
ordinairement  couvert  de  verrues  plus  ou  moins  poly- 
gonales qui  lui  donnent  un  aspect  ciselé.  Ces  verrues 
se  détachent  facilement. 

A  la  maturité,  ce  Lycoperdon  s'ouvre  au  sommet 
par  un  orifice  qui  laisse  échapper  les  spores.  La  chair, 
qui  est  d'abord  blanche  et  compacte,  devient  jaune 
verdâtre,  puis  brune,  pour  se  résoudre  en  poussière 
qui  s'échappe  à  la  moindre  pression. 

Pousse  en  automne  dans  les  friches,  les  pâturages. 
Comestible  étant  jeune  et  lorsque  la  chair  est  encore 
blanche. 


Vesse-loup   perlée.  —  Lycoperdon  gemmatum. 

Les  4  figures  de  gauche  et  du  milieu  de  la  planche. 
—  Champignon  ovale,  mamelonné,  se  continuant  en 
un  pied  un  peu  conique,  long  de  3  à  7  centimètres  et 
couvert  de  petites  éminences  droites  se  détachant  avec 
la  plus  grande  facilité. 

Commun  en  été,  automne,  dans  les  bois  et  les  friches. 
Comestible  dans  les  mêmes  conditions  que  le  précédent. 


57 


Pézize  en  coupe.  —  Peziza  acetabulum. 

Les  Pézizes  forment  une  importante  famille  du 
groupe  des  Discomycètes.  Elles  ont  toutes  plus  ou  moins 
la  forme  d'une  coupe,  munie  ou  non  d'un  pied.  C'est 
dans  l'intérieur  de  la  coupe  que  se  trouvent  les  spores, 
ces  minuscules  organes  de  reproduction  qui,  dans  les 
Agarics,  sont  placés  sur  les  feuillets  et,  chez  les  Bolets, 
dans  les  tubes. 

On  trouve  de  charmantes  Pézizes  un  peu  partout, 
sur  la  terre,  sur  le  bois  mort,  sur  les  feuilles  et  aux 
endroits  où  l'on  a  fait  du  charbon.  La  variété  de  leurs 
couleurs  est  surprenante  :  il  y  en  a  de  rouges,  de  jaunes, 
de  violettes,  de  bleues,  de  vertes,  etc.  Aucune  Pézize 
n'est  vénéneuse,  mais,  en  raison  de  leur  petite  taille, 
on  ne  fait  usage  que  de  quelques-unes  d'entre  elles. 

L'espèce  que  représente  notre  planche  a  la  forme 
d'une  coupe,  mince,  fragile,  grisâtre  ou  jaunâtre  exté- 
rieurement, brun  sombre  à  l'intérieur.  Largeur  :  3  à 
5  centimètres  ;  hauteur  :  5  à  8  centimètres.  Pied  court 
épais,  blanchâtre,  creux,  lacuneux,  marqué  de  côtes 
saillantes,  rameuses,  qui  se  prolongent  presque  jusqu'au 
sommet  de  la  coupe. 

Pousse  au  printemps,  à  terre,  dans  les  endroits  un 
peu  frais.  Comestible. 

Les  Pézizes,  tout  au  moins  les  grandes  espèces, 
jouissent  de  la  singulière  propriété  de  projeter  leurs 
spores  sous  la  forme  d'un  nuage  très  visible. 

Il  suffit  de  secouer  brusquement  le  champignon 
pour  observer  le  phénomène. 


—      57     — 
Bois  frais.  —  Printemps. 


Pézize  en  coupe.  —  Peziza  acetahulum. 
—  Comestible^  sans  (grande  saveur.  — 


—     58 


Bois  frais.  —  Priiitenip' 


Pézize  veinée.  —  Pcziza  venosa. 
—  Couu'stible.  — 


—    r,s    — 
Pézize  veinée.  —  Peziza  venosa. 

Nom  vulgaire  :  Oreille  de  chat. 

Champignon  en  forme  de  coupe,  d'abord  globuleux, 
puis  étalé,  souvent  fendu  sur  les  bords  qui  sont  irrégu- 
liers :  il  est  blanc  jaunâtre  extérieurement,  et  muni 
d'un  pied  court  marqué  de  quelques  côtes  qui  se  pro- 
longent un  peu  sur  le  champignon.  L'intérieur  de  la 
coupe  est  d'un  brun  plus  ou  moins  intense,  garni  de 
côtes  ou  veines  qui  lui  donnent  un  aspect  bosselé;  son 
diamètre  varie  de  3  à  6  centimètres  et  plus. 

Cette  espèce,  qui  n'est  pas  rare  au  printemps,  est 
fréquemment  consommée  sous  le  nom  à' Oreille  de  chat. 

Lorsqu'on  veut  manger  des  pézizes,  il  faut,  comme 
pour  les  autres  champignons,  leur  faire  subir  un  net- 
toyage; mais  ici  tout  se  borne  à  enlever  les  parties 
qui  pourraient  être  altérées,  la  base  du  champignon, 
ainsi  que  tout  corps  étranger  qui  pourrait  y  adhérer. 
En  tout  cas,  il  ne  peut  être  question  de  les  peler, 
comme  cela  a  lieu  pour  les  agarics,  les  bolets,  etc. 


—     59     — 
Morille  comestible.  —  Morchella  esculenta. 

Tout  le  monde  connaît  la  morille  ou  plutôt  les  mo- 
rilles, car  il  y  en  a  plusieurs  espèces,  toutes  comesti- 
bles; mais  celle  dont  nous  voulons  parler  est  à  coup 
sûr. la  plus  estimée.  Elle  est  douée  d'un  parfum  qu'on 
ne  saurait  trouver  dans  aucun  autre  champignon. 

La  Morille  comestible  est  de  deux  nuances;  il  y  a, 
comme  disent  les  marchands,  la  jaune  et  la  grise. 

La  jaune  est  généralement  plus  grosse,  arrondie,  de 
coloration  un  peu  bistrée;  les  alvéoles  (on  appelle 
ainsi  les  enfoncements  que  l'on  remarque  sur  la  partie 
globuleuse  du  champignon)  sont  grandes,  polygonales, 
irrégulières  et  disposées  sans  ordre. 

Les  semences  ou  spores  des  champignons  se  trouvent 
sur  le  bord  des  alvéoles.  Le  pied  de  la  Morille  est 
creux,  blanchâtre,  un  peu  cylindrique,  marqué  de 
sillons  plus  ou  moins  prononcés  et  couvert  à  sa  partie 
supérieure  d'une  sorte  de  poussière  écailleuse.  Sa  hau- 
teur est  toujours  moindre  que  celle  du  chapeau. 

Les  principales  variétés  de  la  Morille  comestible  sont: 

lo  La  Morille  ronde,  Morchella  esculenta  var.  ro- 
tunda,  dont  nous  venons  de  parler,  et  qui  est  repré- 
sentée à  gauche  dans  la  planche; 

2°  La  Morille  grise,  Morchella  esculenta,  var.  vul- 
garis,  figurée  à  droite,  qui  en  diffère  par  sa  forme  plus 
allongée,  moins  globuleuse,  sa  couleur  qui  est  grise,  plus 
ou  moins  teintée  de  fauve  et  non  de  jaune,  enfin  par  les 
alvéoles,  qui  sont  sensiblement  plus  petites,  irrégulières. 

Cette  variété  est  plus  précoce  que  la  première. 


—     59     — 
Bois,  friches.  —  Printemps. 


Morille  comestible.  —  Morchella  esculenta. 
—  Comestible  excellent.  — 


—     60     — 
Forêts,   surtout  de  conifères.  —  Printemps. 


Morille  élevée.  —  Morchella  elata. 

Morille  conique.  —  Morchella  conica. 

—  Comestibles.  — 


60 


Morille  conique.  —  Morchella  conica. 

Clinmpignon  de  taille  moyenne,  plutôt  petite,  mesu- 
rant de  5  à  10  centimètres  de  hauteur,  de  couleur  grise 
ou  fauve.  Alvéoles  moins  grandes  que  dans  la  Mnrill(^ 
comestible,  étroites,  quadrangulaires,  généralement 
disposées  en  séries  régulières  et  limitées  par  des  côtes 
épaisses. 

Pied  blanc  plus  court  que  la  hauteur  du  chapeau, 
égal,  couvert  de  petites  écailles. 

Ce  champignon,  bien  reconnaissable  à  sa  forme,  se 
trouve  dans  les  bois  de  conifères  aux  mêmes  époques 
que  les  autres  morilles,  c'est-à-dire  en  avril  et  mai  ;  il 
n'est  pas  très  commun  dans  les  environs  de  Paris. 


Morille  élevée.  —  Morchella  elata. 

Cette  espèce  de  morille,  qui  se  trouve  représentée  à 
gauche  de  la  planche  ci-contre,  n'est  pas  sans  analogie 
avec  la  Morille  conique.  Elle  est  cependant  un  peu 
plus  haute,  d'où  son  nom  de  Morille  élevée;  son  cha- 
peau est  fauve  olivacé  ou  grisâtre,  cylindrique,  un  peu 
rétréci  au  sommet,  qui  est  obtus  et  non  conique. 

Les  alvéoles  sont  également  disposées  en  séries  régu- 
lières et  séparées  par  des  côtes  transversales  moins 
saillantes. 

Pied  blanchâtre  ou  jaunâtre,  sensiblement  égal,  un 
peu  plus  court  que  le  chapeau,  sillonné  et  revêtu  de 
petites  granulations.  Pousse  également  sous  les  arbres 
verts,  mais  paraît  plus  rare  dans  la  plaine  que  dans  la 
montagne. 


—     01     — 
Morille  semi-libre.  —  Morchella  semi-libera. 

Nom  populaire  :  Morillon. 

Ce  champignon  diffère  totalement  d'aspect  des  diffé- 
rentes morilles  dont  nous  venons  de  parler,  et  l'on 
pourrait  le  caractériser  ainsi  :  petit  chapeau,  grand 

pied. 

Cette  Morille  a  environ  de  10  à  15  centimètres  de 
hauteur.  Le  chapeau  est  court,  conique,  pointu,  fauve 
brunâtre.  Côtes  longitudinales  réunies  par  des  veines, 
qui  forment  des  alvéoles  oblongues.  Pied  blanchâtre 
farineux,  creux,  d'abord  court,  puis  s'allongeant  beau- 
coup, et  attaché  au  milieu  du  chapeau,  d'où  son  nom 
de  Morille  à  moitié  libre. 

Commun  partout  en  avril-mai,  dans  les  bois  frais, 
surtout  au  voisinage  des  peupliers.  On  le  consomme 
sous  le  nom  de  Morillon,  à  l'instar  de  la  Morille;  mais 
il  est  bien  moins  délicat. 

Souvent  le  pied  creux  des  morilles  est  habité  par 
des  Perce-oreilles  ou  Forficules,  insectes  de  la  famille 
des  Orthoptères,  qui  fuient  la  lumière  et  sont  absolu- 
ment inoffensifs  pour  l'homme. 

Nous  conseillons  à  nos  lecteurs,  lorsqu'ils  voudront 
manger  le  Morillon,  de  ne  garder  que  le  chapeau  et  de 
rejeter  le  pied. 


01 


.j! 


Bois  frais.  —  Printemps- 


Morille  à  moitié  libre.  —  Morchella  semi-libera. 

- —  Coiiiestihh.  — 


—     62     — 
Bois  ombragés,  bord  des  routes.  —  Automne. 


Helvelle  lacuneuse.  —  Helvella  lacunosa. 
—  Comestible,  asse:^  agr cable.  — 


—     62     — 
Helvelle  lacuneuse.        Helvella  lacunosa. 

Noms  vulgaires  :  Oreille  de  Judas,  Mitre  d'évêque. 

Dans  les  Helvelles,  le  réceptacle  (chapeau)  est 
charnu,  mince,  lisse,  irrégulier,  sinueux,  offrant  quel- 
quefois la  forme  d'une  mitre  ou  d'une  cornette;  il  est 
couvert  extérieurement  par  les  spores. 

Le  pied  est  uni  ou  lacuneux,  creux  ou  rempli  d'une 
substance  cotonneuse.  Dans  l' Helvelle  lacuneuse,  le 
réceptacle  est  enflé,  formé  de  deux  à  quatre  divisions 
retombantes,  adhérentes  entre  elles,  cendrées,  noires, 
ou  noirâtres  au-dessus,  plus  ou  moins  claires  en  des- 
sous; pied  lacuneux,  blanc  ou  grisâtre. 

Pousse  en  été-automne,  dans  les  bois  ombragés,  le 
long  des  haies,  au  bord  des  routes,  et  comestible 
comme  toutes  les  Helvelles. 

Les  Helvelles,  de  même  que  les  Pézizes  et  les  Mo- 
rilles, font  partie  du  groupe  des  Discomycètes. 

Les  spores  sont  également  renfermées  au  nombre 
de  huit  dans  des  sacs  allongés  qui  viennent  s'ouvrir 
à  la  surface  du  réceptacle.  Comme  dans  les  Pézizes, 
on  peut  constater  le  petit  nuage  produit  par  la  sortie 
des  spores. 


—     63     — 
Helvelle  crépue.  —  Helvella  crispa. 

Nom  vulgaire  :   Oreille  de  chat  hlanclie. 

Les  Heh elles,  par  leur  forme  bizarre,  leur  pied  lacu- 
neux  sillonné  et  leur  chapeau  diversement  contourné, 
sont  un  sujet  d'étonnement  pour  celui  qui  les  trouve 
une  première  fois.  Par  leur  organisation,  elles  se  rap- 
prochent des  Morilles. 

Dans  V Helvelle  crépue,  le  réceptacle  est  enflé,  divisé, 
ondulé,  contourné;  les  lobes  sont  d'abord  attachés, 
puis  libres,  blanchâtres  ou  jaunâtres.  Pied  épais,  com- 
plètement rempli  de  lacunes  allongées,  plus  blanc  que 
le  réceptacle  et  haut  de  6  à  10  centimètres. 

Pousse  en  automne  et  en  hiver,  dans  les  bois,  les 
gazons,  le  long  des  fossés,  etc.;  comestible  comme 
toutes  les  Helvelles.  L' Helvelle  crépue  offre  plusieurs 
variétés  dans  lesquelles  la  teinte  du  réceptacle  varie 
du  blanc  jaunâtre  au  fauve  roussâtre. 

Les  Helvelles,  en  raison  de  leur  constitution  lacu- 
neuse,  demandent  à  être  examinées  avec  le  plus  grand 
soin  lorsque  l'on  veut  en  faire  usage  pour  la  cuisine; 
il  suffirait  d'un  peu  d'inattention  pour  être  exposé  à 
ingurgiter  quelque  bestiole  qui  se  serait  réfugiée  à 
l'intérieur  de  ses  cavités. 


—     63     — 
Bois  ombragés,  bord  des  routes.  —  Automne. 


f 


Helvelle  crépue.  —  Helvella  crispa. 
—  Comestible,  asse:(  agréable.  — 


—     64     — 
Midi  de  la  France  surtout.  —  Automne,  hiver. 


Truffe  à  spores  noires  ou  Truffe  du  Périgord. 

Tuber  melanosporum. 


—     64 


Truffe  à  spores   noires.  —  Tuber  melanosporum. 

Noms  vulgaires  :  Truffe  du  Périgord,  Truffe  des  gourmets. 
Truffe  violette,   Rabasse,  etc. 

Les  Trufîes  sont  des  champignons  si  connus  que 
nous  pourrions  aisément  nous  dispenser  d'en  faire  la 
description.  On  trouve  'dans  le  commerce  des  Truffes 
de  provenances  différentes,  mais  nous  parlerons  seu- 
lement de  la  Truffe  du  Périgord,  la  truffe  par  excel- 
lence, ainsi  appelée  parce  que  c'est  surtout  dans  cette 
ancienne  province  qu'on  la  récolte  en  abondance  pour 
l'expédier  dans  le  monde  entier. 

La  Truffe  du  Périgord,  comme  du  reste  toutes  les 
autres  espèces,  se  présente  à  nous  sous  la  forme  d'une 
masse  irrégulièrement  arrondie  d'un  noir  brunâtre,  de 
la  grosseur  d'une  noix  à  celle  d'une  orange,  mais  on 
en  trouve  également  de  plus  petites  comme  de  plus 
grosses.  La  surface  est  couverte  de  verrues,  appelées 
diamants,  à  six  côtés,  déprimées  au  sommet.  La  chair, 
d'abord  blanche,  passe  ensuite  au  jaune,  puis  au  brun 
de  plus  en  plus  foncé,  pour  devenir  noir  violacé  à  la 
maturité;  elle  est  marbrée  de  veines  blanches  devenant 
finalement' brun  rougeâtre.  La  coloration  de  la  chair 
provient  des  nombreuses  spores  noir  violacé  qu'elle 
renferme. 

La  Truffe  vient  presque  exclusivement  en  terrain 
calcaire,  de  préférence  en  sol  friable,  dans  les  clairières 
où  l'herbe  est  rare  ou  absente,  notamment  au  voisinage 
de  certains  chênes  appelés  chênes  truffiers  et  toujours 
sous  Iq  sol.  Nous  avons  figuré,  à  gauche  de  la  planche, 
un  rameau  de  l'espèce  principale  dans  le  rayon  de 
laquelle  se  plaît  la  Truffe  du  Périgord  :  c'est  le  Chêne 


—     65     — 

pubescent  ou  Qiierciis  puhescens.  Quoique  ce  soit  au 
voisinage  des  racines  de  cet  arbre  que  l'on  trouve  le 
plus  de  truffes  noires,  on  peut  fort  bien  en  trouver 
sous  d'autres  chênes. 

La  récolte  se  fait  principalement  de  décembre  à  fm 
mars  à  l'aide  de  porcs,  de  préférence  des  truies  dont 
l'odorat  serait  plus  fm;  moins  souvent  on  emploie  des 
chiens,  du  moins  en  Périgord.  Ces  animaux  ont  tous 
le  don  de  sentir  la  truffe  de  loin,  souvent  à  40  mètres 
et  au  delà.  Le  rabassier,  homme  récolteur  de  truffes, 
ayant  amplement  nourri  l'animal  avant  son  départ 
pour  la  chasse,  tient  celui-ci  retenu  par  une  corde  et  le 
suit  dans  ses  recherches  à  ras  du  sol.  Dès  que  le  porc 
enfonce  son  groin  en  terre,  il  lui  assène  un  coup  de  son 
bâton  ferré  pour  lui  faire  lâcher  prise  et  déterrer  à  sa 
place  le  précieux  tubercule.  La  récolte,  extrêmement 
variable,  peut  atteindre  jusqu'à  15  kilos  dans  une 
journée,  mais  c'est  exceptionnel. 

Le  renard,  le  loup,  le  cerf,  le  chevreuil,  l'écureuil  et 
tous_^]es_autres  rongeurs,  de  même  que  le  chat,  sont 
tout  aussi  friands  de  la  truffe  que  le  porc;  quantité 
d'insectes,  mouches  et  coléoptères  y  déposent  leurs 
œufs,  et  leurs  larves  s'en  nourrissent. 

La  Truffe,  quoi  qu'on  puisse  en  penser,  est  un  aliment 
non  seulement  facile  à  digérer,  mais  de  nature  à  faciliter 
la  digestion.  Du  moins,  feu  le  proTésseur  Chatin,  qui  a 
écrit  un  gros  livre  sur  son  compte,  l'affirme,  et  Brillât- 
Savarin  l'a  énoncé  avant  lui. 

Il  y  aurait  bien  des  choses  à  dire  encore,  mais  la 
place  est  limitée.  Ceux  qui  sont  curieux  d'en  savoir 
plus  long  n'ont  qu'à  consulter  l'ouvrage  de  Chatin,  qui 
leur  donnera  tous  les  détails  voulus. 


PARTIE  IT 


Généralités 


CHAMPIGNONS 


f.s    — 


CHAPITRE  I 

Qu'est-ce  qu'un  champignon?  Notions  générales 
sur  les  champignons. 

Le  mot  champignon  paraît  provenir  du  latin  Campus, 
qui  veut  dire  champ,  parce  que  les  champignons  crois- 
sent souvent  dans  les  champs.  Les  Latins  les  nom- 
maient Fiingi,  et  chez  les  Grecs  on  les  appelait  Myxetes, 
dont  on  a  fait  mycètes,  puis  mycologie,  qui  veut  dire 
science  des  champignons. 

Pendant  longtemps,  les  idées  les  plus  fausses  ont  eu 
cours  sur  les  champignons,  et,  de  tout  temps,  le  peuple, 
en  voyant  leur  apparition  rapide  à  certains  endroits,  a 
cru  qu'ils  provenaient  spontanément  des  corps  en 
décomposition,  sans  penser  que,  comme  les  autres  végé- 
taux, ils  produisaient  des  semences  destinées  à  leur 
propagation. 

Rien  n'est  plus  facile  que  d'en  donner  la  démons- 
tration. Prenons  un  champignon  quelconque,  le  cham- 
pignon de  couche  par  exemple,  que  tout  le  monde 
connaît,  plaçons-en  le  chapeau,  après  en  avoir  préala- 
blement coupé  le  pied,  sur  un  papier  blanc  :  nous 
verrons  au  bout  de  quelques  heures  notre  papier 
recouvert  d'une  couche  brune,  qui  n'est  autre  que  la 
réunion  d'un  nombre  considérable  de  graines  qui  se 
sont  détachées  du  champignon  en  question.  Ces  graines, 
mises  dans  des  conditions  convenables,  peuvent  germer 
et  produire  de  nombreux  filaments  blancs,  d'où  pourra 
sortir,  par  la  suite,  un  champignon  de  tous  points 


—     69     — 

identique  à  notre  champignon  de  couche.  Dans  tous 
les  champignons,  quels  qu'ils  soient,  on  retrouve,  à 
un  moment  donné,  ces  graines  destinées  à  propager 
l'espèce.  Ainsi  donc  les  champignons  rentrent  dans  la 
loi  commune,  ils  se  reproduisent  de  graines.  Indépen- 
damment du  mode  de  reproduction  par  graines,  qui 
est  général  pour  tous  les  champignons,  ces  végétaux 
peuvent  offrir  d'autres  modes  de  propagation,  dont 
nous  ne  parlerons  pas  pour  l'instant,  si  ce  n'est  pour 
rappeler  le  blanc  de  champignon,  seul  moyen  employé 
pour  se  procurer  rapidement  le  champignon  de  couche. 

Les  champignons,  avons-nous  dit,  s'offrent  à  nous 
sous  des  formes  si  multiples,  si  variées,  que  souvent 
on  a  de  la  peine  à  les  reconnaître  comme  tels,  et,  pour 
donner  une  idée  de  leur  nombre,  il  nous  suffira  de  dire 
que  la  seule  description  de  toutes  les  espèces  connues 
a  fourni  la  matière  de  nombreux  in-octavo. 

Dans  le  peuple,  on  donne  généralement  le  nom  de 
champignons  à  ceux  qui,  comme  les  champignons  de 
couche,  les  morilles,  les  bolets,  les  pezizes,  les 
truffes,  etc.,  se  présentent  à  nous  sous  des  formes  très 
apparentes  et  facilement  reconnaissables;  mais  il  faut 
étendre  cette  qualification  à  une  multitude  d'autres 
formes,  plus  curieuses  les  unes  que  les  autres,  et  dont 
l'organisation  merveilleusement  compliquée  étonne 
l'observateur  qui  cherche  à  l'entrevoir.  Cette  structure 
n'est  du  reste  visible  qu'à  un  fort  grossissement  et 
nécessite  l'emploi  du  microscope,  ce  qui  explique  qu'elle 
ne  soit  connue  que  d'un  fort  petit  nombre  de  personnes. 

Les  moisissures  qui  apparaissent  sur  nos  aliments  : 
confitures,  fromage,  pain,  etc.,  sont  des  champignons. 
Les  organismes  qui  attaquent  nos  végétaux  ou   qui 


—     70     — 

causent  certaines  de  nos  maladies  sont  également  des 
champignons.  Nous  pourrions  ajouter  aussi  que  les 
ferments  qui  président  dans  notre  corps  à  l'élaboration 
de  nos  aliments,  ceux  qui  interviennent  dans  la  fabri- 
cation du  vin,  du  cidre,  de  la  bière,  etc.,  en  sont  aussi. 

Comme  on  le  voit,  il  n'est  peut-être  pas  dans  le 
monde  végétal  un  groupe  qui  offre  autant  de  diversité 
de  formes  que  celui  des  champignons,  et,  même  à  notre 
époque,  les  savants  ne  sont  pas  d'accord  sur  ce  point, 
de  savoir  si  l'on  doit  faire  rentrer  certains  organismes, 
soit  dans  les  champignons  proprement  dits,  soit  dans  les 
algues,  soit  même  dans  les  animaux  inférieurs!  Ceci 
nous  amène  à  rechercher  ce  que  l'on  doit  entendre 
par  champignon. 

Ce  qui  caractérise  les  champignons  quels  qu'ils 
soient,  c'est  qu'ils  ne  renferment  pas  de  chlorophylle, 
cette  matière  verte  si  abondamment  répandue  dans 
toutes  les  autres  classes  des  végétaux.  C'est  là,  on  en 
conviendra,  un  caractère  d'une  extrême  importance 
et  facile  à  constater. 

L'absence  de  chlorophylle  chez  les  champignons 
implique  un  mode  de  nutrition  tout  à  fait  spécial;  on 
sait  en  effet  que  dans  les  végétaux  pourvus  de  chloro- 
phylle, l'acide  carbonique  contenu  dans  l'air  ou  dans 
l'eau  se  trouve  décomposé  par  la  chlorophylle,  et  le 
carbone  mis  en  liberté  est  assimilé  par  le  végétal,  pour 
servir  à  son  édification.  Dans  les  champignons,  au 
contraire,  il  est  absolument  nécessaire  que  ces  élé- 
ments hydrocarbonés  se  trouvent  tout  prêts  à  être 
absorbés,  et  c''est  dans  les  matières  organiques  en  dé- 
composition qu'ails  puisent  les  éléments  nécessaires  à  leur 
constitution. 


71 


Nos  lecteurs  trouveront  plus  loin,  chapitre  IV,  de 
plus  amples  renseignements  sur  ce  sujet. 


CHAPITRE  II 

Comment  se  forment  les  champignons. 
Organisation  et  développement. 

Poursuivant  nos  investigations,  nous  allons  constater 
que  les  champignons  comportent  le  plus  souvent  deux 
sortes  d'organes. 

Une  partie  plus  ou  moins  apparente  et  que  l'on  qua- 
lifie généralement  du  nom  de  champignon,  se  montrant 
au-dessus  du  sol,  plus  rarement  se  développant  sous 
terre  :  c'est  cette  partie  que  l'on  nomme  le  réceptacle 
(souvent  le  réceptacle  porte  plus  spécialement  le  nom 
de  chapeau);  sa  forme  est  excessivement  variable; 
quelquefois  elle  est  très  volumineuse,  comme  par  exem- 
ple dans  la  Vesse-Loup  géante  {Lycoperdon  giganteum, 
pi.  55),  qui  peut  avoir  1  mètre  et  plus  de  circonférence, 
tandis  que,  dans  d'autres  cas,  ses  dimensions  sont 
tellement  réduites,  qu'il  est  nécessaire  de  recourir  au 
microscope  pour  en  pouvoir  distinguer  la  forme. 

C'est  le  réceptacle  qui  porte  les  organes  de  repro- 
duction, c'est-à-dire  les  graines  (appelées  spores),  qui, 
placées  dans  des  conditions  favorables,  germent  et 
arrivent  plus  ou  moins  rapidement  à  reproduire  le 
champignon. 

Les  spores  de  même  que  les  réceptacles  offrent  une 
grande  diversité  de  forme  et  de  couleur;  leur  grosseur 
varie  aussi  énormément,  et  comme  ces  spores  ont  une 


—     72     — 

grande  fixité,  elles  offrent  d'excellents  caractères  pour 
la  classification. 

L'autre  partie  du  champignon  est  moins  visible  et 
moins  variée  que  celle  dont  nous  venons  de  parler,  c'est 
la  partie  végétative  du  champignon.  Dans  les  champi- 
gnons proprement  dits  :  agarics,  bolets,  morilles,  etc., 
on  lui  donne  généralement  le  nom  de  mycélium.  C'est 
cette  partie  que  l'on  nomme  blanc  de  champignon,  dans 
le  champignon  de  couche.  Le  mycélium  est  quelquefois 
très  développé,  comme  dans  les  agarics,  où  il  forme  de 
grandes  traînées,  souvent  blanches,  qui  s'étendent 
quelquefois  fort  loin.  Le  mycélium  peut  être  assimilé 
à  des  racines,  puisque  c'est  par  son  intermédiaire  que 
le  champignon  adhère  au  support  qui  le  nourrit.  C'est 
sur  ce  mycélium  que  se  développent  à  certains  endroits 
les  organes  fructifères,  c'est-à-dire  le  champignon  pro- 
prement dit.  Quelquefois  le  mycélium  est  très  réduit 
et  fort  difficile  à  distinguer  de  l'appareil  fructifère. 

Le  mycélium  se  présente  souvent  sous  la  forme  de  fila- 
ments très  fins  et  très  nombreux  enchevêtrés,  brillants, 
blancs  ou  d'une  autre  couleur  ;  mais  il  a  parfois  un  aspect 
tout  différent  :  tantôt  ce  sont  des  sortes  de  lanières 
noires,  coriaces,  d'une  grande  longueur  et  plus  ou  moins 
ramifiées,  que  l'on  appelait  autrefois  des  Rhizomorphes. 
Ces  lanières  se  trouvent  fréquemment  sous  l'écorce  des 
arbres  malades.  On  le  trouve  aussi  sous  la  forme  de  tu- 
bercules, plus  ou  moins  gros,  irréguliers,  noirs  extérieu- 
rement ;  on  a  donné  à  ce  genre  de  mycélium  le  nom  de 
sclérote.  L'ergot  de  seigle  notamment  est  un  sclérote. 

Le  mycélium  d'un  champignon  peut  n'avoir  qu'une 
durée  éphémère,  mais  le  plus  souvent  il  est  capable 
de  vivre  fort  longtemps. 


—     73     — 

Bien  des  personnes  ont  eu  certainement  l'occasion 
de  remarquer  que  certains  champignons,  surtout  parmi 
les  agarics,  avaient  une  tendance  à  pousser  en  cercle. 
On  trouve  parfois  de  ces  cercles  de  grandes  dimensions 
et  très  réguliers  ;  on  leur  a  donné,  dans  les  campagnes, 
le  nom  de  cercle  des  sorcières.  Cette  curieuse  disposi- 
tion est  due  à  ce  que  le  mycélium  a  un  développement 
centrifuge  :  nous  allons  expliquer  en  quelques  mots 
comment  les  choses  se  passent. 

Lorsqu'une  spore  germe,  elle  émet  tout  à  l'entour 
de  nombreux  filaments  très  fins  et  enchevêtrés.  Si  les 
conditions  de  végétation  restent  favorables,  la  surface 
couverte  par  les  filaments  issus  de  la  spore  augmente 
peu  à  peu  en  s'éloignant  à  peu  près  également  de  leur 
point  de  départ  qui  est  la  spore,  de  manière  à  former 
une  tache  circulaire. 

Dans  la  nature  tout  se  passe  ainsi,  au  moins  dès  le 
début,  mais,  par  la  suite,  il  arrive  presque  fatalement 
que  ce  développement  en  rond  parfait  se  trouve  entravé 
par  des  circonstances  quelconques  :  il  se  produit  alors 
des  lacunes  et  le  charme  de  la  régularité  cesse  d'exister. 

Mais  le  rôle  du  mycélium  ne  consiste  pas  simplement 
à  se  développer  indéfiniment,  et  il  doit  donner  des 
fruits,  c'est-à-dire  des  champignons,  tout  comme  un 
pommier,  un  poirier  doivent  donner  des  pommes  et 
des  poires,  ou  une  plante  quelconque  donner  des  graines. 

Or  donc,  à  un  moment  donné,  notre  mycélium,  issu 
d'une  spore,  donnera,  s'il  s'est  trouvé  dans  des  condi- 
tions favorables,  des  champignons  qui,  le  plus  souvent, 
viendront  se  montrer  à  la  surface  du  sol,  où  ils  jalonne- 
ront la  présence  du  mycélium  souterrain. 

La  première  fructification  se  trouvera  assez  rappru- 


—     7-i     — 

chée  du  centre  initial,  c'est-à-dire  de  la  spore,  et  comme 
dans  bien  des  cas,  par  suite  de  l'homogénéité  du  sol 
où  le  mycélium  s'est  développé,  cette  fructification  se 
produira  régulièrement,  nous  aurons  une  série  de 
champignons  disposés  circulairement. 

Pour  peu  que  ces  conditions  favorables  se  maintien- 
nent quelques  années,  nous  aurons  successivement  des 
cercles  de  plus  en  plus  grands. 

Comme  la  vie  acti\e  du  mycélium  se  porte  toujours 
aux  extrémités,  le  centre  ne  se  trouvant  plus  nourri 
suffisamment,  ne  tarde  pas  à  péricliter  et  à  mourir  : 
il  en  résulte  que  si  l'on  pouvait,  au  bout  d'un  certain 
temps  de  végétation,  mettre  à  nu  le  mycélium,  on  cons- 
taterait, avec  un  certain  étonnement,  qu'il  ne  comporte 
plus  qu'une  bande  circulaire  plus  ou  moins  large,  dont 
la  partie  la  plus  vivace  est  à  l'extérieur. 

Ainsi  donc,  les  parties  périphériques  seules  restent 
vivaces  et  produisent  les  champignons,  tandis  que  le 
centre  s'épuise  et  meurt.  On  comprend  sans  peine  que, 
chaque  année,  le  mycélium  s'éloigne  davantage  de  son 
centre  et  occupe  un  cercle  de  plus  grande  dimension. 
Il  nous  est  arrivé  de  trouver  des  cercles  de  Clitocybe 
nehularis  (pi.  19),  comprenant  plus  de  soixante  indi- 
vidus. Il  est  bon  d'ajouter  que  le  plus  souvent,  par 
suite  des  accidents  de  terrain,  ou  de  circonstances  peu 
favorables,  le  mycélium  ne  se  développe  pas  d'une 
façon  aussi  régulière. 

Les  champignons,  avons-nous  dit,  ne  poussent  pas 
aussi  rapidement  qu'on  serait  tenté  de  le  croire  et 
surtout  dans  l'espace  d'une  nuit,  comme  on  l'a  écrit. 
Le  jeune  champignon  demande  un  temps  relativement 
long,  plusieurs  jours  au  moins  pour  arriver  à  son  entier 


—     75     — 

développement,  et  encore  faut-il  que  les  conditions 
d'humidité  et  de  chaleur  soient  favorables.  Dans  la 
culture  du  champignon  de  couche,  ce  n'est  guère  que 
quarante  jours  après  la  confection  de  la  meule  que  les 
champignons  commencent  à  se  montrer,  et  la  récolte 
peut  durer  près  de  trois  mois.  (V.  art.  17  de  L'Ama- 
teur de  Champignons.) 

Tout  champignon,  ne  l'oublions  pas,  provient  d'une 
graine  ou  spore;  or  cette  spore  peut  germer  aussitôt 
mûre  et  reproduire  le  champignon  tout  aussi  rapide- 
ment, comme  dans  les  ferments,  les  moisissures,  etc., 
mais  cette  spore  —  et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent  — 
peut  conserver  son  pouvoir  germinatif  pendant  fort 
longtemps,  et  attendre  le  moment  propice  pour  germer 
et  continuer  le  cycle  de  son  développement. 

De  même  le  mycélium  peut,  lorsque  les  conditions 
de  végétation  ne  lui  sont  pas  favorables,  rester  plusieurs 
années  sans  fructifier.  A  l'appui  de  notre  dire,  nous 
pourrions  citer  le  Tricholoma  panœolum  que,  pendant 
bien  des  années,  nous  n'avions  pas  retrouvé  dans  un 
bois  fréquemment  visité  par  nous,  et  que  l'année  der- 
nière nous  avons  récolté  en  grande  quantité.  UOronge 
vraie  (pi.  1),  si  recherchée  des  amateurs,  est  quelquefois 
introuvable  certaines  années  ;  le  mycélium  existe  bien, 
mais  il  lui  est  impossible,  en  raison  du  manque  d'humi- 
dité ou  de  chaleur,  de  développer  son  champignon. 

Les  spores  ou  graines  sont  excessivement  variées  de 
grosseur,  de  forme  et  de  couleur;  elles  peuvent  être 
ovales,  c'est-à-dire  avoir  la  forme  d'un  œuf  plus  ou 
moins  allongé,  d'autres  fois  elles  sont  sphériques,  ou 
bien  elles  se  présentent  à  nous  comme  de  petits  bâton- 
nets, qui  peuvent  être  courts  ou  très  allongés,  réguliers 


—     76     — 

ou  irréguliers,  droits  ou  courbes;  elles  peuvent  aussi 
affecter  des  formes  géométriques  très  variées.  Les 
spores  peuvent  être  lisses  ou  diversement  ornées,  conti- 
nues ou  plus  ou  moins  divisées  à  leur  intérieur  par  des 
cloisons;  lem-  contenu  peut  être  homogène  ou  plus  ou 
moins  différencié.  La  couleur  des  spores  peut  être  nulle, 
on  dit  alors  qu'elles  sont  blanches,  d'autres  fois  elles 
sont  jaunes  plus  ou  moins  foncées,  roses  ou  rouges, 
ochracées,  couleur  de  rouille  ou  même  noires. 

Pour  se  rendre  compte  de  la  forme  et  de  l'organisa- 
tion des  spores  dans  les  champignons,  on  doit  faire 
usage  d'un  microscope  donnant  un  grossissement  assez 
fort.  Le  groupement  et  la  disposition  des  spores  dans 
les  champignons  ne  sont  pas  moins  caractéristiques; 
on  les  trouve  isolées,  ou  agglomérées  en  plus  ou  moins 
grand  nombre,  munies  ou  non  d'un  pied  (les  botanistes 
disent  :  pédicellées).  Tous  les  caractères  tirés  de  la 
spore  ont  été,  en  raison  de  leur  constance,  mis  à  profit 
dans  la  classification  des  champignons,  où  ils  rendent 
les  plus  grands  services. 

CHAPITRE  III 

Composition  chimique,   coloration  et  odeur 
des  champignons. 

La  composition  chimique  des  champignons  est  en 
général  plus  simple  que  celle  des  autres  végétaux.  A 
part  l'eau  qui,  dans  beaucoup  d'espèces,  entre  pour  une 
très  grande  part  (jusqu'à  90  pour  100),  on  trouve,  dans 
les  champignons,  de  la  cellulose  ou  un  principe  hydro- 
carboné s'en  rapprochant,  des  matières  gommeuses  et 


—     77     — 

sucrées,  des  matières  albuminoïdes  et  des  sels;  ajoutons 
aussi  des  matières  grasses  et  colorantes. 

Nous  pourrions  incidemment  faire  remarquer  que 
l'on  ne  trouve  pas  d'amidon  dans  les  cham.pignons.  On 
pouvait  à  priori  le  prévoir,  puisque  nous  avons  vu 
plus  haut  que  ces  végétaux  ne  renfermaient  point  de 
chlorophylle.  Or  comme  ces  deux  substances  s'accom- 
pagnent toujours,  il  ne  peut  y  avoir  d'amidon  puisqu'il 
n'y  a  pas  de  chlorophylle. 

Des  principes  sur  lesquels  nous  devons  nous  arrêter 
un  instant,  en  raison  de  leur  importance,  sont  les  prin- 
cipes toxiques.  Tout  le  monde  sait,  en  effet,  qu'il  y  a 
des  champignons  que  l'on  ne  peut  consommer  sans 
danger  de  mort  ou  de  malaise  ;  on  a  donné  à  ces  cham- 
pignons le  nom  de  champignons  vénéneux.  Les  ama- 
nites renferment  bon  nombre  d'espèces  vénéneuses  et 
toutes  celles  qui  sont  mortelles. 

Le  principe  toxique  contenu  dans  les  champignons 
est  encore  imparfaitement  connu,  et  paraît  différer 
suivant  l'espèce  de  champignon  dont  il  provient.  C'est 
ainsi  que,  suivant  certains  auteurs,  les  amanites  four- 
niraient de  Vamanitine;  d'autres  savants  verraient, 
dans  les  amanites,  deux  principes,  la  phalline  et  la  mus- 
carine.  Les  bolets,  eux,  renfermeraient  de  la  hulhosine. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  semble  avéré  que  le  principe 
toxique  des  champignons  est  soluble  dans  l'eau  bouil- 
lante, ou  même  dans  l'eau  salée  après  une  macération 
suffisamment  prolongée;  cela  explique  que  certaines 
personnes  aient  pu  consommer  sans  inconvénient  des 
champignons  éminemment  toxiques.  Il  est  bon  d'ajou- 
ter qu'avec  un  semblable  traitement,  le  champignon 
perd  la  plus  grande  partie  de  ses  qualités  gustatives, 


—     78     — 

et  ne  présente  plus  qu'un  aliment  insipide,  voire  même 
indigeste. 

On  trouve  dans  l'ergot  de  seigle  (qui  est  un  sclérote; 
voir  chap.  II)  un  principe  toxique,  Vergotine,  que  l'on 
utilise  avec  succès  dans  la  médecine. 

Les  champignons  sont  susceptibles  de  couleurs 
variées,  souvent  très  vives.  On  trouve  des  rouges  de 
toutes  nuances,  des  jaunes,  des  bruns  plus  ou  moins 
foncés;  le  violet  n'est  pas  rare,  tandis  que  la  couleur 
verte  est  peu  répandue.  Toutes  ces  teintes  sont  dues 
à  des  liquides  ou  à  des  substances  granuleuses  conte- 
nus dans  les  cellules.  Les  teintes  blanches,  qui  sont 
fréquentes,  proviennent  d'un  jeu  de  lumière  sur  une 
ou  plusieurs  couches  de  cellules  remplies  d'air.  Dans 
certains  champignons,  les  bolets  par  exemple,  la  chair 
change  de  couleur  lorsqu'on  la  brise  au  contact  de 
l'air  ;  il  y  a  là  probablement  un  phénomène  d'oxydation. 

Parmi  les  autres  propriétés  des  champignons,  nous 
pouvons  signaler  leur  odeur.  Tous,  plus  ou  moins,  il 
est  vrai,  en  ont  une  qui  leur  est  propre  :  c'est  l'odeur 
de  champignon.  A  part  celle-ci,  qui  se  retrouve  à  peu 
près  partout,  à  un  degré  plus  ou  moins  accentué,  on 
en  trouve  qui  sont  doués  d'une  odeur  tout  à  fait  spé- 
ciale, quelquefois  agréable,  mais  pouvant  être  aussi 
repoussante  :  il  y  en  a  qui  sentent  la  farine,  le  savon, 
l'ail,  etc. 

Indépendamment  de  l'odeur,  les  champignons  ont 
souvent  une  saveur  très  caractéristique;  ainsi  certains 
lactaires  sont  très  acres,  d'autres  ont  une  saveur  salée 
ou  poivrée. 

Quelques  champignons,  parmi  lesquels  nous  citerons 
le  pleurote   de  l'olivier  [Pleurotus  olearius),  jouissent 


—     79     — 

de  la  singulière  propriété  d'être  lumineux  dans  l'obscu- 
rité; d'après  des  recherches  récentes,  cette  phospho- 
rescence serait  due  à  des  bactéries. 

CHAPITRE  IV 
Du   rôle  des  champignons  dans  la  nature. 

Les  champignons  forment  parmi  les  végétaux  un 
groupe  très  important  qui  a  été  surtout  étudié  au  point 
de  vue  taxonomique  et  biologique.  Mais  si  l'on  connaît 
maintenant  la  description  des  nombreuses  espèces 
réparties  sur  les  continents,  si  pour  beaucoup  d'entre 
eux  on  a  pu  déterminer  les  conditions  de  leur  existence, 
il  semble  qu'on  a  quelque  peu  omis  de  mettre  en  lumière 
le  rôle  qui  leur  est  dévolu  dans  l'économie  de  la  nature. 

Le  public,  en  effet,  n'envisage  généralement  en 
toutes  choses  que  le  côté  purement  utilitaire,  et  si 
l'on  se  borne  à  apprécier  les  champignons  à  ce  point 
de  vue,  il  faut  bien  reconnaître  que  de  prime  abord 
ils  paraissent  d'une  importance  relativement  minime. 

Comme  aliments  ils  peuvent  être  consommés  en 
nature  au  même  titre  que  bien  d'autres  végétaux, 
mais  en  général  ils  ne  sont  pas  considérés  comme  des 
aliments  proprement  dits,  et  indispensables  à  notre 
existence.  Ce  sont  plutôt,  «  étant  bien  entendu  qu'il 
ne  s'agit  que  d'un  petit  nombre  d'espèces  prises  parmi 
les  champignons  supérieurs  »,  des  condiments  qui  satis- 
font plus  notre  palais  que  notre  estomac,  et  dont  on 
peut  se  passer  aisément.  Au  reste,  le  nombre  de  gens 
qui  consomment  des  champignons  est  infime  relati- 
vement au  chiffre  des  humains. 


—     80     — 

Indirectement,  ils  ont  une  utilité  plus  grande  dans 
certains  cas  où  ils  interviennent  en  dehors  de  nous, 
pour  provoquer  des  transformations  qui  sans  eux  no 
pourraient  se  produire. 

Dans  beaucoup  de  fermentations,  ce  sont  eux  qui 
sont  les  agents  des  modifications  chimiques  qu'ils 
effectuent  en  raison  d'une  force  catalytique  dont  l'ap- 
préciation nous  échappe.  Ainsi  la  transformation  des 
jus  sucrés  et  principalement  du  jus  de  raisin,  dans  la 
fabrication  du  vin,  en  est  un  exemple.  Sous  l'influence 
d'un  champignon,  qui  se  trouve  très  répandu  dans  la 
nature,  et  en  particulier  au  voisinage  des  grains  de 
raisin,  le  jus  sucré  qui  en  provient  sert  de  liquide 
nutritif  au  mycoderme  qui,  trouvant  là  tous  les  élé- 
ments utiles  à  sa  nutrition  et  à  sa  reproduction,  se 
multiplie  à  l'infini. 

Ce  ferment  a  la  propriété  de  dédoubler  le  sucre  de 
raisin  en  alcool  et  acide  carbonique.  Le  phénomène 
continue  à  se  produire  tant  qu'il  reste  du  sucre  non 
décomposé.  En  même  temps  que  se  produisent  ces 
réactions,  le  ferment  se  multiplie  considérablement  et 
finalement  le  liquide  restant  contient  peu  ou  pas  de 
sucre  et  une  certaine  quantité  d'alcool. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  pour  le  jus  de  raisin, 
nous  pourrions  le  répéter  pour  d'autres  liquides  orga- 
niques :  c'est  ainsi  que  la  fabrication  de  la  bière  est 
liée  à  la  présence  et  à  la  multiplication  d'un  champi- 
gnon intervenant  comme  ferment.  Si  les  champignons 
sont  parfois  utiles  à  l'humanité,  indispensables  même,  il 
arrive  souvent  qu'ils  sont  la  cause  de  fléaux  véritables. 
Tout  le  monde  sait  que  nos  plantes  cultivées,  et 
surtout  celles  qui  nous  sont  indispensables,  sont  sou- 


—     81     — 

vent  attaquées  et  détruites  par  ces  végétaux,  au  point 
de  constituer  parfois  un  véritable  désastre.  L'homme 
est  obligé  de  lutter  contre  ces  infiniment  petits,  et 
souvent  il  le  fait  sans  grand  résultat  :  heureusement 
que  ces  calamités,  après  avoir  pris  une  extension  consi- 
dérable, disparaissent  presque  complètement  pour 
reparaître  plus  tard  en  d'autres  lieux. 

A  quoi  est  due  cette  disparition  providentieMe,  on 
l'a  en  vain  cherché,  et  l'on  en  est  réduit  à  des  hypo- 
thèses. Peut-être  que  ces  germes  infimes,  qui  sont 
répandus  partout,  se  développent  en  grand  nombre, 
lorsque  les  conditions  ambiantes  leur  sont  favorables, 
de  même  qu'ils  sont  incapables  de  proliférer  si  les 
conditions  climatériques  leur  sont  contraires. 

Si  nous  considérons  les  champignons  au  point  de  vue 
de  leur  utilité  pratique,  nous  constaterons  que  leur  rôle 
est  assez  effacé,  au  moins  les  grandes  espèces.  Il  en  est 
autrement  pour  celles  d'organisation  très  simple,  et  si 
nous  avons  cité  tout  à  l'heure  leur  intervention  dans  la 
fabrication  du  vin  et  de  la  bière,  nous  pouvons  ajouter 
que  l'industrie  s'est  emparée  de  quelques-uns  d'entre 
eux  pour  en  faire  l'objet  d'un  commerce  important. 

On  fabrique  actuellement  des  quantités  considé- 
rables de  levures  qui  trouvent  leur  jmploi  dans  la  bou- 
langerie, la  pâtisserie,  etc.,  et  cette  fabrication  permet 
en  même  temps  de  recueillir  de  l'alcool  et  de  l'acide 
carbonique  qu'on  liquéfie  et  qui  lui  aussi  trouve  son 
emploi.  Les  matières  premières  que  l'on  met  en  jeu  sont 
principalement  le  maïs  et  le  blé,  c'est-à-dire  l'amidon. 

Dans  ces  réactions  il  est  facile  de  se  rendre  compte 
de  l'action  désorganisante  des  champignons,  qui,  si 
simples  qu'ils  soient,  désagrègent  avec  une  surprenante 


—     82     — 

rapidité  les  matières  amylacées  qui  constituent  la 
majeure  partie  des  matériaux  mis  en  présence. 

L'homme  tire  un  parti  direct  ou  non  de  ces  transfor- 
mations, soit  pour  sa  nourriture  comme  dans  la  fabri- 
cation du  pain,  soit  tout  autrement. 

En  médecine,  les  champignons  n'ont  qu'un  emploi 
assez  restreint  :  on  fabrique,  avec  certams  polypores, 
de  l'amadou  qui  sert  couramment  à  arrêter  les  petites 
hémorragies;  le  seigle  ergoté  ou  ses  dérivés  jouissent 
toujours  de  la  faveur  des  médecins.  Quant  au  polypore 
du  mélèze  dont  on  employait  la  poudre  pour  com- 
battre les  sueurs  des  phtisiques,  il  parait  avoir  perdu 
de  son  prestige. 

Si  les  champignons  ne  nous  sont  pas  d'an  grand 
secours  pour  gaérir  nos  maladies,  ils  sont  souvent  la 
cause  d'affections  graves,  tant  chez  l'homme  que  chez 
les  animaux  :  il  nous  suffira  de  citer  les  différentes 
teignes,  l'actinomycose,  le  muguet  dans  l'espèce  hu- 
maine; la  muscardine,  les  cordyceps,  etc.,  chez  les 
insectes;  nous  mentionnerons  aussi  les  levures  patho- 
gènes, les  mucors,  les  aspergillus,  etc. 

Les  végétaux,  que  Isqu'ils  soient,  sont  eux  aussi, 
comme  les  animaux,  exposés  aux  atteintes  de  ces  cryp- 
togames. Quand  ils  sont  vivants,  ils  peuvent  être  atta- 
qués par  des  espèces  parasites  qui  abrègent  plus  ou 
moins  la  durée  de  leur  exist.nce;  mais  c'est  surtout 
lorsqu'ils  ont  cessé  de  vivre,  qu'ils  deviennent  fatale- 
ment la  proie  d'une  multitude  d'espèces  qui  les  désor- 
ganisent plus  ou  moins  rapidement. 

Dans  cette  lutte  incessante  entre  la  matière  Ox'gani- 
que  et  ces  infiniment  petits  qui  cherchent  à  la  réduire 
en  ses  éléments,  il  s'établit  malgré  tout  un  certain 


—     83     — 

équilibre,  qui  est  dû  d'une  part  à  l'énergie  productrice 
de  la  nature  et  ensuite  à  l'action  désorganisante  des 
champignons  :  on  pourrait  dire  que  celle-ci  fait  de  la 
synthèse,  alors  que  les  autres  procèdent  par  analyse. 

Supposons  par  exemple  que  certains  organismes 
viennent  à  disparaître  ou  simplement  à  diminuer  sen- 
siblement, les  parasites  qui  vivaient  à  leur  détriment 
disparaîtront  également  en  partie  ou  en  totalité,  et 
alors  d'autres  espèces  trouvant  le  champ  libre,  en  pro- 
fiteront pour  s'accroître  dans  une  proportion  plus 
grande,  mais  alors  surviendront  d'autres  parasites 
qui  pulluleront  en  présence  de  matériaux  à  leur  conve- 
nance, et  qu'ils  s'empresseront  de  détruire  de  façon 
à  les  ramener  à  des  proportions  plus  en  rapport  avec 
l'harmonie  de  la  nature. 

Dans  cette  oeuvre  de  destruction  et  de  transforma- 
tions, les  bactéries,  appelées  improprement  microbes, 
aident  puissamment  les  champignons,  et  dans  certains 
cas,  elles  semblent  même  les  précéder  ou  accomplir 
seules  cette  disparition  nécessaire.  Nous  avons  vu  que 
les  champignons  se  trouvent  partout  et  en  nombre 
souvent  très  grand,  sinon  sous  la  forme  végétative,  tout 
au  moins  sous  celle  de  spores,  lesquelles  n'attendent 
qu'une  occasion  favorable  pour  entrer  en  végétation. 

Que  l'on  prenne  la  plus  petite  parcelle  de  poussière 
et  l'on  y  trouvera  des  germes  de  ces  micro-organismes  : 
l'air  lui-même  en  transporte  à  tout  instant  des  my- 
riades. Rien  donc  d'étonnant  à  ce  que,  à  un  moment 
donné,  et  sur  une  surface  quelconque  de  notre  globe, 
il  ne  se  développe  en  nombre  considérable  tout  ou 
partie  de  ces  germes  que  les  courants  ont  pu  apporter  ; 
et  comme  le  dit  le  docteur  F.  Plicque,  dès  qu'un  malade 


—     84     — 

devient  très  cachectique,  l'oïdium  de  la  bouche  apparaît 
presque  forcément,  ses  spores  étant  répandues  partout. 

Un  caractère  essentiel  et  spécial  à  tout  champignon 
qui  se  développe,  c'est  le  besoin  impérieux  de  détruire; 
c'est,  dans  toute  l'acception  du  mot,  le  quœreris  quem 
devoret  :  jamais  d'arrêt,  il  mange  continuellement, 
bien  plus,  il  dévore  :  plus  il  consomme,  plus  il  se  déve- 
loppe, et  plus  il  se  développe,  plus  il  consomme.  C'est 
un  travailleur  infatigable  qui  jamais  ne  chôme. 

Nous  avons  dit  que  les  champignons  sous  de  mul- 
tiples aspects  étaient  répandus  partout,  mais  ce  n'est 
que  sous  la  forme  végétative  qu'ils  sont  actifs.  La 
spore,  elle,  ne  peut  rien  si  ce  n'est  le  plus  souvent  se 
conserver  intacte  pendant  très  longtemps,  et  se  tenir 
prête  à  germer,  de  même  qu'un  bourgeon  peut,  dans 
les  plantes  supérieures,  rester  à  l'état  latent  pendant 
des  années,  si  les  circonstances  ne  lui  permettent  pas 
de  se  développer. 

Dès  que  la  spore  germe,  commence  son  rôle  destruc- 
teur, elle  émet  un  organe  particulier,  d'abord  simple 
prolongement  qui  ne  tarde  pas,  sous  l'influence  des 
éléments  nutritifs  qu'il  s'assimile,  à  s'allonger  considé- 
rablement, à  se  ramifier  de  mille  façons  et  souvent 
aussi  à  se  cloisonner. 

D'abord  d'une  structure  très  simple,  le  mycélium 
issu  de  la  spore  peut  prendre  des  aspects  et  des 
contextures  fort  différentes.  Tantôt  ce  sont  des  fila- 
ments blancs  ou  de  couleur  pâle,  libres  et  ramifiés  à 
l'infini;  tantôt  les  filaments  primordiaux  se  réunissent 
sous  la  forme  de  lanières  ou  de  cordons  de  teinte 
noirâtre,  ou  encore  de  nodules  plus  ou  moins  gros, 
auxquels  on  a  donné  le  nom  de  sclérotes. 


—     85     — 

Le  mycélium  se  développe  souvent  dans  le  sol  où  il 
trouve  en  abondance  les  éléments  organiques  et  miné- 
raux nécessaires  à  son  existence;  mais,  pour  certaines 
espèces,  il  envahit  également  les  plantes  ou  les  animaux, 
qu'ils  soient  vivants  ou  non.  En  un  mot,  il  s'attaque 
à  tous  corps  organisés  ou  simplement  organiques. 

Dans  tout  organisme  contaminé,  il  se  développe 
d'autant  plus  abondamment  que  les  tissus  attaqués 
lui  fournissent  en  plus  grande  quantité  les  éléments 
qui  lui  sont  nécessaires,  et  rapidement  ils  sont  dissociés, 
désagrégés  et  réduits  en  leurs  particules  les  plus  sim- 
ples, qui  en  tout  ou  partie  se  prêteront  à  de  nouveaux 
groupements. 

Nous  avons  tous  les  jours  dans  la  nature  des  exem- 
ples de  ces  phénomènes  en  considérant  les  végétaux 
ou  les  débris  d'origine  animale  qui  subissent  ce  que 
nous  appelons  vulgairement  la  pourriture. 

Pour  prouver  que  leur  destruction  est  bien  due  aux 
champignons,  et  aussi,  comme  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  aux  bactéries,  il  suffit  de  les  soustraire  à  l'action 
directe  de  ces  derniers,  et  alors  ils  se  conservent  indé- 
finiment. Pasteur  a  depuis  longtemps  démontré  que 
les  liquides  les  plus  altérables,  les  corps  les  plus  sujets 
à  se  putréfier,  se  conservent  très  bien,  si  on  les  prive 
des  germes  qu'ils  contenaient  par  une  température 
suffisamment  élevée. 

Par  contre,  si  dans  ces  mêmes  liquides  on  introduit 
à  nouveau  des  germes  provenant  de  l'air  ou  d'ailleurs, 
ils  ne  tardent  pas  à  s'altérer. 

Il  existe  de  ces  micro-organismes  d'une  simplicité 
telle,  qu'ils  sont  réduits  à  une  seule  cellule  :  là,  pas  de 
mycélium  proprement  dit,  mais  seulement  une  spore, 


—     «G     — 

qui,  si  elle  se  trouve  dans  des  conditions  favorables, 
se  multiplie  avec  une  étonnante  rapidité,  comme  nous 
l'avons  vu  pour  les  levures,  mais  toujours  en  décom- 
posant les  matériaux  organiques  avec  lesquels  elle  se 
trouve  en  contact. 

La  nature  étant  sans  cesse  en  voie  de  production 
animale  ou  végétale,  la  surface  de  la  terre  ne  tarderait 
pas  à  être  encombrée  au  point  que  tous  les  êtres  créés 
uniraient  par  ne  plus  pouvoir  y  trouver  place.  Il  y  a 
bien  un  correctif  à  cette  production  sans  cesse  renais- 
sante de  corps  organisés;  puisque  tout  ce  qui  naît  doit, 
après  un  certain  laps  de  temps,  cesser  de  vivre  :  mais 
il  ne  suffît  pas  qu'un  organisme  vienne  à  mourir  pour 
qu'il  cesse  d'être  encombrant;  car  lui  mort,  il  ne  s'en 
suit  pas  qu'il  se  résolve  en  ses  éléments  constitutifs,  et 
s'il  ne  fallait  compter  que  sur  les  agents  atmosphéri- 
ques pour  hâter  leur  décomposition,  et  par  suite  leur 
disparition,  il  faudrait  un  temps  fort  long. 

N'a-t-on  pas  trouvé  au  fond  des  lacs,  des  tissus,  des 
baies,  des  fruits,  etc.,  qui  y  séjournaient  depuis  des 
milliers  d'années  et  qui  étaient  en  parfait  état  de 
conservation  :  et  ce  chêne  qui  a  été  retiré  presque  entier 
du  Rhône  après  un  séjour  fort  long. 

On  sait  fort  bien  maintenant  que  si  les  végétaux  ou 
les  débris  animaux  se  détruisent  avec  une  très  grande 
rapidité,  cela  est  dû  pour  une  part  importante  à  la 
présence  des  champignons,  aidés  évidemment  par  des 
conditions  de  chaleur  et  d'humidité,  sans  lesquelles 
dans  bien  des  cas  ils  cesseraient  d'être  actifs. 

Quelquefois  ce  rôle  paraît  dévolu  à  un  petit  nombre 
d'individus,  voire  même  à  un  seul,  bien  visible  à  un 
moment  donné  :  mais  il  est  rare  que  seul  il  puisse  mener 


—     87     — 

à  bien  son  œuvre;  il  travaille  pour  son  compte,  mais 
aussi  il  prépare  le  terrain  pour  d'autres  qui  parachève- 
ront le  travail  déjà  fort  avancé. 

Il  nous  souvient  d'avoir  visité  une  partie  de  la  forêt 
de  Compiègne  toute  peuplée  de  hêtres  d'un  âge  respec- 
tablC;  et  qui  par  suite  se  trouvaient  moins  résistants 
à  l'envahissement  des  parasites.  Le  moindre  accident 
mettait  à  nu  l'une  quelconque  de  leurs  parties,  par 
laquelle  se  glissait  l'intrus,  qui,  une  fois  dans  la  place, 
ne  tardait  pas  à  s'infiltrer  dans  les  tissus  de  ces  géants, 
et  à  les  dévorer,  c'est  le  cas  de  dire  tout  vivants. 

La  présence  du  coupable  se  révélait  à  l'extérieur  par 
les  parties  fructifères  qui  venaient  s'y  épanouir  sous 
la  forme  de  polypores.  Il  n'était  pas  rare  de  voir  sur 
un  seul  arbre  six  à  huit  chapeaux  de  grande  dimension. 
Un  arbre  ainsi  infesté  est  un  arbre  condamné  ;  son  bois 
perd  toute  cohésion,  le  moindre  coup  de  vent  suffit  à 
le  renverser,  et  peu  à  peu  il  se  désagrège  sur  place, 
péné+ré  qu'il  est  dans  toutes  ses  parties  par  le  mycé- 
lium du  parasite. 

Il  est  des  bois,  le  chêne  par  exemple,  qui  offrent  à 
l'envahissement  des  champignons  une  résistance  plus 
grande,  mais  s'il  faut  plus  de  temps  pour  les  détruire, 
le  résultat  n'en  est  pas  moins  le  même. 

S'agit-il  d'un  tissu  animal,  les  choses  ne  se  passent 
pas  autrement,  et  si  les  parasites  qui  s'y  implantent 
sont  de  nature  différente,  s'ils  sont  aidés  par  d'autres 
organismes  au  nombre  desquels  se  trouvent  les  bac- 
téries, ils  arrivent  au  même  but,  à  cela  près  cependant 
que  leur  action  est  plus  rapide,  car  ces  tissus  étant 
ordinairement  moins  cohérents  que  ceux  des  végétaux. 
la  pénétration  y  est  beaucoup  plus  facile. 


—     88     — 

Les  idées  que  nous  venons  d'exposer  sont  sans  doute 
venues  à  l'esprit  de  nombreux  naturalistes,  mais  nous 
ne  croyons  pas  qu'ils  y  aient  attaché  toute  l'importance 
qu'elles  méritent. 

Les  frères  Tulasne  dont  on  connaît  les  admirables 
travaux  sur  les  champignons,  et  qui  s'en  sont  occupés 
aussi  bien  au  point  de  vue  philosophique  que  taxono- 
mique,  s'expriment  ainsi  : 

«  Dès  qu'un  végétal  quelconque,  herbe,  fruit,  arbre, 
voire  même  une  minime  partie  de  l'un  d'eux  cesse  de 
vivre,  il  reçoit  tout  aussitôt  comme  hôtes  des  cham- 
pignons dont  les  légions  se  succèdent  les  unes  aux 
autres,  croissent  et  multiplient  d'autant  plus  abondam- 
ment, que  cet  organisme  lui-même  est  détruit  plus 
rapidement  et  consommé  par  la  putréfaction,  jusqu'à 
ce  qu'il  soit  complètement  épuisé  et  converti  en  humus 
d'où  naîtra  ensuite  une  végétation  de  plantes  plus 
élevées  en  organisation. 

«  En  cela  les  champignons  sont'  aidés  surtout  par 
l'air,  la  pluie,  la  chaleur  et  d'autres  éléments  tant  phy- 
siques que  chimiques,  sous  l'influence  desquels  les 
corps  organiques  morts  se  désagrègent  peu  à  peu  et 
se  détruisent. 

«  Pour  ce  qui  regarde  les  champignons  parasites 
dans  les  corps  vivants  des  animaux  ou  des  végétaux, 
ils  remplissent  la  même  fonction  que  pour  les  orga- 
nismes morts,  et  ils  le  font  avec  une  hâte  plus  grande.  » 

Puis,  un  peu  plus  loin  : 

«  Quel  que  soit  l'état  de  nos  connaissances  sur  les. 
fonctions  des  champignons  dans  l'économie  de  la 
nature,  tout  démontre  que  leur  grand  nombre  est 
sensiblement  égal  en  tous  lieux,  ainsi  que  leur  utilité.  » 


—     89     — 

Pas  plus  dans  les  passages  que  nous  venons  de  citer, 
que  dans  les  autres  parties  de  leur  Carpologia,  les  frères 
Tulasne  ne  nous  semblent  indiquer  le  rôle  important  et 
modérateur  qu'ils  jouent  dans  les  productions  de  la 
nature,  et  cependant. n'est-il  pas  clairement  indiqué  à 
nos  yeux  dans  les  cultures  que  l'homme  entreprend? 

Il  est  de  notoriété  que  les  maladies  se  déclarent  de 
préférence  dans  les  agglomérations,  qu'elles  soient 
animales  ou  végétales.  Il  semble  qu'une  force  invin- 
cible pousse  ces  organismes  infimes  à  réduire  des  collec- 
ti\"ités  trop  nombreuses,  en  vertu  de  ce  que  l'on  pour- 
rait appeler  la  loi  de  Véquilihre. 

Etant  donné  la  diversité  des  corps  organisés  qui 
existent  sur  notre  globe,  et  la  nécessité  qu'il  y  a  de  les 
voir  se  résoudre  en  leurs  éléments,  afin  qu'ils  puissent 
être  remplacés  par  d'autres,  on  comprend  que  les 
champignons  doivent  être  excessivement  variés,  non 
seulement  de  formes  mais  aussi  d'exigences  biologiques. 
En  effet,  s'il  n'existait  que  quelques  types  ayant  à 
peu  près  les  mêmes  besoins,  bien  des  organismes  pour- 
raient échapper  à  leur  action  dissolvante,  et  leur  dis- 
parition ne  serait  nullement  assurée,  ce  qui  est  contraire 
aux  lois  de  la  nature. 

Cette  manière  de  voir  se  trouve  confirmée  par  l'étude 
biologique  des  champignons  :  il  n'est  pas  besoin  d'être 
très  versé  en  mycologie  pour  savoir  combien  ils  offrent 
de  diversité  et  combien  sont  variées  leurs  exigences. 
Telle  espèce  par  exemple  ne  pourra  accomplir  sa  pé- 
riode végétative  que  sur  un  sujet  déterminé  :  Quelque- 
fois même  une  partie  seulement  de  son  développement 
devra  s'effectuer  sur  tel  support,  alors  qu'il  lui  sera  né- 
cessaire de  trouver  un  autre  habitat  pour  achever  le 


—     90     — 

cycle  normal  de  son  évolution.  On  pourrait  presque  dire 
que  chaque  organisme  végétal  ou  animal  a  son  parasite. 

Pour  que  ces  végétaux  puissent  remplir  leur  rôle  dans 
l'économie  de  la  nature,  il  leur  faut  répondre  à  deux 
conditions  :  la  première  comporte  la  germination  de  la 
spore,  qui  donnera  naissance  au  mycélium  qui  en  est  la 
partie  importante  :  la  deuxième  condition  à  réaliser  est 
que  ce  mycélium  trouve  dans  son  voisinage,  les  élé- 
ments nutritifs  dont  il  a  besoin  pour  se  développer 
suffisamment  et  donner  à  son  tour  la  spore. 

Il  arrive  souvent  que  l'une  de  ces  deux  conditions,  ou 
même  toutes  les  deux,  ne  se  trouvent  pas  remplies,  et 
alors  le  champignon  finirait  par  disparaître  si  la  nature 
prévoyante  n'avait  accordé  à  ces  végétaux  de  nom- 
breux modes  de  propagation  accessoires.  En  outre,  en 
vertu  d'une  loi  qui  trouve  aussi  son  application  dans 
d'autres  branches  de  l'histoire  naturelle,  elle  a  multiplié 
les  spores  en  raison  de  leur  chance  de  destruction  ou 
de  non-germination. 

Il  n'est  pas  difficile  en  effet  de  constater  que  les  cham- 
pignons produisent  des  spores  en  quantités  innom- 
brables, mais  combien  peu  arrivent  à  reproduire  l'es- 
pèce !  De  plus,  comme  nous  le  disions  plus  haut,  des 
organes  accessoires  tels  que  les  conidies,  les  spermaties, 
etc.,  sont  susceptibles  eux  aussi,  dans  certaines  condi- 
tions, de  propager  le  végétal. 

Quant  au  mycélium  proprement  dit,  il  offre  un  des 
modes  les  plus  simples  de  propagation,  puisqu'il  suffit 
d'une  très  faible  pai^tie  de  sa  substance  pour  assurer  la 
pérennité  de  l'espèce  :  de  plus,  il  jouit  le  plus  souvent  de 
la  propriété  de  se  conserver  longtemps,  et  d'attendre 
patiemment  le  moment  propice  pour  s'accroître. 


—     91     — 

En  tant  que  matériaux  organiques,  les  champignons 
comme  tous  les  autres  végétaux  qui  existent  sur  notre 
globe,  sont  susceptibles  de  se  nuire  les  uns  aux  autres, 
et  ils  ont  eux  aussi  leurs  parasites,  qui  les  attaquent, 
les  dissocient  et  les  résolvent  en  leurs  éléments. 

Nous  pensons  pouvoir,  par  ce  qui  précède,  conclure 
que  les  champignons  et  aussi  les  bactéries,  qui,  il  n'y  a 
pas  bien  longtemps  encore,  faisaient  partie  de  la  même 
classe,  sont  utiles,  indispensables  même  à  l'économie  de 
la  nature.  Ce  sont  eux  qui  étant  doués  par  essence  de 
propriétés  destructives,  sont  chargés  de  faire  dispa- 
raître les  agglomérations  organiques  devenues  inutiles 
ou  trop  nombreuses.  Ils  s'attaquent  aussi  bien  aux 
êtres  vivants  qu'à  ceux  qui  sont  morts,  assurant  en 
cela  une  juste  proportionnalité  entre  toutes  les  produc- 
tions qui  existent  sur  notre  globe. 

CHAPITRE  V 
Distribution  géographique  des  champignons. 

On  peut  dire  d'une  façon  générale  que  les  champi- 
gnons se  trouvent  sur  toute  la  surface  du  globe  ;  cela  n'a 
rien  d'étonnant,  si  l'on  veut  bien  se  rappeler  que  les 
champignons  vivent  aux  dépens  de  la  matière  orga- 
nique, mais  il  faut  que  cette  matière  organique,  qui  est 
nécessaire  à  leur  développement,  se  trouve  dans  cer- 
taines conditions  de  chaleur  et  d'humidité;  or,  ces  trois 
conditions  peuvent  se  trouver  réalisées  partout,  au 
moins  à  un  moment  donné. 

Bien  que  l'on  soit  loin  d'être  fixé  sur  les  richesses 
mycologiques  du  globe,  on  est  porté  à  croire  que  les 


—     92     — 

champignons,  au  moins  les  champignons  supérieurs, 
sont  plus  abondants  dans  les  pays  dont  le  climat  est 
tempéré  et  humide. 

Fries,  savant  mycologue  suédois  du  siècle  dernier, 
admet  deux  zones  pour  la  végétation  fongique  :  l'une 
tempérée,  où  l'on  trouve  en  grand  nombre  des  espèces 
charnues,  l'autre  tropicale,  qui  serait  la  patrie  des 
espèces  ligneuses  ou  carbonacées.  Gomme  indication 
générale,  et  pour  une  même  région,  les  parties  boisées 
et  accidentées  sont  plus  riches  en  champignons  que  les 
parties  plates  et  découvertes;  cela  semble  dériver  de  ce 
fait  que  les  parties  couvertes  conservent  mieux  leur 
humidité.  Il  y  aurait  lieu  également  de  tenir  compte, 
pour  les  parties  boisées,  des  essences  d'arbres  qui  peu- 
plent les  forêts  et  de  la  quantité  plus  grande  de  ma- 
tières organiques  en  décomposition  qui  s'y  accumule 
continuellement. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  mêmes  conditions 
de  suhstratum  (1)  pouvant  exister  dans  des  pays  fort 
éloignés  les  uns  des  autres,  on  s'explique  aisément  que 
l'on  puisse  retrouver  les  mêmes  espèces  dans  des  ré- 
gions fort  distantes.  Il  est  bon  d'ajouter  cependant  que 
certains  pays  ont  des  espèces  qui  leur  sont  propres,  et 
que  l'on  chercherait  vainement  ailleurs.  Ainsi,  l'Italie 
est  la  patrie  du  Polypore  tuhérastre  et  de  certaines 
espèces  de  tubéracées. 

Pour  une  même  région,  même  très  étendue,  la  flore 
mycologique  ne  varie  pas  sensiblement  sur  les  diffé- 
rents points  du  territoire;  en  France,  par  exemple,  on 


(1)  On  donne  en  mycologie  le  nom  de  substratura  à  la  couche 
de  matières  organiques  plus  ou  moins  décomposées  sur  laquelle 
se  développe  le  champignon. 


—     93     — 

peut  retrouver  dans  le  Midi  des  espèces  habituelles  au 
Nord,  lorsque,  bien  entendu,  les  conditions  climaté- 
riques  et  de  substratum  se  trouveront  les  mêmes;  et, 
inversement,  certaines  espèces  plus  spéciales  au  Midi 
pourront  remonter  vers  le  Nord.  C'est  ainsi  que  VOronge 
craie  peut  se  trouver,  en  France,  au  nord  de  Paris, 
dans  des  endroits  bien  exposés  au  soleil. 

Bien  que  l'on  puisse  trouver  des  champignons  toute 
l'année,  c'est  surtout  au  printemps  et  à  l'automne 
qu'ils  se  montrent  en  plus  grande  quantité.  Il  est  des 
années  où  certaines  espèces  sont  d'une  abondance 
extraordinaire,  qu'on  ne  peut  récolter,  ou  à  peine,  les 
années  suivantes.  Ce  que  nous  disons  s'applique  aussi 
bien  aux  champignons  inférieurs  qu'aux  grandes  espè- 
ces ;  il  n'est  pas  rare,  en  effet,  de  voir  nos  plantes  culti- 
vées, la  vigne,  par  exemple,  les  pommes  de  terre  ou  les 
céréales,  envahies  par  des  champignons  qui  compro- 
mettent plus  ou  moins  la  récolte,  et  qui  laissent  crain- 
dre pour  l'année  suivante  une  extension  plus  grande  de 
la  maladie;  or,  on  constate  généralement  que  non  seu- 
lement il  n'y  a  pas  accroissement  de  la  maladie,  malgré 
le  nombre  incalculable  de  spores  répandues  partout, 
mais  bien  disparition  presque  complète  du  fléau.  On 
est  en  droit  de  se  demander  si  les  conditions  atmosphé- 
riques n'ont  pas  suffi  à  enrayer  la  contagion. 

Nous  pensons  que  l'altitude  n'a  pas  une  grande 
influence  sur  la  localisation  des  espèces  ;  il  en  est  proba- 
blement des  champignons  comme  des  autres  végétaux, 
l'altitude  permet  souvent  aux  plantes  de  trouver  un 
milieu  plus  favorable  à  la  végétation  de  certaines  espè- 
ces et  rien  de  plus.  Ne  voit-on  pas  des  plantes  réputées 
montagnardes  vivre  et  prospérer  presque  au  niveau  do 


94     — 


la  mer  lorsqu'elles  y  trouvent  les  conditions  d'ambiance 
qui  leur  sont  nécessaires;  il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'il 
en  est  de  même  pour  les  champignons. 


CHAPITRE  VI 

Comment  traiter  les  empoisonnements 
par  les  champignons  ? 

Les  estimations  les  plus  scientifiques  établies  éva- 
luent à  plus  de  dix  mille  par  an  le  nombre  des  personnes 
empoisonnées  par  les  champignons.  Evidemment,  tous 
ces  cas  ne  sont  pas  suivis  de  rnorl,  pas  plus  que  dans 
la  bataille  la  plus  meurtrière  on  ne  voit  succomber 
tous  les  blessés.  11  n'en  est  pas  moins  vrai  que  beau- 
coup de  victimes  de  ces  intoxications  fongiques  sont 
gravement  ou  mortellement  atteintes,  et  que  les  em- 
poisonnements par  les  champignons  peuvent  être  consi- 
dérés comme  un  danger  public,  redoutable  à  l'égal  d'une 
véritable  épidémie  que  ramènerait  chaque  automne. 

La  ponctualité  désespérante  avec  laquelle  reparais- 
sent tous  les  ans,  dans  les  quotidiens,  le  récit  d'intoxi- 
cations de  ce  genre,  est  vraiment  de  nature  à  mettre 
en  doute  l'utilité  des  efforts  de  vulgarisation  tentés 
pour  répandre  la  connaissance  des  quelques  espèces 
fongiques  véritablement  mortelles.  La  rubrique  «  em- 
poisonnements par  les  champignons  »  n'est  donc  pas 
près  de  disparaître  des  faits-divers. 

Devant  la  persistance  de  cet  état  de  choses,  il  nous 
semble  utile  de  donner  des  indications  détaillées  sur 
les  symptômes  de  l'empoisonnement  et  le  traitement 


—     95     -^ 

rationnel  qui,  appliqué  à  temps,  permettra  de  diminuer 
le  nombre  des  victimes. 

1»  Qu'est-ce  qu'un  champignon  vénéneux? 

Le  public  confond  sous  cette  appellation  toutes  les 
espèces  nuisibles  à  un  degré  quelconque,  ou  même  sup- 
posées nuisibles,  a  priori  par  leur  aspect,  leur  odeur, 
leiu"  lieu  de  récolte,  etc.  Or,  en  ne  considérant  même 
que  les  champignons  dont  la  nocivité  est  prouvée,  il 
y  a  des  différences  très  marquées  dans  le  pouvoir 
toxique  des  espèces.  Nous  pouvons,  à  ce  point  de  vue, 
classer  les  champignons  en  trois  catégories  : 

A.  —  Tous  les  empoisonnements  suivis  de  mort 
sont  produits  par  trois  ou  quatre  espèces,  toujours  les 
mêmes.  Au  premier  rang,  l'Amanita  phalloides  qui 
produit  à  elle  seule  peut-être  95%  des  cas  mortels 
signalés  en  France;  puis  TAmanita  citrina  et  sa 
variété  mappa,  TAmanita  verna,  les  Volvaria  speciosa 
et  gloiocephala.  Ce  n'est  pas  que  ces  quatre  dernières 
soient  des  poisons  moins  actifs  que  l'Amanita  phal- 
loides; mais  elles  sont  moins  souvent  en  cause,  soit 
parce  que  leur  odeur  désagréable  empêche  de  les 
consommer  (comme  c'est  le  cas  pour  VAmanita  citrina 
et  VA.  cerna),  soit  parce  qu'elles  sont  moins  répandues 
{A.  verna,  Volvaires).  Toutes  les  espèces  dont  nous 
venons  de  parler  peuvent  être  qualifiées  de  Champi- 
gnons mortels. 

B.  —  D'autres  espèces,  également  très  communes, 
sont  capables  de  provoquer,  chez  ceux  qui  les  ont 
consommées,  des  accidents  à  la  vérité  très  graves,  mais 
non  mortels.  Il  y  a  des  troubles  gastro-intestinaux, 
avec  vomissements  répétés  et  diarrhée,  accompagnés 
de  troubles  de  l'intelligence  (délire  gai  ou  furieux); 


—     OG     — 

mais  les  symptômes  s'amendent  promptement,  et  la 
guérison  survient  en  trois  ou  quatre  jours.  C'est  le  cas 
pour  la  Fausse-Oronge  (Amanita  muscaria)  et  la 
Fausse- Golmotte  (Amanita  pantherina).  Nous  quali- 
fierons ces  deux  espèces  de  Champignons  dangereux. 

C.  —  Enfin  certains  autres  champignons  ne  provo- 
quent, chez  les  personnes  qui  les  ont  ingérés,  que  des 
troubles  analogues  à  ceux  d'une  violente  indigestion 
(angoisse,  sueurs  froides,  nausées,  vomissements  et 
diarrhée).  Tels  sont  l'Entoloma  lividum,  diverses 
Russules,  etc.,  et  même,  pour  certaines  personnes  sen- 
sibles, des  espèces  que  beaucoup  de  gens  à  l'estomac 
plus  robuste  consomment  impunément.  La  guérison 
de  ces  accidents  —  qui  se  traitent  comme  une  banale 
indigestion  —  est  complète  au  bout  de  vingt-quatre 
heures.  Il  ne  saurait  vraiment  être  ici  question  d'em- 
poisonnement. Aussi  appellerons-nous  les  espèces  qui 
produisent  ces  accidents  Champignons  suspects. 

2°  Quelle  est  la  nature  du  poison? 

Nous  n'aurons  donc  à  nous  occuper  que  des  empoi- 
sonnements produits  par  les  champignons  mortels  (A) 
et  les  champignons  dangereux  (B).  La  séparation  bien 
tranchée  qui  existe  entre  les  deux  catégories  tient  à  ce 
que,  de  part  et  d^ autre,  la  nature  du  poison  contenu 
dans  les  champignons  n^est  pas  la  même, 

A.  —  Dans  les  champignons  mortels  {Amanita 
phalloides,  citrina,  cerna,  Volvaires),  il  existe  une 
substance  à  laquelle  le  toxicologue  allemand  Robert, 
qui  la  découvrit  dans  V Amanita  phalloides  (1890), 
donna  le  nom  de  phalline.  Ce  principe  actif  est  soluble 
dans  l'eau,  et  n'est  pas  détruit  par  Tébullition;  il  n'a 
rien  de  commun  avec  les  albuminoïdes,  car  il  ne  pré- 


—     97     — 

cipite  pas  les  réactifs  de  ces  substances.  Il  semble  que 
Ton  puisse  le  comparer  à  certaines  toxines  microbiennes. 

La  phalline  possède  la  redoutable  propriété  de  dis- 
soudre les  globules  du  sang,  c^est-à-dire  de  détruire  les 
petits  corpuscules  arrondis  qui  renferment  la  matière 
rouge  {hémoglobine)  de  ce  liquide.  Au  moment  où  le 
sang  circule  dans  le  poumon,  l'oxygène  de  l'air  se  fixe 
sur  les  globules  vivants,  et  est  ainsi  transporté  dans 
tout  l'organisme;  si  les  globules  sont  détruits,  cette 
fixation  et  ce  transport  ne  peuvent  plus  avoir  lieu,  et 
la  mort  s'ensuit.  Si  l'on  considère  qu'il  ne  faut  pas  plus 
àQ  7  à  8  milligrammes  de  phalline  par  litre  de  sang 
pour  en  détruire  tous  les  globules,  on  comprendra  que 
les  quelques  centigrammes  de  poison  contenus  dans 
un  seul  exemplaire  c^'Amanita  phalloides  suffisent  à 
abolir  en  quelques  heures  toutes  les  propriétés  vitales 
du  sang  d'un  être  humain. 

B.  —  Dans  les  champignons  dangereux  {Amanita 
muscaria)  existe  au  contraire  un  alcaloïde  cristalli- 
sable,  nommé  muscarine  par  Schmiedebert  et  Koppe 
qui  l'isolèrent  en  1870  de  VAm.  muscaria'.  Ce  corps 
agit  sur  le  cœur  et  le  tube  digestif,  mais  n'a  aucune 
action  sur  les  globules  du  sang;  il  s'élimine  assez  rapi- 
dement par  les  urines  et  par  l'intestin,  et  parait  n'être 
jamais  ingéré  en  quantité  assez  massive,  dans  les  cham- 
pignons, pour  produire  des  lésions  irrémédiables. 

3°  Quelle  est  la  nature  des  symptômes? 

A  ces  deux  sortes  de  poisons,  phalline  et  muscarine, 
correspondent  deux  catégories  différentes  de  symp- 
tômes, qui  forment  deux  ensembles  de  phénomènes  bien 
distincts.  On  peut  donc  immédiatement,  à  la  seule 
inspection  du  malade,  et  en  interrogeant  l'entourage, 


—     98     — 

reconnaître  à  quelle  catégorie  de  champignons  est  dû 
l'empoisonnement. 

A.  —  Avec  les  champignons  à  phalline  ou  champi- 
gnons mortels  {A.  phalloïdes,  citrina,  cerna,  Volvaires), 
les  premiers  symptômes  apparaissent  tardivement, 
c'est-à-dire  dix  ou  douze  heures  après  le  repas  fatal; 
il  y  a  des  éblouissements,  de  l'anxiété,  auxquels  suc- 
cèdent des  crampes  et  des  brûlures  d'estomac,  avec 
sensation  d'étranglement  et  de  soif  ardente.  Bientôt 
surviennent  des  sueurs  froides,  des  vomissements  vio- 
lents, puis  une  diarrhée  extrêmement  fétide  parfois 
mêlée  de  sang.  La  région  de  l'estomac  est  tellement 
sensible  qu'on  ne  peut  la  toucher  sans  faire  pousser 
des  cris  au  patient.  Le  foie  est  volumineux  et  dur,  le 
bas-ventre  est  protégé  par  les  cuisses  repliées;  les  urines 
sont  supprimées  ou  parfois  rares  et  d'un  brun  acajou; 
le  teint  est  celui  d'un  malade  atteint  de  jaunisse. 

Au  bout  de  quelques  heures  le  patient  paraît  soulagé, 
et  s'assoupit  pendant  une  heure  ou  deux.  Mais  une 
crise  plus  violente  le  réveille,  pour  être  de  nouveau  sui- 
vie d'accalmie;  il  y  a  ainsi  plusieurs  alternatives  de 
rémission  et  de  douleurs.  L'état  général  va  s' aggravant  ; 
bientôt  on  observe  des  troubles  des  mouvements,  de  la 
paralysie,  des  syncopes,  un  affaiblissement  graduel  du 
pouls.  Finalement  le  malade  s'éteint  par  arrêt  du  cœur. 

B.  —  Avec  les  champignons  à.  muscarine  ou  cham- 
pignons dangereux  [Am.  muscaria,  pantherina),  rien  de 
pareil.  Les  symptômes  débutent  de  très  bonne  heure 
(une  heure  à  quatre  heures  au  plus  après  le  repas  de 
champignons)  et  rappellent  ceux  de  l'intoxication  alcoo- 
lique; il  y  a  d'abord  du  délire  gai  ou  furieux,  des  dou- 
leurs stomacales  vives,  avec  vomissements  et  diarrhée. 

CHAMPIGNONS  6 


—     99     — 

Dès  lors,  le  poison  est  éliminé;  le  malade  s'endort  d'un 
pesant  sommeil,  au  sortir  duquel  il  n'a  plus  conservé 
des  événements  précédents  qu'un  souvenir  confus. 

Le  tableau  ci-dessous  permettra  de  saisir  d'un  coup 
d'œil  la  différence  entre  les  symptômes  des  deux  em- 
poisonnements : 

A.  —  Empoisonnement  phalloïdien. 

[Champignons  mortels.) 

Symptômes  tout  particuliers. 
Début  après  dix-douze  heures,  —  silencieux. 
Éblouissements^  vertiges^  intelligence  conservée. 
Vomissements  et  diarrhée  tardifs. 
Foie  gros  et  très  douloureux  au  toucher. 
Urines  rares  et  fortement  colorées. 

Alternatives  de  mieux  et  d^aggravation  pendant  plusieurs 
jours. 

Affaiblissement  graduel  et  mort. 

B.  —  Empoisonnement  muscarinien. 

( Champignons  dangereux. ) 

Sjmiptômes  rappelant  ceux  de  Tintoxication  alcoolique. 

Début  après  une  à  quatre  heures,  —  bruyant. 

Délire  gai  ou  furieux. 

Vomissements  précoces  et  répétés.  Diarrhée. 

Foie  normal^  non  douloureux. 

Urines  supprimées. 

Pas  de  rechutes,  amélioration  rapide  et  progressive. 

Guérison  en  deux  ou  trois  jours. 

40  Quels  sont  les  remèdes  à  employer? 

Dans  un  cas  donné,  la  comparaison  des  symptômes 
observés  avec  ceux  que  nous  venons  de  décrire  permet- 
tra immédiatement  aux  personnes  les  moins  exercées  de 


—     100     — 

reconnaître  à"^quel  genre  d'empoisonnement  elles  ont 
affaire,  de  prévoir  l'issue  du  mal,  et,  par  suite,  d'agir 
en  conséquence. 

On  conçoit  qu'en  présence  des  premiers  signes  d'une 
intoxication,  et  surtout  d'une  intoxication  phalloï- 
dienno,  il  n'y  ait  pas  de  temps  à  perdre,  et  que  la  vie 
du  malade  puisse  dépendre  d'un  traitement  rationnel  et 
promptement  mis  en  œuvre.  Voici  donc  ce  qu'il  faudra 
faire  : 

l^Les  vomitifs  préconisés  par  nombre  d'auteurs  sont 
inutiles  et  même  nuisibles.  Ils  sont  inutiles,  parce  que 
dans  le  cas  d'un  empoisonnement  muscarinien  les  vo- 
missements naturels  qui  se  produisent  dès  le  début  ont 
assuré  le  nettoyage  de  l'estomac;  d'autre  part,  s'il  s'agit 
d'un  empoisonnement  phalloïdien,  le  temps  écoulé 
(huit  à  dix  heures)  depuis  le  repas  fatal  indique  que 
ce  repas  a  depuis  longtemps  pénétré  dans  l'intestin. 

Les  vomitifs  sont  nuisibles,  parce  qu'ils  ne  servent 
qu'à  irriter  davantage  l'estomac,  à  augmenter  les  dou- 
leurs et  à  fatiguer  le  malade.  Mieux  vaudrait  encore 
faire  le  lavage  de  l'estomac  à  l'aide  du  tube  de  Faucher. 

2"  Les  purgatifs  sont  au  contraire  toujours  indispen- 
sables à  employer,  car  l'intestin  renferme  constamment 
tout  ou  partie  du  poison.  On  donnera  la  préférence  aux 
purgatifs  salins,  qui  produisent  une  exsudation  de 
liquide  dans  l'intestin  grêle,  venant  ainsi  suppléer  à 
l'élimination  du  poison  qui  se  fait  mal  par  les  urines 
rares  ou  nulles. 

Comme  purgatif,  on  donnera  pour  un  adulte  : 

Sulfate  de  soude,  ou  sulfate  de  Magnésie,  40  à  50  gram- 
mes dans  un  grand  verre  d'eau  ;  une  heure  après,  admi- 
nistrer un  giand  bol  de  bouillon  aux  herbes.  (Si  l'on 


—     101     — 

veut,  on  peut  remplacer  le  sulfate  de  soude  ou  de  ma- 
gnésie par  un  grand  verre  d'une  eau  minérale  piirgatwe). 

Si  les  douleurs  intestinales  sont  très  vives,  il  sera 
préférable,  au  lieu  de  recourir  aux  purgatifs  ci-dessus, 
d'administrer  de  Vhuile  de  ricin  (dose  30  grammes  pour 
un  adulte).  On  donnera  en  même  temps  des  lavements 
huileux,  additionnés  à' une  vingtaine  de  gouttes  de  lau- 
danum de  Svdenham.  Enfin,  on  couvrira  le  ventre  d'un 
large  cataplasme  arrosé  de  laudanum. 

Il  sera  nécessaire  de  faire  uriner  le  malade  le  plus 
possible,  pour  faciliter  l'entraînement  du  poison  au 
dehors.  On  y  parviendra  en  faisant  boire  au  malade  du 
lait  en  abondance,  des  tisanes  (chiendent,  bourrache) 
additionnés  par  litre  de  2  grammes  de  nitrate  de 
potasse  (salpêtre),  ou  de  même  quantité  de  sulfate  de 
potasse,  d'acétate  de  potasse  ou  de  bicarbonate  de 
soude.  Tous  ces  soins  peuvent  être  donnés  même  en 
l'absence  du  médecin. 

S'il  s'agit  d'un  empoisonnement  phalloïdien,  avec 
symptômes  graves,  il  est  tout  indiqué  de  laver  le  sang 
du  malade,  en  lui  injectant  dans  les  veines  une  solution 
physiologique  stérilisée  de  chlorure  de  sodium  (8  gram- 
mes par  litre).  Bien  entendu,  cette  opération  est  exclusi- 
vement du  ressort  du  médecin  traitant,  et  il  doit  être 
laissé  juge  de  son  opportunité. 

Il  en  est  de  même  du  traitement  des  symptômes.  Le 
malade  a-t-il  du  délire  (délire  muscarinien?  ) 

On  lui  administre  des  calmants  (bromure  de  potas- 
sium, de  sodium  ou  d'ammonium,  un  gramme  d'heure 
en  heure,  jusqu'à  effet  sédatif).  Y  a-t-il  au  contraire 
abattement   (empoisonnement  phalloïdien)? 

Il  est  nécessaire  de   donner   des  stimulants  (sirop 


—     102     — 

d'éther  par  cuillerées  à  café,  ou  étlier  vingt  gouttes  dans 
de  l'eau  sucrée,  ces  doses  étant  répétées  toutes  les  dix 
minutes;  ou  encore,  acétate  d'ammoniaque,  5  gi'ammes 
dans  une  potion  de  100  grammes,  à  prendre  par  cuille- 
rées à  soupe  toutes  les  heures). 

Contre  les  vomissements  trop  prolongés,  on  fera  sucer 
au  malade  de  petits  morceaux  de  glace,  ou  bien  on  lui 
fera  boire  de  l'eau  de  Seltz,  ou  une  potion  antivomitive 
(eau  chloroformée  50  grammes,  eau  50  grammes,  chlo- 
rhydrate de  cocaïne  5  à  10  centigrammes;  une  cuillerée 
à  café  toutes  les  demi-heures  jusqu'à  cessation  des 
vomissements). 

Si  le  pouls  s'^affaiblit,  il  sera  utile  de  le  soutenir  par 
des  piqûres  de  caféine  ou  de  sulfate  de  spartéine. 

S'il  ne  s'agit  que  d'un  empoisonnement  muscarinien, 
le  traitement  se  réduit  à  sa  plus  simple  expression  (pur- 
gatifs, calmants).  Mais  si  l'on  a  affaire  à  la  phalline, 
tous  les  soins  énumérés  ci-dessus  n'auront  chance  d'être 
couronnés  de  succès  que  s'ils  sont  appliqués  avec  persé- 
vérance et  discernement,  chez  un  malade  traité  dès  le 
début  des  accidents  et  n'ayant  pas  ingéré  une  dose  par 
trop  considérable  du  terrible  poison. 

Résumé  du  traitement.  —  Purgatifs,  lavements  diu- 
rétiques; lavage  du  sang  en  cas  d'empoisonnement 
phalloïdien. 

Traiter  les  symptômes  (coliques,  délire,  abattement); 
surveiller  attentivement  le  fonctionnement  du  cœur. 

Fernand  Guéguen, 

Docteur  es  sciences, 
Professeur  agrégé  à  V Ecole  supérieure 
de  Pharmacie  de  Paris. 


103     — 


CHAPITRE  VÏI 


Des  champignons  au  point  de  vue  alimentaire. 
Vente  des  champignons. 

La  principale  utilité  des  champignons  consiste  dans 
leur  emploi  comme  aliment.  De  tout  temps  l'homme  a 
récolté  les  champignons  pour  les  manger.  Ainsi  l'his- 
toire nous  apprend  que  les  Athéniens  étaient  très 
friands  de  champignons;  les  Romains  qui  étaient  de 
gros  mangeurs  appréciaient  également  ces  cryptogames. 
Si  nous  en  croyons  les  écrivains  latins,  ils  en  étaient 
arrivés  à  payer  au  poids  de  l'or  et  à  préparer  eux-mêmes 
les  champignons  qu'ils  devaient  consommer.  L'Oronge 
vraie  surtout  avait  une  réputation  exceptionnelle; 
c'était  le  mets  des  dieux,  Deoriim  cibiis.  A  notre  époque, 
s'il  n'y  a  plus  ce  désir  de  payer  des  prix  fous  pour  les 
champignons,  cela  tient  surtout  à  ce  que  la  consomma- 
tion s'en  est  généralisée;  au  lieu  de  s'attacher  à  quel- 
ques espèces  qui  pouvaient  en  cas  de  rareté  acquérir  un 
prix  élevé,  on  consomme  plus  d'espèces  que  par  le  passé. 
De  plus,  on  cultive  en  grande  quantité  le  Champignon 
de  couche,  ce  qui  permet  à  tout  le  monde  de  se  procu- 
rer, à  des  prix  modérés,  un  aliment  sain  et  agréable. 

En  raison  de  cette  disposition  de  l'homme  à  consom- 
mer les  champignons,  on  a  été  amené  à  se  demander 
si  ceux-ci  avaient  une  valeur  alimentaire  :  à  ce  sujet,  les 
opinions  sont  très  partagées.  Pour  certains,  les  champi- 
gnons ont  une  grande  valeur  nutritive;  poui  d'autres, 
au  contraire,  c'est  un  assaisonnement,  un  condiment,  et 
rien  de  plus,  sans  valeur  nutritive.  Ceux  qui  prétendent 


104 


que  les  champignons  sont  très  nourrissants,  invoquent 
à  l'appui  de  leur  opinion  que,  dans  certaines  régions,  les 
champignons  forment  la  base  de  la  nourriture  des  ou- 
vriers de  la  campagne.  Les  Russes,  les  Polonais,  les 
Allemands  feraient  à  l'automne  de  grandes  provisions 
de  champignons  qui  leur  tiendraient  lieu  de  viande 
pendant  l'hiver. 

On  cite  un  montagnard  de  la  Thuringe,  qui  serait 
mort  à  cent  ans,  après  s'être  nourri  pendant  près  de 
trente  ans  exclusivement  de  champignons. 

Letellier,  mycologue  et  chimiste  éminent,  s'est  nourri 
pendant  quelque  temps  seulement  avec  des  champi- 
gnons; il  en  mangeait  300  grammes  par  jour. 

Persoon,  dans  son  Traité  sur  les  champignons,  cite 
l'exemple  d'un  professeur  de  Botanique  de  Leipzig,  qui 
dans  un  voyage  botanique  aux  environs  de  Nuremberg, 
vécut  pendant  plusieurs  semaines,  à  l'exemple  des 
paysans  de  la  région,  de  pain  noir  assaisonné  d'anis  ou 
de  carvi,  et  de  champignons  crus.  Loin  d'en  éprouver 
une  influence  nuisible  à  ma  santé,  dit-il,  je  sentis  au 
contraire  mes  forces  accrues  pour  mes  courses 

Plus  récemment,  un  chimiste  russe,  le  professeur 
Socoloff,  dans  une  analyse  de  champignons  comes- 
tibles, faite  en  1873,  dit  que  l'emploi  des  champignons 
est  très  répandu  dans  son  pays,  au  point  qu'ils  consti- 
tuent l'un  des  principaux  et  des  plus  constants  éléments 
de  la  nourriture  désignée  sous  le  nom  de  maigre,  d'au- 
tant plus  que  les  carêmes  à  leur  tou.'  y  occupent  une 
partie  assez  considérable  de  Tannée.  Ses  analyses  ont 
porté  sur  des  champignons  à  l'état  sec,  salé  et  mariné; 
la  saumure  et  le  marinage  diminuent  la  faculté  nutri- 
tive des  champignons  lesquels,  sous  ce  rapport,  occu- 


—     105     — 

pent  —  toujours  d'après  Socolofî  —  une  place  intermé- 
diaire entre  les  substances  alimentaires  végétales  et 
animales. 

D'aucuns  prétendent  que  les  champignons  crus  sont 
préférables  aux  champignons  cuits;  ils  auraient  une 
saveur  plus  agréable  et  seraient  de  digestion  plus 
facile;  d'autres  prétendent  qu'il  faut  leur  faire  subir 
une  cuisson  prolongée.  Nous  pensons  qu'il  ne  faut  pas 
être  trop  affirmatif  :  que  certains  champignons  crus 
soient  agréables,  nous  n'en  disconvenons  pas,  mais 
nous  pensons  qu'à  moins  de  s'y  habituer,  il  vaut  encore 
mieux  les  faire  cuire. 

Tous  les  champignons  ne  demandent  pas  le  même 
degré  de  cuisson;  il  y  a,  pour  chacun,  un  juste  milieu  à 
saisir  qu'on  ne  peut  indiquer  avec  précision.  Notre 
expérience  nous  a  permis  de  remarquer  que  les 
champignons  trop  cuits  perdent  de  leur  parfum  et 
deviennent  plutôt  coriaces. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  consommation  des  champignons 
dans  certains  pays  est  considérable,  et  si  dans  les  cam- 
pagnes on  les  consomme  en  vue  de  leur  qualité  nutri- 
tive, il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  grandes  villes  où 
l'on  recherche  surtout  leurs  qualités  gustatives. 

On  a  reproché  aux  champignons  d'être  indigestes; 
cela  peut  être  vrai  dans  certains  cas,  mais  ne  peut-on 
pas  faire  le  même  reproche  à  certains  aliments,  tels  que 
les  choux,  les  haricots,  etc.  ! 

Lorsqu'on  mange  en  quantité  raisonnable  des  cham- 
pignons récoltés  en  bon  état,  et  bien  préparés,  il  est 
rare  qu'on  en  éprouve  des  désagréments,  à  moins  cepen- 
dant que  le  sujet  soit  réfractaire  à  cet  aliment.  Ne 
voyons-nous  pas  journellement  des  personnes  qui  ne 


—     106     — 

peuvent  supporter    certaines  nourritures  :  à  celles-là 
nous  conseillerons  de  s'abstenir. 

La  consommation  des  champignons  comporte  un 
danger,  celui  de  s'empoisonner.  En  effet,  si  beaucoup  de 
champignons  sont  inoffensifs,  il  y  en  a  un  certain 
nombre  que  l'on  ne  peut  manger  impunément. 

On  a  cherché  les  moyens  de  distinguer  un  bon  d'un 
mauvais  champignon  :  malheureusement  les  caractères 
sur  lesquels  on  s'appuie  pour  faire  cette  prétendue  dis- 
tinction n'ont  aucune  valeur. 

11  n'est  pas  vrai  que  les  champignons  attaqués  par 
les  limaces  ou  mangés  par  d'autres  animaux  soient  sans 
danger;  il  n'est  pas  vrai  qu'une  espèce  verte  ou  violette 
soit  à  rejeter,  parce  que  cette  coloration  est  moins  fré- 
quente. Un  autre  préjugé  surtout,  enraciné  dans  les 
campagnes,  est  que  pour  reconnaître  si  un  champignon 
est  comestible,  il  suffit  de  mettre  une  pièce  d'argent 
dans  le  vase  où  on  le  fait  cuire  :  si  la  pièce  noircit,  le 
champignon  est  vénéneux,  si  au  contraire  elle  ne  change 
pas  de  couleur,  il  est  inoffensif.  Cette  croyance,  qui  a 
causé  de  nombreux  accidents,  ne  repose  sur  rien  de 
sérieux,  car  le  noircissement  de  la  pièce  d'argent  est  dû 
à  du  soufre  qui  peut,  à  certain  moment,  se  trouver  dans 
les  champignons  qu'ils  soient  bons  ou  mauvais  (Voir 
chapitre  VI).  Nous  pourrions  citer  d'autres  caractères 
soi-disant  propres  à  faire  cette  distinction,  mais 
ils  n'ont  pas  davantage  de  valeur.  En  résumé,  on  ne 
saurait  trop  le  répéter,  il  n'existe  aucun  caractère 
général  perm3ttant  à  première  vue  de  distinguer  un 
bon  champignon  d'un  mauvais  :  le  seul  et  l'unique 
moyen  est  d'apprendre  à  les  connaître. 

On  a  bien,  il  est  vrai,  indiqué  des  procédés  pour 


—     107     — 

rendre  inofïensifs  les  champignons  les  plus  vénéneux, 
comme  par  exemple  de  les  faire  bouillir  dans  de  l'eau, 
et  de  rejeter  cette  eau  avant  de  les  apprêter,  ou  encore 
de  las  faire  macérer  pendant  un  certain  temps  dans  de 
l'eau  salée  :  mais,  ainsi  traités,  les  champignons  perdent 
toutes  les  qualités  qui  les  font  rechercher  et  n'offrent 
plus  qu'un  aliment  insipide. 

Frédéric  Gérard,  auteur  d'une  Flore  médicale,  a  fait 
à  ce  sujet  des  expériences  qui  offrent  un  grand  intérêt 
et  qu'il  n'est  pas  inutile  de  rapporter. 

«  En  1850,  dit-il,  je  récoltai  plusieurs  Amanites  bul- 
beuses (voir  planche  2),  je  les  fis  macérer  dans  plusieurs 
liquides,  les  uns  dans  de  l'eau  pure,  d'autres  dans  de 
l'eau  vinaigrée,  d'autres  dans  de  l'eau  salée.  Je  prolon- 
geai la  macération  pendant  douze  heures,  je  les  lavai  à. 
grande  eau  et  je  les  apprêtai.  J'en  mangeai  environ  40 
ou  50  grammes  de  chaque  et  je  ne  fus  pas  incommodé. 
N'ayant  éprouvé  aucun  malaise,  je  doublai  la  dose, 
toujours  avec  le  même  résultat.  Je  dois  dire  qu'après 
cette  préparation,  ces  champignons  dont  l'odeur  est 
d'abord  fade  et  repoussante,  prennent  l'odeur  et  le  goût 
des  champignons  comestibles.  Je  diminuai  alors  pro- 
gressivement la  durée  de  macération  et  dès  que  le 
champignon  avait  perdu  son  odeur  nauséeuse,  je  le 
regardai  comme  inoffensif. 

«  L'automne  arriva  et  deux  empoisonnements  succes- 
sifs vinrent  jeter  l'effroi  dans  Paris.  Je  résolus  dès  lors 
de  répéter  mes  expériences  sur  toutes  les  espèces  véné- 
neuses indistinctement.  Dans  l'espace  d'un  mois  il  entra 
chez  moi  plus  de  150  livres  de  champignons  vénéneux 
de  toute  espèce.  Pendant  huit  jours  je  m'astreignis  à 
manger  deux  fois  par  jour,  malgré  la  répugnance  que 


—     108     — 

me  causait  cette  uniformité  de  nourriture,  de  250  à 
300  grammes  de  champignons  cuits.  N'en  ayant  ressenti 
aucune  incommodité,  je  ne  m'en  tins  pas  là,  et  j'admis 
tous  les  membres  de  ma  famille,  qui  est  de  douze  per- 
sonnes, à  partager  mes  expériences.  Je  ne  procédais 
qu'avec  lenteur,  et  après  avoir  essayé  sur  un,  j'en  pre- 
nais un  deuxième.  Je  continuai  jusqu'à  ce  que  je  fusse 
convaincu  que,  malgré  la  différence  des  âges  et  des 
tempéraments,  personne  n'était  incommodé.  L'épreuve 
était  décisive  ;  il  ne  s'agissait  plus  de  quelques  grammes 
de  champignons,  ou  d'essais  sur  des  animaux  :  une 
famille  de  douze  personnes  en  avait  mangé  jusqu'à  ce 
que  la  satiété  eût  amené  la  répugnance.  » 

Les  expériences  de  Gérard  présentent  évidemment 
un  gi'and  intérêt,  puisqu'elles  ont  été  faites  avec  toute 
la  précision  scientifique  désirable,  et  qu'elles  expliquent 
comment,  dans  certaines  régions,  les  habitants  peuvent 
consommer  indifféremment  les  espèces  les  plus  dange- 
reuses. Mais  nous  croyons  qu'une  telle  pratique  n'est 
pas  à  recommander,  puisqu'elle  pourrait,  par  suite  de 
négligence,  provoquer  des  accidents  redoutables,  et 
que  de  plus  elle  dénature  complètement  un  aliment 
dont  l'une  des  propriétés  consiste  surtout  dans  la 
saveur. 

Nous  sommes  heureux  de  donner  à  nos  lecteurs  la 
primeur  d'un  article  sur  la  Valeur  alimentaire  des 
Champignons,  écrit  par  M.  le  D'  Guéguen,  pro- 
fesseur  agrégé  à  VEcole  supérieure  de  Pharmacie  de 
Paris. 

La  plupart  des  opinions  favorables  ou  contraires  à 


—     109     — 

l'emploi  alimentaire  des  Champignons  sont  basées  sur 
les  résultats  d'analyses  anciennes,  dont  certaines  re- 
montent à  Braconnot  (1811)  ou  à  Vauquelin  (1813)  ;  ces 
analyses  indiquent  bien  la  nature  des  substances  que 
l'on  savait  isoler  et  caractériser  à  cette  époque,  mais 
n'en  précisent  pas  les  proportions.  Les  travaux  impor- 
tants publiés  dans  ces  dernières  années  sur  la  chimie 
des  Champignons  vont  nous  permettre  de  raisonner 
sur  des  données  plus  exactes. 

Nous  examinerons  la  composition  des  Champignons 
considérée  uniquement  au  point  de  vue  alimentaire, 
c'est-à-dire  sans  nous  occuper  des  principes  dépourvus 
de  qualités  nutritives,  ou  qui  s'y  trouvent  en  trop  mi- 
nime proportion  pour  influer  sur  leurs  propriétés  ali- 
biles.  Comparant  nos  moyennes  à  celles  que  donnent 
les  analyses  de  viande  et  de  pain,  nous  pourrons  con- 
clure en  toute  connaissance  de  cause.  Nous  rappellerons 
tout  d'abord  que,  comme  tous  les  êtres  vivants,  les 
Champignons  renferment  de  l'eau,  des  sels,  des  ma- 
tières ternaires  (composées  de  trois  éléments,  carbone, 
hydrogène  et  oxygène)  et  des  albuminoïdes  (contenant, 
en  plus,  de  l'azote,  du  soufre,  etc.). 

Teneur  en  eau.  —  La  matière  peu  résistante  qui  forme 
les  Champignons  charnus  est  formée  de  cellules  à  parois 
minces,  gorgées  de  sucs,  et  lâchement  unies  entre  elles; 
par  le  fait  même  de  cette  structure  spongieuse,  les  tis- 
sus fungiques  contiennent  de  l'eau  interposée,  dont  la 
quantité  doit  varier  non  seulement  suivant  la  nature  du 
Champignon,  mais  encore  selon  l'état  de  sécheresse  ou 
d'humidité  de  l'atmosphère  et  du  terrain.  Il  est  donc  à 
prévoir  que  les  Champignons  contiennent  une  forte 
proportion  d'eau.  Voici  les  quantités  dosées  par  Von 


—     110     — 

Lœsecke  et  par  Margewicz  (1885  et   1887)  dans  un 
kilogramme  de  quelques  Champignons  frais  : 

Lepiota  procera 840^'" 

Clitopilus  prunulus 900 

Marasmius  Oreades 920 

Divers  Bolets 880  à  9206^" 

La  proportion  est  un  peu  plus  grande  dans  le  pied 
que  dans  le  chapeau  ;  les  exemples  suivants  le  montrent  : 

Lactarius  deliciosus  .    .    .      chapeau  900er^  pj^^j  goig"" 
Boletus  edulis —       861         —    870 

Cette  légère  différence  peut  d'ailleurs  varier,  dans 
une  même  espèce  et  dans  un  même  individu,  suivant 
l'âge,  le  terrain,  le  temps  humide  ou  sec,  etc.  Les  Cham- 
pignons contenant  en  moyenne  neuf  dixièmes  d'eau,  il 
n'est  pas  étonnant  de  les  voir  se  réduire  beaucoup  par 
la  cuisson;  cette  perte  de  poids  est  toutefois  beaucoup 
moindre  que  celle  qu'ils  subissent  pendant  la  dessicca- 
tion à  l'étuve  qui  a  permis  d'obtenir  les  chiffres  ci- 
dessus. 

Teneur  en  matières  minérales.  —  La  proportion  des 
matières  minérales  est  indiquée  par  celle  des  cendres 
que  fournissent  les  Champignons.  Voici  quelques  chif- 
fres rapportés  également  à  un  kilogramme  de  subs- 
tance fraîche  ; 

Lepiota  procera 7^^ 

Clitopilus  prunulus 15 

Marasmius  Oreades 10 

Psalliota  campestris 5 

Divers  Bolets 6 


—    111    — 

D'où  une  moyenne  de  8  grammes  de  cendres,  formées 
surtout  de  potasse  (près  de  la  moitié)  et  d'acide  phos- 
phorique  (de  15  à  40%);  on  y  retrouve  aussi  les  com- 
posants ordinaires  des  cendres  végétales  et  animales 
(soude,  chaux,  magnésie,  acide  sulfurique,  silice, 
chlore). 

Teneur  en  matières  ternaires.  ■ —  Ces  matières,  com- 
posées de  carbone,  d'hydrogène  et  d'oxygène,  existent 
à  la  fois  a)  dans  les  membranes,  qui  en  paraissent  pres- 
que exclusivement  formées,  b)  dans  le  contenu  des 
cellules,  qui  renferme  en  dissolution  un  certain  nombre 
d'entre  elles  (sucres,  mannite,  etc.). 

a)  La  membrane  se  compose  surtout  d'une  cellulose 
particulière  que  l'on  nomme  fungine  (Braconnot),  méta- 
cellulose  (Frémy)  ou  fungocellulose  (Boudier).  Elle  est 
très  résistante  aux  réactifs,  et  notamment  reste  inatta- 
quée par  la  liqueur  de  Schweitzer  (solution  ammonia- 
cale d'oxyde  de  cuivre)  qui  dissout  la  cellulose  ordi- 
naire. Par  des  traitements  à  l'autoclave  en  présence 
d'acides  minéraux  étendus,  on  parvient  cependant  à  la 
transformer  partiellement  en  divers  sucres  (dextrose, 
mannose,  etc.).  Il  est  hors  de  doute  qu'une  pareille 
transformation  n'a  pas  lieu  dans  l'estomac,  et  que  cette 
cellulose  traverse  à  peu  près  inattaquée  le  tube  digestif. 

Margewicz  a  dosé  la  fungocellulose  dans  quelques 
espèces.  Voici  des  chiffres  approximatifs,  rapportés  à  un 
kilogramme  de  Champignons  frais  : 

Lactaires chapeau  21^^,  pied  35^'" 

Chanterelles —       40        —   38 

Bolets  :  chair  des  tubes,  20^'".   .  —       32        —    35 

Ces  chiffres  montrent  :  1°  que  la  proportion  de  fungo- 


—     112     — 

cellulose  est  d'environ  3%  du  Champignon  frais; 
2°  qu'elle  est  moindre  dans  le  chapeau  que  dans  le 
pied  ;  3°  qu'elle  est  plus  faible  dans  les  tubes  des  Bolets 
que  dans  la  chair  même  du  chapeau.  Ces  résultats 
étaient  à  prévoir,  car  la  consistance  est  plus  grande 
dans  le  pied  que  dans  le  pileus,  et  dans  celui-ci  que 
dans  les  tubes. 

Dans  les  Bolets,  il  existe  aussi  deux  substances  muci- 
lagineuses  que  l'on  peut,  ainsi  que  l'a  indiqué  Boudier 
(1866),  enlever  en  traitant  les  Champignons  par  l'eau 
bouillante,  et  en  mêlant  de  l'alcool  pur  au  liquide  :  la 
première  substance,  nommée  viscosine  (du  latin  visciim, 
glu)  se  précipite  alors  en  flocons.  Si  l'on  filtre  le  liquide 
surnageant,  qu'on  le  concentre  en  sirop  et  qu'on  y 
ajoute  de  l'alcool  très  concentré,  on  en  retire  l'autre 
substance  nommée  mycétide  (du  grec  mukés,  champi- 
gnon). La  viscosine  et  la  mycétide  communiquent  à  la 
chair  des  Bolets  cette  consistance  mucilagineuse  à  la 
cuisson  qui  la  rend  indigeste,  et  oblige  certaines  per- 
sonnes à  s'en  abstenir. 

b)  Les  hydrates  de  carbone  solubles  et  digestibles  que 
renferment  les  Champignons  sont  principalement  les 
suivants  : 

Le  glycogène,  voisin  de  l'amidon,  mais  se  colorant  en 
brun  acajou  (et  lion  en  bleu  comme  l'amidon)  par  l'eau 
iodée.  Il  existe  dans  presque  tous  les  Champignons  à 
l'état  jeune.  D'abord  localisé  dans  le  pied,  il  en  dispa- 
raît avec  l'âge,  à  mesure  qu'il  est  utilisé  dans  le  déve- 
loppement de  l'appareil  sporifère. 

Diverses  matières  sucrées,  dont  Bourquelot  (1893- 
1896)  a  indiqué  la  présence  et  déterminé  les  proportions 
dans  plus  de  deux  cents  espèces.  Au  premier  rang  est  le 


—     113     — 

tréhalose,  sucre  dont  certains  Champignons  renferment 
une  forte  quantité  (1). 

Voici  quelques  moyennes  par  kilogramme  de  Cham- 
pignons jeunes  et  frais  : 

Amanites  et  Clitocyhe 20  à  50^^ 

Marasmius  Oreades 35sr 

Bolets 20  à  708^ 

Le  tréhalose  disparaît  peu  à  peu  pendant  la  matura- 
tion et  la  dessiccation  à  basse  température.  Comme  le 
glycogène,  il  se  localise  surtout  dans  le  pied  à  Vétat  jeune. 

Le  glucose  n'existe  qu'en  très  petites  quantités  dans 
les  Champignons  (ordinairement  moins  d'un  gramme 
par  kilo),  et  n'apparaît  guère  qu'à  la  fin  de  la  végétation. 

La  mannite  (alcool  polyvalent)  existe  dans  presque 
tous  les  Champignons  adultes,  où  elle  remplace  peu  à 
peu  le  tréhalose.  Parfois,  même  quand  le  Champignon 
est  jeune,  on  l'y  trouve  seule;  d'autres  fois  elle  y  est 
associée  au  tréhalose.  Comme  les  autres  matières  de 
réserve,  elle  se  localise  d'abord  dans  le  pied.  Voici  en 
quelles  proportions  approximatives  elle  existe  dans  un 
kilogramme  de  quelques  Agaricinées  : 

Lactaires  et  Champignons  de  couche.       6^^ 

Lépiotes 8 

Russules -     15  à  \9>^^ 

Teneur  en  lécithines.  —  Les  lécithines,  sorte  de  ma- 
tières grasses  phosphorées  qui  sont  très  abondantes 
dans  la  matière  cérébrale,  les  œufs,  la  laitance  des  Pois- 

(1)  La  plus  riche  en  tréhalose  des  espèces  examinées  par  Bour- 
quelot  est  le  Cortinarius  castaneus  Bull.,  qui  en  renferme  jusqu'à 
160  grammes  par  kilo.  Les  Cortinaires  se  font  en  général  remarquer 
par  leur  richesse  en  tréhalose. 


—     114     — 

sons,  et  communiquent  à  ces  aliments  leurs  puissantes 
qualités  reconstituantes,  existent  aussi  dans  les  Cham- 
pignons; on  peut  supposer  qu'elles  contribuent  pour 
une  part  à  leurs  propriétés  nutritives.  Les  Champignons 
frais  en  renferment  de  20  centigrammes  à  l^^SO  par  kilo- 
gramme. 

Teneur  en  albiiminoïdes.  —  Ces  corps  azotés  ont  une 
constitution  analogue  à  celle  du  blanc  d'œuf,  de  la 
fibrine,  de  la  chair  musculaire,  etc.  C'est  par  les  albu- 
minoïdes  qu'ils  contiennent  que  les  Champignons 
offrent  quelque  analogie  avec  la  chair  des  animaux,  et 
ont  paru  mériter  le  qualificatif  de  «  viande  végétale  » 
qui  leur  a  parfois  été  donné.  Voici,  d'après  Von  Lœ- 
secke,  Kohlrausch  et  Siegel,  Morner,  quelques  chiffres 
exprimant  la  teneur  en  albuminoïdes  d'un  kilogramme 
de  divers  Champignons  frais  : 

Marasmius  Oreades SS^'" 

Lactaires pied   358^  chapeau  38 

Psalliota  campestris 20 

Bolets pied   32^^  chapeau  40^^  tubes  45"^ 

La  proportion  moyenne  est  donc  de  35  grammes  par 
kilogramme;  le  chapeau  en  contient  plus  que  le  pied, 
et  les  tubes  des  Bolets  plus  que  la  chair.  Il  y  a,  ici 
encore,  une  sorte  d'attraction  des  substances  nutri- 
tives vers  le  chapeau  et  les  appareils  sporifères. 

Mais  tous  ces  albuminoïdes  ne  sont  pas  également 
assimilables.  Lors  des  traitements  énergiques  que  l'on 
fait  subir  aux  Champignons  pour  en  isoler  les  matières 
cellulosiques,  on  remarque  qu'il  reste  toujours  une  cer- 
taine quantité  d'azote  adhérent  à  la  membrane,  et  qui 
par  conséquent  ne  doit  pas  entrer  en  ligne  de  compte 
dans  l'appréciation  de  la  quantité  d'albuminoïdes  assi- 


—     115     — 

milable  par  l'organisme.  C'est  pourquoi  Môrner  (1886) 
s'est  préoccupé  de  déterminer,  par  des  digestions  arti- 
ficielles pratiquées  sur  la  substance  du  Champignon,  les 
proportions  d'albuminoïdes  réellement  attaquables  par 
les  sucs  digestifs.  Il  a  opéré  de  la  manière  suivante  :  les 
Champignons  secs  étant  pulvérisés,  on  y  dose  l'azote 
total;  puis  on  traite  une  certaine  quantité  de  poudre 
par  l'eau  bouillante,  et  l'on  soumet  successivement  la 
pâte  ainsi  obtenue  à  l'action  du  suc  gastrique  et  du  suc 
pancréatique,  l'azote  y  étant  de  nouveau  dosé  après 
chacune  de  ces  digestions. 

Ces  divers  traitements  (cuisson  et  action  successive 
des  sucs  digestifs)  ont  pour  but  de  mettre  les  Champi- 
gnons dans  des  conditions  se  rapprochant  le  plus  pos- 
sible de  celles  qui  précèdent  et  accompagnent  leur 
ingestion.  Voici  les  proportions  d'albuminoïdes,  diges- 
tibles ou  non,  dosées  par  cette  méthode  dans  un  kilo- 
gramme de  quelques  espèces  comestibles  : 

Alburainoïdos  Non 

Totaux.  Digestililes.    digestibles. 

'rcZrMchapea......  7^^^  ^    '^^  ^  ^' 

(sans  les  lames)  (P'"'' ^4  =6+18 

Cèpes         j  Chapeau .  ...  17  =4+13 

(sans  les  tubes)  )  Pied 15  =4      +11 

Morille 25  =12      +13 

On  peut  conclure  des  recherches  de  Môrner  que  les 
Champignons  renferment  par  kilogramme  environ  13 
à  15  grammes  d'albuminoïdes  digestibles,  la  proportion 
de  ces  matières  utiles  étant  plus  considérable  dans  le 
chapeau  que  dans  le  pied.  Il  est  à  supposer  que  ces 
chiffres  eussent  encore  été  plus  élevés,  si  Môrner  n'avait, 


—     116     — 

avant  ses  analyses,  enlevé  les  parties  byménifères 
(lames  des  Agarics,  tubes  des  Bolets).  Cet  auteur  a 
constaté,  en  outre,  que  la  digestion  des  albuminoïdes 
s'effectuait  ici  presque  exclusivement  sous  l'influence 
du  suc  gastrique,  le  suc  pancréatique  n'intervenant  quo 
pour  une  part  très  restreinte. 

De  tout  ce  qui  précède,  on  doit  retenir  que  le  pied  des 
Champignons  adultes  est  constamment  dépourvu  de 
matières  nutritives;  il  est,  en  fait,  peu  sapide  et  plutôt 
indigeste.  On  fera  donc  bien  de  ne  pas  le  consommer, 
sauf  dans  les  spécimens  très  jeunes,  où  il  renferme  des 
matériaux  de  réserve,  et  où  sa  consistance  n'est  pas 
encore  trop  coriace.  Les  feuillets  et  les  tubes,  au  con- 
traire, sont  particulièrement  tendres  et  nutritifs;  il  est 
donc  préférable  de  ne  pas  les  enlever,  toutes  les  fois 
qu'ils  ne  sont  pas  souillés  de  terre  ou  de  sable. 

Conclusions. 

Maintenant  que  nous  connaissons  la  composition 
moyenne  des  Champignons  comestibles,  nous  pouvons 
la  comparer  avec  celle  de  quelques  aliments  usuels,  tels 
que  la  viande  de  bœuf  et  le  pain  de  froment.  C'est  ce 
que  permettra  de  faire  le  tableau  suivant  : 

CHAMPIGNONS  FRUS  (d'après  V}^^\^u  ^^^? 

Villiers  et  Collin)  (d  «P- Lehmann) 

Eau 900  300  à  400  800 

Matières  mi- 
nérales .   .  8  5  à       7  '30 
Membranes  .  30  2  à       4  150'à  170 

(Fungocellulose)  (cellulose)  (Tendons,    vais- 

seaux,   gaines 
musculaires). 


—     117     — 


(:ha«pig\o\s  frais 


Hydrates  de 
carbone.   . 

Albuminoïdes 
digestibles. 


38 

(Tréhalose) 

9 

ilannite 

15 


PA1\ 

(d'après 
Villiers  et  Colliu) 


500  à  600 

(mat.  amylacées) 


75 


VIANDE  DE  BŒIF 

(d'ap.  Lehmann) 


15  à  25 

(graisse) 

20  à  30 


Les  Champignons  constituent  donc  un  aliment  com- 
plet. Rien  d'étonnant  à  ce  que  l'on  ait  pu,  comme  l'ont 
fait  Schwaegrichen  et  d'autres  auteurs,  s'en  nourrir 
exclusivement  pendant  plusieurs  semaines.  Leur  teneur 
en  matières  alibiles  est,  à  l'état  frais,  moindre  évidem- 
ment que  celle  du  pain  et  de  la  viande;  mais  il  faut 
remarquer  qu'ils  perdent,  par  la  cuisson,  plus  d'eau 
que  cette  dernière,  ce  qui  fait  qu'une  fois  apprêtés  ils  se 
sont  enrichis  en  principes  utiles.  On  peut  d'ailleurs  en 
consommer  une  quantité  plus  considérable,  ce  qui  réta- 
blit l'équilibre  en  leur  faveur.  Les  matières  sucrées, 
qu'ils  renferment  en  proportion  qui  est  loin  d'être  né- 
gligeable, constituent  comme  on  le  sait  une  source 
d'énergie  calorifique  de  premier  ordre. 

Les  Champignons  sont  infiniment  plus  nutritifs  que 
la  plupart  des  légumes  auprès  desquels  leur  origine  vé- 
gétale les  fait  classer  par  les  hygiénistes.  Loin  de  les 
considérer  seulement  pomme  des  condiments  agréables, 
il  faut  les  regarder,  dans  les  régions  où  ils  croissent  en 
quantités  considérables,  comme  un  aliment  de  première 
utilité.  C'est  avec  raison  que  les  amateurs  les  tiennent 
pour  des  mets  délicats,  dont  l'usage,  même  répété, 
n'offre  pas  pour  l'organisme  les  inconvénients  de  cer- 


—     118     — 

taiiios  nourritures  productrices  de  toxines,  comme  le 
sont  en  particulier  les  gibiers  et  les  viandes  conservées. 

Fernand  Guéguen, 

Docteur  ès-sciences. 
Professeur  agrégé  à  V École  supérieure 
de  Pharmacie  de  Paris. 

Vente  des  champignons. 

Bien  des  personnes  n'ont  pas  le  loisir  d'aller  elles- 
mêmes  récolter  des  champignons  dans  la  campagne,  et 
elles  ne  peuvent  que  se  pourvoir  au  marché  voisin. 
Nous  pensons  donc  faire  plaisir  à  nos  lecteurs  en  leur 
faisant  connaître  les  principaux  champignons  vendus 
sur  les  marchés  de  France  et  de  l'étranger.  Voici  d'après 
M.  Bernard  (1),  ancien  pharmacien  militaire,  la  liste  des 
espèces  vendues  dans  les  différentes  villes  de  France  : 

l'Oronge  vraie  {Amanita  Cœsarea),  Limoges,  Tou- 
louse, Perpignan; 

l'Oronge  blanche  {Amanita  ovoidea),  Perpignan; 

l'Amanite  rougeâtre  {Amanita  rubescens),  Vitry-le- 
François  ; 

la  Lépiote  erminée  {Lepiota  erminea),  La  Rochelle, 
mélangée  à  d'autres  espèces; 

la  Lépiote  écorchée  {Lepiota  excoriata),  La  Rochelle, 
Oran; 

Lia  Lépiote  pudique   {Lepiota  piidica),  La  Rochelle, 
mélangée  à  Pratella  campestris  ; 


(1)  M.  Bernard  est  l'auteur  d'un  très  bon  ouvrage  sur  les  cham- 
pignons observés  à  La  Rochelle  et  dans  les  environs,  accompagne 
d'un  atlas  de  56  planches  coloriées.  De  cet  ouvrage  épuisé,  il  reste 
([uelques  exemplaires  vendus  30  francs  net  à  la  librairie  Paul 
Klincksieck. 


—     119     — 

la  Lépiote  élevée  {Lepiota  procera),  La  Rochelle, 
Fontainebleau;  Épinal,  Perpignan,  et  dans  bien  d'au- 
tres villes; 

le  Mousseron  de  la  Saint-Georges  {Tricholoma  albel- 
liim),  Montbéliard,  La  Rochelle,  Bourges,  Épinal,  Per- 
pignan et  ailleurs; 

le  Tricholome  argyracé  {Tricholoma  argyraceum), 
Poitiers,  Perpignan; 

le  Tricholome  gris  de  souris  {Tricholoma  miirina- 
ceiifn),  Perpignan; 

le  Tricholome  chatoyant  {Tricholoma  panœolum), 
La  Rochelle  où  il  est  vendu  sous  le  nom  d'Argouane  de 
prairie; 

le  Tricholome  travesti  {Tricholoma  personatiim),  La 
Rochelle  et  ailleurs; 

le  Tricholome  ruiné  {Tricholoma  pessundatum), 
Bourges  où  il  est  mélangé  à  l'oreille  de  chardon; 

le  Tricholome  prétentieux  {Tricholoma portentosum), 

r 

Epinal; 

le  Tricholome  triste  {Tricholoma  tris  lis),  Poitiers; 

le  Clitocybe  géotrope  {Clitocyhe  geotropa),  Be- 
sançon ; 

le  Clitocybe  nébuleux  {Clitocyhe  nehularis),  Bourges, 
Pont  ar lier  ; 

le  Clitocybe   odorant  {Clitocyhe  odora),  Perpignan; 

le  Collybie  en  fuseau  {Collyhia  fiisipes),  Perpignan; 

le  Pleurote  de  l'Eryngium  {Pleur otiis  Eryngii),  Algé- 
rie, La  Rochelle  (sous  le  nom  d'Argouane),  Bourges; 

le  Pleurote  en  coquille  {Pleurotus ostreatus), Bourges; 

l'Entolome  bouclier  {Entoloma  clypeatum),  Roche- 
fort,  Poitiers; 

la  Pholiote  égérite  {Pholiota  œgerita),  Oran; 


—     120     — 

la  Pratelle  des  jachères  {Pratella  arvensis),  La  Ro- 
chelle, sous  le  nom  de  Brunette,  et  à  peu  près  partout 
sous  le  nom  de  Boule-de-Neige; 

la  Pratelle  de  Bernard  {Pratella  Bernardii),  La  Ro- 
chelle où  il  se  vend  sous  le  nom  de  gi'os  pied; 

la  Pratelle  champêtre  [Pratella  campestris),  en  Algé- 
rie et  presque  partout  en  France; 

l'Hygrophore  blanc  d'ivoire  [Hygrophorus  ehiir- 
neiis),  .Perpignan; 

l'Hygrophore  blanc  de  neige  {Hygrophorus  niveiis), 
Perpignan; 

l'Hygrophore  pudique  {Hygrophorus  pudorinus), 
Pontarlier,  Lons-le-Saunier  ; 

l'Hygrophore  virginal  {Hygrophorus  virgineus),  Per- 
pignan; 

le  Lactaire  délicieux  {Lactarius  deliciosus),  Toulon, 
Poitiers,  Fontainebleau; 

le  Lactaire  poivré  {Lactarius  piperatus),  Bourbonne- 
les-Bains,  Épinal; 

le  Lactaire  orangé  {Lactarius  volemus),  Bourbonne- 
les-Bains; 

la  Russule  cyanoxanthe  {Russula  cyanonantha), 
Épinal; 

la  Russule  délicate  {Russule  delica),  Bourgogne; 

la  Russule  vert-de-gris  {Russula  virescens),  Epinal, 
Perpignan; 

la  Chanterelle  comestible  {Cantharellus  cibarius), 
Montbéliard,  Paris,  Fontainebleau,  Bourges; 

le  Marasme  faux  mousseron  {Marasmius  oreades), 
Perpignan,  Épinal; 

le  Bolet  bronzé  {Boletus  œreus),  Limoges,  Paris, 
Fontainebleau,  Perpignan; 


—     121     — 

le  Bolet  comestible  {Boletus  edulis),  Paris,  Bordeaux, 
Limoges,  Fontamebleau,  Epinal; 

le  Bolet  rude  {Boletus  scaher),  Perpignan; 

la  Gratelle  corne  d'abondance  {Craterellus  cornuco- 
pioides),  Annecy; 

la  Clavaire  améthyste  (Clavaria  amethystina),  Per- 
pignan; 

la  Clavaire  en  grappe  {Claçaria  hotrytis),  Bourbonne- 
les-Bains,  Fontainebleau,  Bourges,  Épinal; 

la  Clavaire  cendrée  {Clavaria  cinerea),  Bourbonne- 
les-Bains,  Perpignan; 

la  Clavaire  coralloïde  [Clai^aria  coralloides) ,  Perpi- 
gnan; 

la  Clavaire  jaune  [Clavaria  flava),  Bourbonne-les- 
Bains,  Bourges,  Épinal,  Fontainebleau; 

la  Clavaire  belle  (Clavaria  formosà),  Fontaine- 
bleau; 

la  Clavaire  fusiforme  [Clavaria  fusiformis),  Lons-le- 
Saunier  ; 

le  Terfez  du  Lion  (Terfezia  Leonis),  Algérie; 

les  Tiiher  hrumale  et  autres  :  vendus  partout; 

le  Gyromitre  comestible  (  Giromitra  esculenta),  Paris 
à  l'état  sec,  Cannes  ; 

l'Helvelle  crépue  {Helvella  crispa),  La  Rochelle; 

la  Pezize  veinée  {Peziza  venosa),  Le  Havre). 

En  Allemagne,  sur  le  marché  d'Iéna,  on  vendrait, 
d'après  le  D^  Pfeifîer,  une  trentaine  d'espèces  de  cham- 
pignons, dont  les  suivantes  ne  sont  pas  comprises  dans 
la   liste   ci-dessus   : 

Clitopiliis  prunuliis,  Pholiota  mutahilis,  Riissula  alu- 
tacea,  Marasmius  scorodonius,  Boletus  granulatus,  lu- 
tcus,  çersipeUis,  Polyporus  confluens,  ovinus,  sulfureus, 


—     122     — 

Hydnum   imhricatum,  rujescens,  Sparassis  crispa,  Pe- 
ziza  acetabuliim. 

Dans  un  article  très  documenté,  M.  E.  Perrot  (Bulletin 
de  la  Société  mycologique  de  France,  année  1902)  passe; 
en  revue  tous  les  marchés  européens  où  la  vente  des 
champignons  est  contrôlée  ;  il  énumére  les  espèces  appor- 
tées et  les  prescriptions  auxquelles  doivent  se  conformer 
les  vendeurs.  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir,  faute  de 
place,  reproduire  en  entier  son  intéressant  travail  ;  nous 
lui  emprunterons  seulement  ce  qui  a  trait  à  la  France. 

A  Paris,  il  y  a  vingt-cinq  ans,  on  ne  tolérait  aux 
Halles  que  le  Champignon  de  couche  ;  les  Morilles  elles- 
mêmes  étaient  exclues;  quant  au  Cèpe,  il  fallait  qu'il 
fût  de  provenance  bordelaise  ! 

Aujourd'hui  on  trouve  : 

Amanita  Csesarea,  Tricholoma  Georgii,  nudum  ;  Le- 
piota  procera  ;  Lactariiis  deliciosus  ;  Marasmius  oreades  ; 
Pratella  campestris,  arvensis  ;  Cantharelliis  ciharius  ; 
Craterellus  corniicopioides ;  Boletus  edulis,  aiirantiaciis; 
Morchelîa  rotunda,  conica,  semi-lihera  et  autres;  Verpa 
digitaliformis  ;  Peziza  acetahuliim,  venosa,  etc.  ;  Hydnum 
repandum,  imhricatum  ;  divers  Clai>aria  et  Poly parus. 

Tous  doivent  être  soumis  au  visa  d'un  inspecteur. 

A  Lyon  on  ne  tolère  que  les  espèces  suivantes  ;  Cham- 
pignons de  couche;  Morilles,  Cèpes  de  Bordeaux;  Chan- 
terelles; Clavaires. 

A  Bordeaux  la  vente  des  champignons  sauvages 
autres  que  les  Truffes  et  les  Cèpes  est  insignifiante. 

Il  n'en  est  pas  de  même  dans  d'autres  villes  du  Sud- 
Ouest,  et  à  Libourne  on  peut  rencontrer  sur  le  marché 
la  plupart  des  espèces  énumérées  plus  haut;  il  en  est  de 
même  à  Poitiers,  Niort,  Nantes,  etc. 


—     123     — 

Dans  certaines  villes  il  est  interdit  de  vendre  l'Oronge 
vraie,  sans  doute  par  crainte  exagérée  de  la  fausse 
Oronge. 

Il  résulte  de  qui  ce  précède,  que  peu  à  peu  le  nombre 
des  espèces  vendues  augmente,  ce  qui  sans  nul  doute 
est  dû  en  grande  partie  à  la  propagande  faite  par  la 
Société  mycologique  de  France  dont  les  membres  répan- 
dus un  peu  partout  sont  tout  désignés  pour  renseigner 
le  public. 

Chaque  année,  la  Société  organise  sur  divers  points 
de  la  France  des  excursions  qui  durent  plusieurs  jours; 
ces  excursions,  très  appréciées  du  public,  sont  suivies 
d'une  exposition  générale  des  espèces  récoltées. 

Voir,  à  la  fin  du  volume  quelques  indications  sur  cette 
Société. 

CHAPITRE  VIII 

Récolte  et  préparation  culinaire 
des  champignons.  —  Conservation. 

Bien  des  gens  sont  obligés,  lorsqu'ils  veulent  manger 
des  champignons,  de  se  les  procurer  au  marché  où,  indé- 
pendamment du  champignon  de  couche  qui  s'y  trouve 
en  toute  saison,  on  peut,  à  certaines  époques,  acheter 
des  champignons  sauvages,  qui  généralement  ont  été 
vérifiés  par  des  inspecteurs  compétents. 

Pour  ceux  qui  ont  des  loisirs  ou  qui  habitent  la  cam- 
pagne, nous  croyons  utile  de  donner  quelques  conseils 
sur  le  manière  de  récolter  les  champignons,  et  d'indi- 
quer les  précautions  à  prendre  pour  éviter  les  méprises. 

On  trouve  des  champignons  presque  toute  l'année, 
sauf  pendant  les  grands  froids  où  toute  végétation  se 


—     124     — 

trouve  suspendue,  mais  c'est  surtout  au  printemps  et  à 
l'automne  qu'a  lieu  la  pousse  des  champignons.  C'est 
au  printemps  que  l'on  peut  récolter  les  Morilles,  les 
Mousserons  et  certaines  Pezizes.  A  l'automne  le  nombre 
des  individus  et  des  espèces  de  champignons  est  beau- 
coup plus  considérable,  et  l'on  peut  dire  que  l'on  n'a 
que  l'embarras  du  choix;  ce  sont  les  Agarics,  les  Cèpes, 
les  Morilles,  les  Hydnes  et  bien  d'autres  encore. 

Il  ne  suffît  pas  lorsqu'on  veut  récolter  des  champi- 
gnons pour  les  manger,  de  prendre  au  hasard  ceux  qui 
flattent  le  regard  par  leur  couleur  ou  par  leur  forme.  // 
est  de  toute  nécessité  de  les  examiner  un  à  un  et  de  bien 
vérifier  les  caractères  qui  leur  sont  propres.  On  ne  saurait 
trop  répéter  avec  Roques  :  «  Attachez-vous  à  un  petit 
nombre  d'espèces  bien  observées,  bien  connues,  comme 
les  Morilles,  les  Clavaires,  les  Hydnes,  les  Chanterelles, 
les  Cèpes,  les  Mousserons,  les  Oronges.  » 

Les  champignons  doivent  être  récoltés  plutôt  jeunes 
que  vieux,  car,  à  cet  état,  ils  offrent  au  plus  haut  degré 
les  qualités  qui  leur  sont  propres;  la  chair  en  est  plus 
ferme,  le  parfum  plus  vif  et  plus  délicat.  N'oublions  pas 
que  le  champignon  trop  âgé  et  trop  avancé  peut  devenir 
indigeste  et  quelquefois  nuisible. 

Ceci  nous  amène  à  parler  de  la  durée  des  champignons. 

En  général  les  champignons,  tout  au  moins  ceux  qui 
sont  destinés  à  l'alimentation,  étant  très  gorgés  d'eau, 
ne  sont  pas  susceptibles  d'une  longue  conservation. 

Lorsqu'un  champignon  se  montre  à  nos  regards,  il 
est  bien  près  d'avoir  acquis  tout  son  développement,  et 
dès  que  ses  spores  sont  mûres,  il  tend  à  disparaître, 
c'est-à-dire  à  se  ramollir,  à  pourrir,  comme  on  dit  vul- 
gairement. 


—     125     — 

Quand  le  temps  est  humide  et  chaud,  il  se  décom- 
pose rapidement  :  au  contraire  par  un  temps  sec,  il 
subit  sur  place  une  sorte  de  dessiccation  qui  lui  permet 
en  quelque  sorte  de  se  momifier  et  de  persister  pendant 
un  temps  fort  long. 

Il  n'en  est  pas  de  même  une  fois  que  l'on  a  récolté  les 
champignons,  car  alors  la  décomposition  arrive  vite,  et 
ce  n'est  qu'avec  peine  que  l'on  peut  les  garder  quelques 
jours.  La  durée  de  conservation  peut  s'accroître  sensi- 
blement si  l'on  a  pris  la  précaution  de  récolter  de  jeunes 
exemplaires,  qui  accompliront  à  la  maison  une  partie  de 
leur  développement. 

Une  cause  active  de  décomposition  des  champignons, 
récoltés  ou  non,  est  la  présence  des  vers.  Tout  champi- 
gnon véreux,  ou  piqué  comme  on  dit  souvent,  est  infail- 
liblement condamné  à  disparaître  hâtivement  :  il  im- 
porte donc  autant  que  possible  de  ne  pas  se  charger 
inutilement  de  champignons  piqués  ou  véreux. 

Nous  ferons  remarquer  qu'il  est  inexact  de  dire  des 
champignons,  qu'ils  sont  piqués  des  vers,  car  ce  ne  sont 
pas  des  vers,  mais  bien  des  larves  d'insectes,  principa- 
lement de   diptères  ou  de  coléoptères.  ^ 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  :  Aucun  caractère 
général,  soit  chimique,  soit  extérieur,  ne  peut  être  invoqué 
pour  savoir  si  un  champignon  est  ou  non  comestible  ; 
l'expérience  par  l'étude  seule  permet  de  porter  un  juge- 
ment sûr. 

Bien  souvent,lorsqu'on  récolte  des  champignons,  on  se 
contente  de  détacher  la  partie  du  champignon  qui  émerge 
au-dessus  du  sol  sans  se  rendre  compte  que  le  pied,  qui 
reste  enfoui  sous  terre,  pourrait  fournir  des  indications, 
des  caractères  sûrs  pour  la  détermination  de  l'espèce. 


—     126     — 

En  effet  les  Amanites  (voir  page  123)  et  les  Volvaires 
(voir  page  126)  ont  le  pied  garni  d'une  sorte  de  cornet 
auquel  on  a  donné  le  nom  de  i>oli^e,  et  chose  remar- 
quable, il  semble  que  plus  la  volve  est  développée,  plus 
le  chanipignon  soit  dangereux.  Il  y  a  lieu  toutefois  de 
faire  une  exception  pour  l'Amanite  vaginée  (voir  page 
et  planche  8),  qui  a  une  volve  très  développée  et  qui  est 
cependant  comestible,  mais  cette  Amanite  s'éloigne  de 
ses  congénères  par  l'absence  de  collier. 

Ainsi  donc,  ne  prenez  jamais  un  champignon  sans 
qu'il  soit  complet. 

Il  faut  bien  se  garder  lorsqu'on  va  à  la  chasse  aux 
champignons,  de  mettre  ces  derniers  dans  un  filet, 
comme  cela  arrive  souvent,  où  ils  s'affaissent,  se  meur- 
trissent les  uns  au  contact  des  autres,  et  deviennent 
méconnaissables;  ce  qui  rend  très  difficile  la  vérifica- 
tion lors  du  retour  à  la  maison.  Il  est  bien  préférable  de 
les  disposer  au  fur  et  à  mesure  de  la  récolte  dans  un 
panier  léger,  ce  qui  offre  le  grand  avantage  de  les  rap- 
porter intacts. 

Il  arrive  souvent  que  les  champignons  sont  attaqués 
par  des  larves  d'insectes;  on  dit  alors  qu'ils  sont  piqués 
ou  véreux.  On  doit  rejeter  de  la  consommation  des 
champignons  ainsi  piqués,  ce  dont  on  s'assure  en  les 
coupant  ou  en  les  rompant.  Il  est  bien  inutile  en  effet  de 
se  charger  de  champignons  avariés,  que  l'on  ne  pourra 
utiliser  pour  la  consommation. 

Conservation. 

Quand  les  champignons  sont  abondants,  il  peut  y 
avoir  intérêt  à  les  conserver  ;  on  procède  alors,  après  les 


—     127     — 

avoir  récoltés  avec  toutes  les  précautions  susindiquées, 
de  la  façon  suivante.  Après  les  avoir  nettoyés  à  sec,  oa. 
les  fait  sécher  à  l'ombre  dans  un  endroit  sec,  sur  des 
claies,  ou  bien  on  en  fait  des  chapelets,  en  évitant  qu'ils 
se  touchent  ;  on  achève  au  four  ou  dans  une  étuve  modé- 
rément chauffée,  la  dessiccation,  et  l'on  conserve  au  sec. 

On  peut  employer  ce  procédé  simple  et  à  la  portée  de 
tout  le  monde,  pour  les  Mousserons,  les  Hydnes,  les 
Graterelles,  les  Morilles,  etc.,  et  en  général  pour  les 
champignons  dont  la  chair  est  un  peu  sèche  par  nature. 
Nous  ajouterons  que  les  champignons  ainsi  desséchés 
doivent  subir  une  préparation  lorsqu'on  veut  les  em- 
ployer :  on  les  lave  à  l'eau  pour  enlever  la  poussière  qui 
pourrait  les  souiller  et  ensuite  on  les  fait  tremper  douze 
ou  vingt-quatre  heures  dans  un  peu  d'eau  tiède,  ou 
mieux  dans  du  bouillon  ou  du  lait  pour  les  faire  renfler  ; 
après  quoi  on  peut  les  employer  à  la  manière  des  cham- 
pignons frais.  Lorsqu'on  destine  les  champignons  sim- 
plement à  servir  de  condiment,  on  les  réduit  en  poudre 
lorsqu'ils  sont  secs,  et  on  les  conserve  dans  des  flacons 
bien  bouchés. 

D'autres  fois  on  fait  confire  les  champignons  simple- 
ment dans  le  vinaigre  ;  il  faut  alors  opérer  comme  pour 
les  cornichons.  Les  Clavaires  se  prêtent  très  bien  à  ce 
mode  de  conservation,  de  même  que  certains  champi- 
gnons très  jeunes  (lorsqu'ils  ont  par  exemple  la  gros- 
seur d'une  noix  au  plus).  Enfin  on  peut  les  conserver 
dans  le  sel  ou  dans  la  graisse. 

L'industrie  prépare,  par  le  procédé  d'Appert,  de 
grandes  quantités  de  champignons  destinés  à  être  expé- 
diés en  tous  pays.  Ceux-ci  étant  épluchés  comme  nous 
l'avons  dit,  sont  mis  dans  des  boîtes  de  fer-blanc,  que 


—     128     — 

l'on  soude  sauf  sur  un  point.  On  soumet  ensuite  les  boî- 
tes ainsi  préparées  à  une  température  de  100°  au  moins, 
puis  on  ferme  l'orifice  qui  avait  été  ménagé  lors  du 
remplissage.  C'est  ainsi  que  l'on  conserve  les  Cèpes, 
l'Oronge,  et  surtout  le  Champignon  de  couche. 

Préparation  culinaire  des  champignons. 

On  peut  dire,  d'une  façon  générale,  que  les  champi- 
gnons quels  qu'ils  soient  peuvent  être  apprêtés  de  la 
même  façon;  la  manière  la  plus  simple  est  de  les  faire 
sauter  au  beurre;  on  peut  aussi  les  préparer  à  la  crème, 
en  fricassée  de  poulet,  ou  en  matelotte.  Souvent  on  les 
ajoute  en  petite  quantité  à  un  morceau  de  viande  quel- 
conque lorsqu'il  arrive  vers  la  fin  de  sa  cuisson. 

Les  champignons  demandent  en  général  une  cuisson 
peu  prolongée,  et  il  faut  éviter  de  mettre  ensemble  des 
espèces  de  consistance  très  différente  qui  pourraient 
demander  un  temps  de  cuisson  plus  ou  moins  long. 
Quelques  champignons  demandent  seulement  quelques 
minutes  de  cuisson,  alors  que  d'autres,  comme  les  Hyd- 
nes,  les  Chanterelles,  les  Lactaires,  exigent  près  d'une 
heure,  dit-on! 

Avant  de  faire  cuire  les  champignons,  on  enlève  leur 
épiderme  (ou  peau)  et  souvent  aussi  les  feuillets  pour 
les  Agarics,  et  toujours  les  tubes  (vulgairement  foin) 
dans  les  Cèpes.  Pour  d'autres  enfin,  il  suffit  de  procéder 
au  nettoyage  et  à  l'enlèvement  des  parties  qui  pour- 
raient être  avariées.  Il  convient  généralement,  surtout 
dans  les  échantillons  assez  développés,  ou  dans  quel- 
ques espèces,  de  rejeter  le  pied,  ou  la  base,  du  champi- 
gnon comme  étant  coriace.  Enfin  il  est  d'usage,  surtout 


—     129     — 

pour  les  champignons  de  couche,  de  les  faire  tremper, 
après  les  avoir  épluchés,  dans  de  l'eau  légèrement 
vinaigrée,  salée. ou  non. 

Cette  pratique,  non  suivie  par  les  gourmets,  n'a  d'au- 
tre but  que  d'empêcher  la  chair  des  champignons  de 
noircir  par  suite  de  l'action  du  couteau  qui  a  servi  à  les 
préparer  :  il  se  forme  au  contact  de  l'acide  acétique  du 
vinaigre,  de  l'acétate  de  fer  qui  est  incolore. 

Souvent  il  reste  de  la  terre  ou  du  sable  adhérent  aux 
champignons,  notamment  aux  Morilles,  qu'un  simple 
lavage  à  l'eau  ne  parvient  pas  à  enlever.  Pour  suppri- 
mer ces  corps  désagréables,  il  suffît  de  mettre  les  cham- 
pignons en  question  dans  de  Veau  salée,  qui  dissout  la 
matière  visqueuse,  grâce  à  laquelle  l'adhérence  du 
sable  s'est  produite. 

Voici  quelques  recettes  pour  la  préparation  culinaire 
des  champignons,  au  sujet  desquels  la  plupart  des  livres 
de  cuisine  sont  muets  : 

CHAMPIGNON  DE  COUCHE 

Le  champignon  de  couche  étant  le  plus  généralement 
consommé  parmi  les  champignons,  nous  nous  étendrons 
plus  spécialement  sur  les  différentes  manières  de  l'ap- 
prêter. Les  recettes  que  nous  indiquerons,  la  plupart 
d'après  Roques,  Paulet,  Persoon,  etc.,  pourront  d'ail- 
leurs s'appliquer  aux  autres  espèces. 

Cliampignons  sur  le  plat  ou  en  fricassée  de  poulet. 

Coupez  par  morceaux  les  champignons,  que  vous 
aurez  préalablement  épluchés  avec  soin,  lavez-les  à 


~     130 

l'eau  froide,  puis  essuyez-les,  en  les  pressant  dans  un 
linge  doux.  Ensuite  mettez-les  sur  un  plat  pouvant 
aller  au  feu,  avec  du  beurre,  du  persil  et  du  sel.  Faites 
cuire  à  feu  vif  et  ajoutez,  au  moment  de  servir,  de  la 
crème  ou  des  jaunes  d'œufs  pour  avoir  une  sauce  bien 
liée. 

Croûte  aux  champignons. 

Préparez  vos  champignons,  et  après  les  avoir  pelés  et 
supprimé  le  pied,  faites-les  sauter  dans  une  casserole 
avec  un  peu  de  beurre;  ajoutez-y  du  jus  de  citron,  du 
sel,  poivre,  épices  et  fort  peu  d'ail;  laissez  cuire  environ 
une  heure.  Au  moment  de  servir,  liez  vos  champignons 
avec  des  jaunes  d'œufs  et  versez  sur  des  croûtons  de 
pain  frits  au  beurre  et  symétriquement  disposés  sur  un 
plat.  Cette  manière  d'apprêter  les  champignons  est 
l'une  des  meilleures. 

Champignons  à  la  Cussy. 

Coupez  les  champignons  en  tranches  assez  épaisses, 
mêlez-y  quelques  truffes  préparées  et  coupez  de  même 
en  tranches,  ajoutez-y  un  peu  d'ail  haché  très  fin.  Faites 
sauter  le  tout  avec  du  beurre  bien  frais,  ajoutez  du 
citron  puis  les  condiments  ordinaires,  sel,  poivre,  épices, 
voire  même  un  peu  de  bouillon  ou  de  sauce  de  viande. 
Faites  cuire  environ  une  demi-heure  après  y  avoir  ad- 
joint, sur  la  fin,  un  peu  de  vin  de  Madère  ou  de  Sauterne. 

»  Champignons  à  la  Provençale. 

Prenez  des  champignons  de  couche  ou  autres,  en 
grand  état  de  fraîcheur,  c'est-à-dire  fermes  et  bien 


CHAMPIGNONS 


—     131     — 

sains;  épluchez-les,  coupez-les,  lavez-les  à  l'eau  froide. 
Faites-les  ensuite  mariner  pendant  deux  heures  dans 
l'huile  avec  du  sel,  du  poivre  et  un  peu  d'ail,  puis  faites- 
les  sauter  à  feu  très  vif.  Lorsque  la  cuisson  est  à  point, 
vous  y  ajouterez  un  peu  de  persil  haché  et  du  citron. 

Nous  verrons  plus  loin  que  cette  recette  rappelle  la 
préparation  des  cèpes  à  la  Bordelaise. 

Champignons  farcis. 

Epluchez  les  champignons  que  vous  aurez  eu  soin  de 
prendre  plutôt  petits  que  grands,  enlevez-en  complète- 
ment le  pied  et  remplissez  la  partie  concave  de  votre 
champignon  avec  un  hachis  fait  de  beurre,  lard,  mie  de 
pain,  fines  herbes,  épices  et  sel;  le  tout  bien  mélangé. 
Faites  cuire  à  feu  doux. 

Hachis  aux  champignons. 

Hachez  finement  des  champignons  soigneusement 
épluchés,  mettez-les  dans  une  casserole  avec  du  beurre, 
ajoutez  un  peu  de  farine,  du  bouillon,  sel,  poivre,  épices, 
et  une  feuille  de  laurier.  Faites  cuire  et  réduire  suffisam- 
ment et  versez  votre  sauce  sur  un  hachis  de  mouton, 
veau,  volaille,  etc. 

Parée  de  champignons. , 

Préparez  vos  champignons  à  la  manière  ordinaire,  puis 
hachez-les  très  fin  et  les  passez.  Ceci  dit,  faites-les  sauter 
avec  un  peu  de  beurre,  ajoutez  du  citron,  du  consommé, 
et  faites  réduire  en  purée  que  vous  pourrez  servir  avec 
des  blancs  de  volaille,  des  filets  de  poissons,  etc. 


—     132     — 

Truite  aux  champignons. 

Mettez  dans  une  casserole  du  beurre  avec  des  cham- 
pignons (bien  épluchés),  des  échalotes  et  du  persil  ha- 
ché, mouillez  avec  du  bouillon  et  du  jus  de  viande.  Vous 
prenez  ensuite  une  large  croûte  de  pain  trempée  dans  le 
court  -bouillon  qui  a  servi  à  faire  cuire  votre  truite,  vous 
la  réduisez  en  purée  et  l'ajoutez  dans  la  sauce  avec  un 
peu  de  beurre  et  de  farine.  Lorsque  votre  sauce  est  à 
poifit,  vous  la  versez  sur  la  truite  qui  doit  être  entière- 
ment recouverte. 

Matelote  aux  champignons. 

Le  champignon  de  couche  s'allie  très  bien  à  la  mate- 
lotte  et  la  préparation  en  est  fort  simple.  Il  suffit,  après 
avoir  préparé  les  champignons,  de  les  couper  en  menus 
morceaux  et  de  les  faire  cuire  avec  les  différents  pois- 
sons qui  la  composent. 

Oronges  à  la  Bordelaise. 

On  fait  mariner  les  Oronges  dans  de  l'huile  d'olive 
après  les  avoir  pelées.  On  en  hache  une  partie  avec  des 
fines  herbes,  ail  et  mie  de  pain.  De  ce  hachis  on  garnit 
la  partie  concave  des  oronges  et  l'on  fait  cuire  douce- 
ment sur  un  plat  ou  dans  une  casserole. 

Oronges  à  Vltalienne. 

Préparez  vos  Oronges,  faites-les  cuire  avec  du 
beurre  et  un  peu  de  sel,  servez-les  avec  une  sauce  com- 


—     13a     -— 

posée  d'amandes  douces,  d'ail,  de  poivre,  d'huile  et  de 
jus  de  citron. 

Oronges  à  la  Milanaise,  ^ 

Après  avoir  épluché  et  lavé  vos  Oronges,  vous  les 
coupez  menu,  les  passez  à  la  casserole  avec  du  beurre, 
de  l'huile,  des  fines  herbes  et  de  l'ail.  Vous  ajoutez  du 
consommé,  laissez  cuire  à  point  et  versez  le  tout  sur  des 
tranches  de  pain.  C'est  ce  qu'on  appelle  à  Milan  les 
Oronges  en  potage. 

Olla   Podrida. 

L'Olla  Podrida  est  un  mets  très  apprécié  en  Espagne. 
Il  se  compose  de  viandes,  de  légumes  et  de  racines  de 
toute  espèce,  auxquelles  on  ajoute  des  Oronges  et  des 
Mousserons.  Dans  un  semblable  assemblage,  il  est  bien 
difficile  de  distinguer  le  parfum  de  ces  excellents  cham- 
pignons. 

Oronges  frites. 

Coupez  les  Oronges  par  tranches  que  vous  ferez  bouil 
lir  dans  du  lait  avec  un    peu  de  zeste  de  citron,  puis 
vous  les  faites  frire  avec  du  beurre,  de  l'huile  ou  du 
saindoux,   vous  les  tournez  et  saupoudrez  de  sucre 
comme  les  crêpes. 

Lépiote  et  Goutte  d''encre. 

Ces  champignons  sont  très  délicats  et  très  légers; 
comme  ils  ont  peu  de  chair,  il  est  inutile  de  leur  enlever 
les  feuillets,  aussi  doit-on  faire  usage  de  sujets  bien 
sains  et  peu  avancés. 


—     134     — 

On  peut  les  faire  sauter  dans  l'huile  fine  avec  une 
pointe  d'ail,  poivre  et  sel. 

On  les  mange  aussi  en  fricassée  de  poulet,  souvent 
même  simplement  cuits  sur  le  gril.  On  rejette  le  pied 
qui  est  coriace. 

Mousserons. 

La  meilleure  manière  d'apprêter  les  Mousserons  est 
sans  contredit  celle  dite  en  fricassée  de  poulet. 

Russule  vert- de- gris. 

Dans  le  Haut-Languedoc,  où  ce  champignon  est  très 
commun,  on  le  fait  cuire  sur  le  gril  avec  des  fines  herbes 
et  de  l'huile.  On  peut  aussi  en  faire  un  hachis  avec  du 
beurre  et  des  fines  herbes  et  l'introduire  dans  une 
omelette. 

Lactaires. 

En  Allemagne  on  mange  le  Lactaire  orangé  assai- 
sonné avec  du  beurre  et  du  persil,  on  cuit  avec  de  la 
crème  et  relevé  de  sel  et  de  fines  herbes.  On  pourrait 
de  même  préparer  le  Lactaire  délicieux,  qui  en  outre 
fait  bonne  figure  autour  d'un  morceau  de  viande. 

Les  Lactaires  demandent  une  cuisson  assez  pro- 
longée. 

Chanterelles. 

Après  avoir  épluché  et  lavé  les  Chanterelles  on  les 
passe  à  l'eau  bouillante  et  on  les  fait  cuire  avec  du 
beurre,  de  l'huile  d'olive,  estragon  haché,  sel,  poivre  et 
du  zeste  de  citron.  On  les  laisse  cuire  à  feu  doux  et  on 
les  arrose  de  temps  en  temps  avec  de  la  crème  et  du 


—     135     — 

bouillon.  Ce  champignon  demande  à  être  cuit  long- 
temps et  à  feu  doux. 

CÈPES 

Cèpes  à  la  Bordelaise. 

Prenez  des  champignons  encore  jeunes  et  dont  la 
chair  est  ferme  et  bien  blanche,  enlevez-en  les  tubes 
(vulgairement  foin)  et  le  pied,  pelez-les  et  les  coupez 
par  morceaux.  Ensuite  faites-les  revenir  un  instant 
pour  leur  enlever  une  partie  de  lem*  eau;  exprimez  légè- 
rement et  faites  cuire  avec  de  l'huile,  du  persil,  de  l'ail 
haché,  poivre  et  sel,  ajoutez  vers  la  fm  un  peu  de  jus  de 
citron.  Souvent  on  les  mange  cuits  simplement  sur  le 
gril  et  convenablement  assaisonnés,  ou  encore  frits 
dans  la  poêle,  avec  du  beurre,  du  saindoux  ou  de  l'huile. 

On  peut  encore  préparer  un  potage  aux  cèpes  en  sui- 
vant la  recette  que  nous  avons  indiquée  au  champi- 
gnon de  couche. 

Nous  pourrions  encore  ajouter  de  nouvelles  recettes 
culinaires,  mais  à  quoi  bon;  nos  lecteurs  sauront  bien, 
dans  les  années  d'abondance,  varier  les  manières  d'ap- 
prêter ces  excellents  champignons. 

Langue  de  h  œuf. 

Ce  champignon  acquiert  quelquefois  des  dimensions 
assez  considérables,  mais  il  est  préférable  de  faire  em- 
ploi de  ceux  qui  ne  sont  pas  trop  développés.  Ils  sont 
plus  tendres  et  d'une  digestion  plus  facile. 

Après  avoir  épluché  la  langue  de  bœuf  et  supprimé 
les  parties  fibreuses,  on  la  passe  à  l'eau  bouillante  et 


—     136     — 

fait  cuire  avec  du  beurre,  du  persil,  ciboule,  poivre,  sel; 
on  ajoute  ensuite  des  jaunes  d'œufs. 

On  mange  également  ce  champignon  cuit  sous  la 
cendre  et  coupé  par  tranches  en  y  ajoutant  une  liaison. 

En  Autriche,  on  l'ajoute  à  la  salade  coupé  en  tranches 
comme  la  betterave. 

H  y  due  sinué 

Ce  champignon  est  furt  bon  réduit  en  purée  et 
assaisonné  de  bouillon  ou  de  consommé. 

Souvent  on  le  prépare  avec  du  beurre,  sel,  poivre,  etc. 

On  peut  aussi,  avec  avantage,  l'ajouter  aux  ragoûts; 
il  demande  à  être  bien  cuit. 

Clavaires. 

Les  Clavaires,  en  raison  de  leur  extrême  division, 
demandent  à  être  examinées  et  nettoyées  avec  grand 
soin.  Toutes  les  Clavaires  sont  comestibles.  Après  les 
avoir  lavées  et  épluchées  à  l'eau  tiède,  on  les  égoutte  et 
fait  cuire  avec  du  beurre,  du  persil,  un  peu  de  ciboule, 
poivre  et  sel.  Lorsqu'elles  sont  cuites  on  ajoute  une 
liaison  de  jaune  d'œuf. 

Les  Clavaires  s'allient  fort  bien  avec  la  viande. 

On  peut  aussi  les  confire  au  vinaigre  en  guise  de  cor- 
nichons. 

Morilles,  Helvelles  et  Pezizes. 

Toutes  les  Morilles  sont  également  comestibles  et  très 
recherchées  par  tout  le  monde. 

Quelle  que  soit  la  façon  dont  on  prépare  les  Morilles, 
il  faut  au  préalable  les  examiner  avec  soin,  afin  d'éviter 


—     137     — 

qu'il  ne  se  trouve  dans  leurs  alvéoles  des  corps  étran- 
gers ou  même  des  insectes  ;  puis  on  les  coupe  en  quatre 
et  les  passe  rapidement  dans  l'eau.  Ceci  fait,  on  les 
mettra  dans  une  casserole  avec  du  beurre,  poivre,  sel, 
persil,  et  un  morceau  de  jambon.  Faire  cuire  pendant 
une  heure  en  ajoutant  de  temps  à  autre  du  bouillon,  car 
les  Morilles  rendent  peu  d'eau. 

Vers  la  fin  de  la  cuisson,  on  ajoute  des  jaunes  d'œufs 
comme  liaison.  On  peut  les  servir  seules  ou  sur  une 
croûte  de  pain  rissolée  et  beurrée.  Pour  les  omelettes 
aux  Morilles,  on  hache  celles-ci  menu  et  on  les  mélange 
aux  œufs. 

Les  mêmes  manières  et  aussi  les  mêmes  précautions 
s'appliquent  aux  Helvelles  et  aux  Pezizes. 

Truffes. 

On  mange  des  truffes  cuites  au  vin  de  Champagne,  en 
potages  ou  ragoûts,  en  tourtes,  mais  l'emploi  le  plus 
fréquent  de  ces  excellents  champignons  est  surtout  dans 
le  trufîage  des  volailles  et  la  fabrication  des  pâtés  de 
foie  gras.  C'est  là  que  la  truffe  développe  davantage  son 
merveilleux  parfum. 

Le  gourmet,  parait-il,  préfère  néanmoins  les  truffes 
cuites  sous  la  cendre  et  sans  apprêt. 

L'huile  ou  tout  autre  corps  gras  se  marie  fort  bien  à 
la  truffe  dont  la  chair  est  naturellement  sèche.  Après 
l'huile,  le  vin  est  le  véhicule  qui  lui  convient  le  mieux. 

Pour  faire  un  bon  ragoût  de  truffes,  il  faut,  après  les 
avoir  bien  lavées  et  brossées,  les  faire  tremper  dans 
l'huile.  On  les  coupe  ensuite  par  tranches  et  on  les  mot 
sur  le  plat  avec  de  l'huile  ou  du  beurre,  un  peu  de  vin. 


—     138     — 

du  sel  et  du  poivre.  Au  bout  d'une  demi-heure  elles 
sont  cuites;  on  ajoute  alors  une  liaison  de  jaune  d'œuf. 

Omelette  aux  champignojis. 

Commencer  par  faire  cuire  à  la  poêle  les  champignons 
—  de  préférence  des  espèces  délicates  —  après  les  avoir 
divisés  en  petits  morceaux;  quand  ils  sont  à  point,  on 
verse  par-dessus  les  œufs  battus  comme  il  convient;  on 
mélange  bien  la  masse  pour  répartir  à  peu  près  égale- 
ment les  champignons  et  on  fait  cuire  comme  une  ome- 
lette ordinaire. 

CHAPITRE  IX 

Emploi  des  champignons  dans  l'industrie 

et  la  médecine. 

Les  champignons  proprement  dits  n'ont  qu'un  em- 
ploi assez  restreint  dans  l'industrie  et  la  médecine.  Avec 
le  Polyporus  fomentarius,  vulgairement  appelé  amadou- 
vier,  que  l'on  trouve  sur  les  troncs  des  vieux  chênes  et 
hêtres,  on  fabrique  l'amadou,  employé  pour  arrêter  les 
hémorragies.  Pour  l'obtenir  on  le  ramollit  en  l'expo- 
sant dans  un  endroit  humide,  on  le  prive  de  son  écorce, 
puis  on  le  divise  en  tranches  minces  que  l'on  bat  avec 
un  maillet  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  atteint  la  souplesse 
voulue.  Pour  l'usage  des  fumeurs  on  l'imprègne  de  sal- 
pêtre, ce  qui  lui  donne  une  combustion  plus  régulière  et 
plus  sûre. 

Un  autre  champignon,  le  Polypore  du  bouleau,  coupé 
par  tranches  convenablement  préparées,  donne  des 
cuirs  à  rasoirs  fort  appréciés. 


—     139     — 

Certaines  matières  colorantes  pourraient  être  retirées 
des  champignons;  ainsi  le  Polyporus  hispidus  est  sus- 
ceptible de  teindre  en  marron;  le  Polyporus  sulfureus 
donne  une  couleur  jaune.  Bulliard  a  montré  que  l'on 
pouvait  composer  une  bonne  encre  avec  le  Coprinus 
atramentarius,  appelé  pour  cela  Encrier  ou  goutte  d'encre 
par  le  peuple. 

En  1876,  M.  E.  Boudier,  le  Maître  de  la  mycologie 
française,  a  soumis  à  la  Société  botanique  de  France  un 
mémoire  de  plusieurs  pages,  écrit  par  lui  sept  ans  aupa- 
ravant avec  de  l'encre  du  Coprinus  atramentarius,  sauf 
les  passages  ayant  trait  au  C.  comatus  qui  l'ont  été  avec 
l'encre  de  ce  dernier.  Le  mémoire  en  question  doit  se 
trouver  encore  aux  archives  de  la  Société  prénommée. 
L'encre  employée,  dont  la  coloration  est  due  aux  spores 
mûres,  a  de  l'analogie  avec  celle  de  Chine. 

La  médecine,  contrairement  à  ce  que  l'on  aurait  pu 
croire,  utilise  fort  peu  de  champignons,  bien  que  cer- 
tains soient  doués  de  propriétés  bien  caractérisées.  Le 
Polyporus  offlcinalis  ou  Polypore  du  mélèze  est  souvent 
employé  contre  les  sueurs  nocturnes  des  phtisiques. 
UErgot  de  seigle  fournit  l'ergotine  qui  est  d'un  emploi 
fréquent  dans  la  médecine  pour  arrêter  les  hémorragies. 

Le  poison  qu'on  extrait  de  V Amanita  muscaria  ou 
Fausse  Oronge  a  sur  l'organisme  un  effet  analogue  à  celui 
du  Curare,  et  s'emploie  sous  forme  de  teinture  contre 
l'épilepsie. 

CHAPITRE  X 

Culture  des  champignons. 

Depuis  fort  longtemps  l'homme,  en  vue  de  satisfaire 
sa  passion  pour  les  champignons,  a  essayé  de  les  cul- 


—     140     — 

tiver.  Les  Romains  et  les  Grecs  savaient  comme  nous 
cultiver  le  Champignon  de  couche. 

De  nos  jours,  voici  comment  on  opère  : 
L'élément  essentiel  pour  la  production  du  champi- 
gnon de  couche  est  le  fumier  et  de  préférence  celui  de 
cheval.  On  fait  subir  à  ce  fumier  une  série  d'opérations 
qui  ont  pour  but  de  développer  dans  sa  masse  une  cer- 
taine fermentation  qui  l'amène  à  un  état  de  décompo- 
sition favorable  au  développement  du  champignon; 
en  somme  on  vieillit  le  fumier.  Pour  arriver  à  ce  résul- 
tat, il  est  nécessaire  de  mélanger  plusieurs  fois  les  diffé- 
rentes parties  du  fumier;  il  faut,  comme  on  dit,  le 
recouper.  Lorsqu'il  est  à  point,  on  prépare  les  couches 
qui  ont  généralement  45  à  55  centimètres  de  hauteur 
sur  50  à  65  de  largeur.  En  terme  de  métier  la  couche  est 
appelée  meule  ;  lorsque  la  meule  est  terminée,  on  la  ré- 
gularise, «  on  la  peigne  »,  puis  on  la  larde.  Le  lardage 
consiste  à  introduire  dans  la  couche  des  portions  de 
blanc  de  champignon.  Quelques  jours  après,  lorsque 
l'on  voit  des  filaments  blancs  rayonner,  on  procède  au 
goptage,  c'est-à-dire  que  l'on  recouvre  la  surface  de  la 
meule  d'une  couche  de  2  centimètres  environ  d'un  mé- 
lange plus  ou  moins  salpêtre  qui  sert  de  protection  à  la 
couche.  Cinq  ou  six  semaines  après  le  lardage,  les  cham- 
pignons commencent  à  se  montrer  ;  la  récolte  peut  durer 
pendant  trois  mois.  On  cueille  les  champignons  lors- 
qu'ils sont  encore  jeunes,  c'est-à-dire  non  ouverts,  en 
sorte  que  les  lames  ou  feuillets  n'ont  pas  encore  la 
teinte  foncée  que  représente  notre  planche. 

Des  essais  de  culture  d'autres  champignons,  tels  que 
la  truffe,  la  morille,  ont  été  tentés,  et  ont  donné  parfois 
des  résultats  satisfaisants  sans  que  l'on  puisse  cependant 


—     141     — 

en  induire  que  l'on  possède  une  méthode  sûre,  qui  per- 
mette de  produire  à  volonté  ces  précieux  condiments. 

Pour  la  truffe,  au  moins  jusqu'à  présent,  on  se  borne 
à  favoriser,  voire  même  à  augmenter  la  production  des 
truffières  naturelles. 

M.  Boulanger  serait  arrivé  à  des  résultats  concluants 
en  partant  de  la  spore,  qu'il  fait  germer  directement  :  et 
dans  un  domaine  qu'il  possède  aux  en /irons  de  Paris, 
il  aurait  pu  établir  des  centres  de  production,  qui  sem- 
blent être  le  résultat  d'un  ensemencement  direct;  ces 
expériences  fort  intéressantes  et  d'une  grande  impor- 
tance sont  encore  trop  récentes  et  trop  peu  nombreuses 
pour  pouvoir  être  considérées  comme  acquises. 

Quant  à  la  Morille,  on  ne  sait  encore  lien  de  précis 
sur  sa  culture,  et  ce  n'est  qu'accidentellement  que 
quelques  expérimentateurs  ont  pu  récolter  ce  champi- 
gnon. Nous  citerons  à  ce  propos  une  observation  que 
nous  avons  eu  l'occasion  de  faire  il  y  a  quelques  années. 

Une  administration  de  l'Etat  ayant  à  détruire  une 
grande  quantité  de  documents,  les  fit  réunir  dans  un 
endroit  clos  de  murs,  arroser  de  pétrole  et  brûler;  ceci 
se  passait  à  l'automne.  Au  printemps  suivant  on  put 
recueillir  dans  cet  enclos,  situé  en  pleine  ville,  environ 
2  kilos  de  Morchella  hortensis.  Le  hasard  ayant  voulu 
que  la  même  année  des  dossiers  fussent  brûlés  chez  un 
avoué  de  notre  ville,  nous  y  trouvâmes  trois  Morchella 
semilibera.  Il  y  a  peut-être  là  une  indication  pour  les 
essais  de  culture  de  la  morille. 

Notons  du  reste  que  la  présence  du  charbon  semble 
être  favorable  à  la  pousse  de  certains  champignons; 
tout  le  monde  sait  que  dans  les  forêts  ,  les  places  où  l'on 
fait  du  charbon  se  peuplent,  peu  de  temps  après,  de 


—     142     — 

champignons  d'espèces  différentes.  Enfin,  nous  ajou- 
terons qu'en  Italie  on  obtient  le  Polypore  tubérastre,  en 
arrosant  de  temps  en  temps  une  sorte  de  tuf,  appelé  la 
Pieta  fungaja  (pierre  à  champignon). 

D'après  M.  Devaux,  on  pourrait  se  procurer  aisément 
V Agaric  atténué  [Pholiota  cylindracea),  très  estimé  dans 
le  Languedoc  où  il  est  connu  sous  le  nom  de  Pihaulado. 
Il  suffit  de  prendre  de  larges  rondelles  de  peuplier,  de 
3  ou  4  centimètres  d'épaisseur;  on  frotte  l'une  des  faces 
avec  des  feuillets  mûrs  de  l'Agaric  atténué,  puis  l'on 
place  en  terre  ces  rondelles  que  l'on  recouvre  d'une 
légère  couche  de  terreau.  Les  champignons  apparais- 
sent un  ou  deux  mois  après,  surtout  si  l'on  a  pris  soin 
d'arroser  de  temps  en  temps. 

On  peut  aussi  obtenir  certains  champignons,  notam- 
ment le  Pied  bleu  [Tricholoma  nudum),  en  transportant 
dans  une  cave  une  portion  d'humus  rempli  de  filaments 
mycéliens;  si  l'on  a  opéré  avec  précaution,  les  champi- 
gnons se  développent  à  leur  époque  habituelle. 

CHAPITRE  XI 
Classification   des  champignons. 

Dans  un  ouvrage  de  vulgarisation  comme  celui  que 
nous  présentons  au  public,  et  qui  ne  contient  qu'un 
petit  nombre  de  champignons  décrits,  on  pourrait  fort 
bien  omettre  de  parler  de  classification.  Mais  comme 
dans  ce  petit  livre  nous  avons  essayé  de  faire  connaître 
des  généralités  sur  ces  intéressants  végétaux,  nous  pen- 
sons qu'il  est  de  notre  devoir  de  dire  un  mot  sur  la 
classification  de  ces  cryptogames. 


—     143     — 

C'est  à  Elias  Pries,  grand  naturaliste  suédois,  né  en 
1794  et  mort  en  1878,  que  nous  devons  la  première  clas- 
sification rationnelle  des  champignons.  C'est  encore 
celle  que  l'on  suit  le  plus  généralement  à  l'époque 
actuelle,  au  moins  dans  ses  grandes  lignes. 

L'ensemble  des  champignons  peut  se  subdiviser  en 
groupes  plus  ou  moins  importants,  caractérisés  surtout 
par  la  situation  des  spores  (nous  avons  dit  plus  haut  que 
les  spores  sont  les  graines  des  champignons). 

Parmi  ces  groupes,  nous  parlerons  seulement  de  ceux 
qui  comprennent  les  espèces  décrites  dans  notre  ou- 
vrage. Ce  sont  les  Hyménomycètes,  les  Discomycètes, 
les  Gastéromycètes  et  les  Tubéracées. 

Disons  de  suite  que  tous  ces  mots,  qui  paraissent  bar- 
bares au  premier  abord,  sont  tirés  du  grec  :  ils  ont  le 
grand  avantage  de  résumer  en  un  seul  mot  toute  une 
phrase. 

Ainsi  Hyménomycètes  veut  dire  champignons  pour- 
vus d'un  hyménium  quelconque. 

Discomycètes  signifie  que  les  champignons  qui  ren- 
trent dans  ce  groupe  ont  plus  ou  moins  la  forme  d'un 
disque. 

Les  Gastéromycètes  comprennent  des  champignons 
généralement  globuleux,  ventrus,  pourrions-nous  dire, 
puisque  gaster  veut  dii'e  ventre. 

Enfin  Tubéracées  s'applique  aux  champignons  sou- 
terrains. 

Beaucoup  d'autres  mots  tirés  également  soit  du  grec, 
soit  du  latin,  sont  employés  comme  nous  le  verrons 
dans  la  classification  des  champignons,  on  s'y  habitue 
très  facilement. 

Les    Hyménomycètes   renferment   la  plupart    des 


—     144     — 

grosses  espèces  ou  champignons  proprement  dits.  Dans 
toutes  les  espèces  de  ce  groupe,  les  spores  se  trouvent 
toujours  placées  à  l'extérieur  du  champignon,  ou  tout 
au  moins  sur  une  surface  en  communication  naturelle 
avec  l'air  extérieur.  Cette  surface  qui  porte  les  spores 
a  reçu  le  nom  d^hyménium,  d'où  l'on  a  fait  Hyméno- 
niycètes. 

Tous  les  Agarics,  les  Bolets,  les  Clavaires,  etc.,  font 
partie  de  ce  groupe. 

Ces  champignons  poussent  sur  la  terre  ou  plus  rare- 
ment sur  le  bois;  ils  sont  membraneux  (c'est-à-diro 
minces  et  transparents),  coriaces,  ou  charnus  et  même 
ligneux. 

Les  Gastéromycètes  diffèrent  des  Hyménomycètes 
en  ce  que  leur  fructification  se  développe  à  l'inté- 
rieur même  du  champignon;  elle  est  interne  et  non 
externe. 

Ce  sont  des  champignons  terrestres,  poussant  plus 
rarement  sur  le  bois;  ils  sont  membraneux,  coriaces 
ou  charnus,  mais  non  véritablement  Hgneux.  Nous 
citerons  comme  exemple  les  Lycoperdons,  vulgaire- 
ment appelés  Vesse-loup.  (On  dit  aussi  Vesse-de- 
loup.) 

Dans  les  deux  gi'oupes  dont  nous  venons  de  parler, 
les  spores  se  forment  librement  à  l'extrémité  de  cellules 
spéciales  auxquelles  on  a  donné  le  nom  de  hasides,  et 
jamais  elles  ne  se  produisent  à  l'intérieur  de  grandes 
cellules,  comme  nous  le  verrons  dans  les  deux  groupes 
dont  nous  allons  parler. 

Les  Discomycètes  comprennent  des  champignons 
charnus  ou  coriaces,  de  formes  très  différentes.  Tous 
sont  caractérisés   par  leur  appareil  de   fructification 


—     145     — 

qui  diffère  essentiellement  de  ce  que  nous  venons  de 
voir. 

L'hyménium  des  Discomycètes  est  formé  de  grandes 
cellules  allongées,  accolées  les  unes  aux  autres,  comme 
le  sont  des  sacs  de  blé,  par  exemple,  dressés  les  uns 
contre  les  autres.  Ces  grandes  cellules,  appelées  tJièques 
ou  asqiies,  sont  le  plus  souvent  entremêlées  d'autres, 
très  longues  et  très  ténues,  que  l'on  nomme  para- 
physes. 

C'est  dans  l'intérieur  de  ces  grandes  cellules  (asques 
ou  thèques)  que  se  forment  les  spores,  variables  suivant 
les  espèces,  et  toujours  libres,  c'est-à-dire  non  soudées 
entre  elles,  mais,  chose  remarquable,  généralement  au 
nombre  de  huit. 

Les  Morilles,  les  Helvelles,  les  Pezizes,  etc.,  sont  des 
Discomycètes. 

Lorsque  les  spores  sont  mûres,  elles  s'échappent  des 
thèques  avec  une  force  de  projection  souvent  très 
grande,  et  dans  certaines  pezizes  et  helvelles,  il  est  facile 
de  constater  ce  phénomène,  car  l'expulsion  des  spores 
en  masse  donne  lieu  comme  à  une  production  très  ap- 
parente de  poussière.  C'est  surtout  lorsqu'une  helvelle 
et  une  pezize  sont  soumises  à  un  mouvement  brusque, 
qu'a  lieu  cette  émission  de  spores;  l'expérience  peut  se 
répéter  plusieurs  fois  de  suite  sur  le  même  individu. 

On  n'est  pas  encore  bien  fixé  sur  les  causes  de  cette 
projection;  il  est  fort  possible  que  les  paraphyses  qui 
accompagnent  les  thèques  interviennent  dans  le  phé- 
nomène de  l'émission  des  spores. 

En  effet,  c'est  surtout  sous  l'influence  d'un  choc  ou 
d'un  attouchement  quelconque  qu'elle  se  produit.  On 
pourrait  alors  penser  que  les  paraphyses,  animées  d'un 


—     146     — 

mouvement  vibratoire,  pressent  sur  les  thèques  d'une 
façon  suffisante  pour  en  expulser  les  spores. 

Nous  pourrions  ajouter  que  l'extrémité  des  parapliy- 
.  ses  est  le  plus  souvent  remplie  de  granulations  colorées 
et  douées  d'un  mouvement  vibratoire  très  rapide;  ne 
serait-il  pas  possible  de  voir  dans  ces  granulations  des 
organes  utiles  à  la  fécondation?  Or,  ne  l'oublions  pas, 
on  connaît  jusqu'alors  fort  peu  de  chose  sur  ce  sujet. 
Y  a-t-il  chez  les  champignons,  comme  chez  les  plantes 
plus  élevées  en  organisation,  une  véritable  fécondation, 
c'est-à-dire  l'action  d'une  cellule  mâle  sur  une  cellule 
femelle?  A  vrai  dire  nous  le  pensons,  et  peut-être  ne 
serait-il  pas  impossible  que  dans  les  Discomycètes  en 
particulier,  la  ou  les  cellules  mâles  soient  contenues 
dans  les  paraphyses,  d'où  elles  s'échapperaient  au  pas- 
sage des  spores  issues  des  thèques.  Il  y  a  lieu  de  remar- 
quer en  effet  que  les  paraphyses  dépassent  sensible- 
ment ces  dernières,  et  que  les  spores  doivent  en  s'échap- 
pant  passer  au  contact  des  paraphyses  où  elles  peuvent 
s'imprégner  des  cellules  fécondantes  mâles. 

Dans  les  Hyménomycètes  et  particulièrement  dans 
les  Agaricinées,  on  trouve  sur  l'hyménium  des  cellules 
spéciales,  grandes,  dépassant  sensiblement  les  spores, 
et  que  nous  serions  tentés  d'assimiler  aux  paraphyses 
des  Discomycètes.  Ces  cystides,  comme  on  les  nomme, 
sont  le  plus  souvent  remplies  de  fines  granulations,  ana- 
logues à  celles  d'un  pollen  fécondant.  A  un  moment 
donné,  ces  cystides  s'ouvrent  à  leur  extrémité  et  lais- 
sent échapper  leur  contenu  qui  pourrait  fort  bien 
féconder  les  spores. 

Tout  ceci,  bien  entendu,  n'est  qu'une  opinion  per- 
sonnelle, bien  loin  d'être  démontrée. 


—     147     — 

Les  Tubéracées  qui  sont  représentées  dans  notre  livre 
par  la  truffe  que  tout  le  monde  connaît,  sont  des  cham- 
pignons globuleux,  qui  poussent  généralement  à  une 
petite  profondeur  dans  la  terre.  Ces  champignons  sont 
charnus,  coriaces,  et  ils  renferment  dans  leur  intérieur 
des  thèques  munies  de  spores  au  nombre  de  1  à  8. 

Les  groupes  dont  nous  venons  de  parler  se  subdivi- 
sent à  leur  tour  en  familles,  les  familles  en  genres,  et  les 
genres  en  espèces. 

Le  groupe  des  Hyménomycètes  comprend  les  fartiil- 
les  suivantes  : 

Les  Agaricinées,  caractérisées  par  la  présence  d'un 
hyménium  disposé  sous  forme  de  lames  ou  feuillets 
rayonnants,  supportant  les  spores.  Exemple  :  le  Cham- 
pignon de  couche  (fig.  1). 

Les  Polyporées,  caractérisées  par  la  présence  de 
tubes  renfermant  les  spores.  Exemple  :  le  Cèpe  (fig.  2). 

Les  Hydnées,  caractérisées  par  la  présence  de  poin- 
tes coniques  ou  aplaties,  garnies  à  leur  surface  de 
spores.  Exemple  :  l'Hydne. 

Les  Auriculariées,  comprenant  les  champignons 
dont  l'hyménium  est  lisse  ou  ridé,  et  non  lamellaire, 
poreux  ou  en  pointe.  Exemple  :  la  Craterelle. 

Les  Clavariées,  comprenant  des  champignons  char- 
nus, dressés,  rameux  le  plus  souvent,  et  garnis  de 
spores  sur  toute  leur  surface  qui  est  lisse.  Exemple:  les 
Clavaires. 

Les  Trémellacées,  comprenant  des  champignons  à 
réceptacles  minces  ou  gélatineux,  ordinairement  recou- 
verts à  leur  surface  par  l'hyménium  sporifère.  Exem- 
ple :  les  Tremelles. 

Dans  ces  quatre  dernières  familles  les  spores  se  trou- 


—     148     — 


vent  placées  simplement  à  la  surface  du  champignon  ; 
alors  l'hyménium  se  trouve  moins  localisé  que  dans  les 
Agaricinées  et  les  Polyporées,    sauf  peut-être  dans  les 


couverie 
de  spores 
( hymémum  I 


Fig.  1.  —  Agaric  coupé  en  travers  pour  montrer  les  lames  couvertes 
de  spores.  Au-dessous,  lame  d'Agaric  (au  milieu)  très  grossie, 
montrant  d'abord  les  basides,  puis  les  stérigmates  et  enfin  les 
spores  au  nombre  de  quatre. 


Hydnées  où  il  se  trouve  exclusivement  sur  les  piquants 
ou  pointes,  qui  garnissent  la  partie  inférieure  du  cha- 
peau. 


—     149     — 

Les  Agar  ici  nées  renferment  un  nombre  considéra- 
ble d'espèces,  qui  se  répartissent  en  séries,  classées 
d'après  la  coloration  de  leurs  spores.  C'est  ainsi  que 
nous  avons  : 

1°  Les  champignons  à  spores  blanches  (Leuco- 
sporées),  qui  comprennent  toutes  les  espèces  à  spores 
blanches  ou  blanchâtres,  parfois  un  peu  jaunâtres. 

2o  Les  champignons  à  spores  roses  (Rhodo- 
sporées),  dont  les  spores  sont  roses  ou  de  couleur 
saumon. 

3°  Les  champignons  à  spores  ochracées  ou  plus 
ou  moins  couleur  de  rouille  (Ochrosporées),  mais 
jamais  noires. 

4°  Les  champignons  à  spores  brunes  ou  noires 
(Mélanosporées). 

Les  mots  Leucosporées,  Rhodosporées,  Ochrospo- 
rées,  Mélanosporées,  signifient,  le  lecteur  l'a  compris, 
champignons  à  spores  blanches,  roses,  couleur  d'ocre  ou 
de  rouille,  et  noires;  ils  sont  plus  concis,  plus  brefs, 
voilà  tout.  Il  faut  du  reste  remarquer  que  dans  bien  des 
cas  un  mot  approprié  spécialement  pour  désigner  une 
chose  ou  un  ensemble  quelconque,  se  retient  mieux, 
quand  bien  même  il  ne  qualifierait  qu'imparfaitement 
l'objet  auquel  il  s'adresse,  il  semble  que  ce  soit  un  nu- 
méro d'ordre  et  on  ne  l'oublie  pas. 

Rappelons  que,  pour  obtenir  les  spores  d'un  champi- 
gnon, il  suffit  de  placer  celui-ci  sur  un  verre  ou  un 
papier  blanc,  en  ayant  soin  que  son  hyménium  se 
trouve  tourné  du  côté  du  verre  ou  du  papier.  Au  bout 
de  quelques  heures  et  souvent  moins,  les  spores  se  sont 
déposées  en  masse  et  l'on  peut  se  rendre  compte  de 
leur  couleur. 


150 


SÉRIE  I.  —  Champignons  à  spores  blanches 

{Leucosporèes). 

Les  Leucosporèes  renferment,  comme  genres  prin- 
cipaux : 

L  —  Les  Amanites  (Amanila)  qui  seules  de  la  série 
ont  une  enveloppe  (appelée  volve),  généralement  en- 
fouie sous  terre,  et  entourant  complètement  le  champi- 
gnon dans  son  jeune  âge,  comme  la  coquille  de  l'œuf 
renferme  le  poulet  avant  son  éclosion.  Il  arrive  souvent 
que  le  champignon  conserve  sur  son  chapeau  des  par- 
ties de  la  volve  sous  forme  de  plaques  plus  ou  moins 
larges  et  plus  ou  moins  nombreuses,  qui  s'enlèvent  faci- 
lement sans  léser  l'épiderme. 

Les  Amanites  ont  le  pied  central  muni  d'un  collier 
qui  rarement  fait  défaut. 

Le  genre  Amanite,  dont  les  couleurs  sont  souvent  très 
vives,  comprend  les  champignons  les  plus  dangereux,  les 
seuls  qui  soient  mortels. 

Voir  planches  et  pages  1  à  8. 

2.  —  Les  Lépiotes  (Lepiota)  sont  des  champignons 
très  voisins  des  Amanites,  mais  ils  n'ont  pas  de  volve,  et 
leurs  couleurs  sont  beaucoup  moins  vives.  Ils  ont  le 
pied  central  et  tous  portent  un  collier  plus  ou  moins 
persistant  et  souvent  mobile.  Le  chapeau  est  peu 
charnu  et  souvent  parsemé  d'écaillés  qui  proviennent 
de  l'épiderme  déchiré  du  chapeau. 

Voir  planches  et  pages  9  et  10. 

3.  —  Les  Tricholomes  (Tricholoma)  sont  des  cham- 
pignons généralement  assez  charnus,  à  pied  central, 
sans  collier,  et  non  cartilagineux.  Les  feuillets  sont 


—     15i     — 

minces,  inégaux  ;  ils  touchent  le  pied  en  laissant  à  son 
pourtour  une  petite  écliancrure. 
Voir  planches  et  pages  12  à  17. 

4.  —  Les  Clitocybes  (Clitocybe)  sont  des  champi- 
gnons assez  charnus  se  creusant  plus  ou  moins  en  en- 
tonnoir. Pied  central  souvent  droit  comme  une  colonne, 
un  peu  élargi  à  la  base.  Feuillets  inégaux  amincis  aux 
extrémités,  et  descendant  plus  ou  moins  sur  le  pied,  ce 
qui  les  distingue  des  Tricholomes.  Chair  fine  non  gra- 
nuleuse. 

Voir  planches  et  pages  19  et  20. 

5.  — -  Les  Lactaires  (Lactarius)  sont  caractérisés  par 
la  présence  d'un  liquide  laiteux,  diversement  coloré,  qui 
s'écoule  parfois  très  abondamment  lorsqu'on  brise  le 
champignon  ;  le  chapeau  est  charnu  et  souvent  enroulé 
sur  les  bords.  Feuillets  inégaux,  minces,  se  prolongeant 
sur  le  pied  qui  est  central.  Les  spores  sont  généralement 
verruqueuses  et  non  lisses,  comme  dans  les  genres  pré- 
cédents. Chair  granuleuse. 

Voir  planches  et  pages  24  à  28. 

6.  —  Les  Russules  (Russula)  sont  des  champignons 
plus  ou  moins  charnus,  à  pied  central  droit,  presque 
égal,  ferme  mais  cassant  ainsi  que  le  chapeau.  Feuillets 
presque  tous  égaux,  épais,  souvent  réunis  entre  eux  par 
des  veines;  chair  granuleuse;  couleurs  souvent  très 
vives,  rouges  ou  roses  dans  beaucoup  d'espèces,  c'est 
même  pour  cela  qu'on  les  a  appelées  Russules. 

Voir  planches  et  pages  30  à  33. 

7.  —  Les  Collybies  (Collybia)  sont  des  champignons 
généralement  un  peu  coriaces,  à  chair  peu  épaisse.  Pied 
central  élastique,  creux  ou  presque.  Les  feuillets  sont 
inégaux,  minces;  ils  touchent  le  pied  sans  présenter 


—     152     — 

d'échancruro.  Ces  champignons  poussent  souvent  sur  le 
bois  ou  les  feuilles. 

Voir  planche  et  page  18. 

8.  —  Les  Pleurotes  (Pleurotus)  ont  un  pied  excentri- 
que, latéral  ou  nul,  rarement  presque  central.  Ce  sont 
des  champignons  charnus,  coriaces,  poussant  sur  le  bois 
ou  les  plantes  herbacées,  rarement  sur  la  terre.  Les 
feuillets  sont  inégaux,  nombreux,  et  presque  toujours 
ils  se  prolongent  longuement  sur  le  pied. 

Voir  planches  et  pages  21  et  22. 

0.  —  Les  Chanterelles  (Cantharellus)  sont  des  cham- 
pignons minces  ou  charnus,  dont  le  chapeau  se  creuse 
souvent  en  entonnoir,  tout  en  se  confondant  avec  le 
pied.  Feuillets  épais  ressemblant  plutôt  à  des  bourre- 
lets qu'à  des  lames;  ils  sont  rameux  et  descendent  lon- 
guement sur  le  pied. 

Voir  page  et  planche  23. 

10.  —  Les  Marasmes  (Marasmius)  sont  des  champi- 
gnons généralement  de  petite  taille  ou  moyens,  peu 
charnus  ou  minces,  coriaces.  Feuillets  relativement 
larges,  inégaux,  peu  nombreux.  Pied  central  très  co- 
riace, flexible.  Ces  champignons,  dont  plusieurs  ont  une 
odeur  forte,  poussent  sur  le  bois  ou  sur  les  feuilles  pour- 
rissantes et  se  dessèchent  facilement  sans  pourrir. 

Voir  planche  et  page  34. 

Comme  genres  moins  importants,  nous  citerons  : 

Les  Armillaires  (Armillaria)  qui  sont  des  champi- 
gnons de  consistance  charnue,  sans  volve,  mais  pour- 
vus d'un  collier  comme  les  Lépiotes  dont  ils  se  distin- 
guent surtout  par  les  feuillets  qui  touchent  largement 
le  pied,  ou  même  descendent  le  long  de  ce  dernier;  de 
plus,  la  chair  du  chapeau  se  continue  avec  celle  du  pied, 


~     153     — 

ce  qui  rend  plus  difficile  la  séparation  de  ces  deux  par- 
ties. Au  contraire,  dans  les  Lépiotes,  le  chapeau  se 
sépare  facilement  du  pied. 

Voir  planche  et  page  11. 

Les  Omphales  (Omphalia)  sont  des  champignons  de 
petite  dimension,  à  chapeau  presque  transparent,  et 
ù  feuillets  se  prolongeant  sur  le  pied.  En  raison  de 
leur  petite  taille,  on  ne  mange  généralement  pas  les 
Omphales. 

Les  Mycènes  (Mycena),  qui  diffèrent  des  Gollybies 
par  leur  petite  taille  et  leurs  feuillets  qui  ne  touchent 
pas  au  pied. 

Les  Lentinus,  Panus,  Schyzophyllum,  Lenzites, 
qui,  à  l'inverse  des  genres  précédents,  ne  renferment 
que  des  espèces  non  putrescentes,  très  coriaces  et  sou- 
vent ligneuses,  poussant  presque  toujours  sur  le  bois. 

SÉRIE  IL  —  Champignons  à  spores  roses 

{Rhodosporées). 

Cette  série  comprend  les  genres  suivants  : 
Les  Volvaires  (Volvaria).  Ce  sont  des  champignons 
qui  se  rappochent  beaucoup  des  Amanites  par  leur 
aspect  général,  et  la  présence  d'une  volve.  Le  collier 
n'existe  que  dans  une  espèce,  la  Volvaire  royale.  Comme 
les  Amanites,  les  Volvaires  renferment  des  champi- 
gnons très  dangereux,  ils  sont  heureusement  assez  rares. 
Les  Entolomes  (Entoloma)  comprennent  des  cham- 
pignons ayant  quelque  analogie  de  port  avec  les  Tricho- 
loma.  Chapeau  charnu  se  continuant  avec  le  pied  qui 
est  généralement  ferme,  charnu,  fibreux  et  dépourvu  de 
collier.  Les  feuillets  sont  inégaux,  adhérents  au  pied, 


—     154     — 

sur  lequel  ils  ne  descendent  pas;  les  spores  sont  géné- 
ralement anguleuses  et  non  lisses. 

Voir  planche  et  page  35. 

Les  Pluteus  (Pluteus)  sont  voisins  des  Entoloma, 
mais  ils  ont  le  chapeau  distinct  du  pied  et  les  feuillets 
non  adhérents  à  celui-ci. 

Les  Clitopiles  (Clitopilus)  sont  des  champignons  à 
chapeau  charnu  se  continuant  avec  le  pied,  pas  de 
collier,  feuillets  minces  inégaux,  se  prolongeant  très 
longuement  sur  le  pied.  Ces  champignons  ont  une  ana- 
logie avec  les  Clitocybes,  qui  eux  ont  les  spores  blanches. 

Voir  planche  et  page  30. 

SÉRIE  IIL  —  Champignons  à  spores  couleur 
de  rouille  {0 diras porées). 

Dans  cette  série  les  genres  sont  plus  nombreux. 

Nous  citerons  : 

Les  Pholiotes  (Pholiota)  qui  ont  le  pied  central  orné 
d'un  collier  mince  généralement  persistant. 

Dans  ces  champignons  le  chapeau  est  le  plus  souvent 
charnu  et  continu  avec  le  pied.  Les  Pholiotes  naissent 
presque  toujours  sur  les  souches  et  le  bois  pourri. 
Quelques-unes   sont   comestibles. 

Les  Cortinaires  (Cortinarius)  ainsi^appelés  parce 
qu'ils  présentent,  lorsqu'ils  sont  jeunes,  un  anneau  fila- 
menteux plus  ou  moins  soyeux  appelé  cortine. 

Ce  sont  des  champignons  charnus,  fermes,  assez 
réguliers,  au  moins  lorsqu'ils  sont  jeunes,  à  pied  central 
plus  ou  moins  muni  à  la  base  d'un  renflement  ou  bour- 
relet saillant,  et  conservant  sur  le  haut  quelques  fila- 
ments de  la  cortine. 


—     155     — 

Feuillets  inégaux^  nombreux,  pâles  dans  le  jeune  âge, 
mais  devenant  par  la  suite  couleur  de  rouille  par  les 
spores  qui  les  recouvrent.  Les  Gortinaires,  bien  que  très 
nombreux  comme  espèces,  sont  peu  recherchés  comme 
comestibles. 

Voir  planche  et  page  37. 

Les  Inocybes  (Inocybe)  diffèrent  des  Pholiotes  et  des 
Gortinaires,  en  ce  qu'ils  n'ont  pas  de  collier,  de  plus  la 
surface  du  chapeau  est  comme  cotonneuse  ou  soyeuse. 

Les  Hébélomes  (Hebeloma)  n'ont  pas  de  collier,  et  la 
surface  du  chapeau  est  lisse  et  non  cotonneuse  comme 
dans  les  Inocybes  et  souvent  un  peu  gluante.  Les 
feuillets  touchent  le  pied,  rarement  ils  sont  descen- 
dants. Ges  champignons  ont  parfois  une  odeur  forte  et 
désagréable. 

Les  Paxilles  (Paxillus),  dont  nous  donnons  avec  sa 
description  une  figure  (planche  et  page  38),  renferment 
des  champignons  dont  les  feuillets  souvent  se  prolon- 
gent sur  le  pied.  Le  bord  du  chapeau  est  fortement 
enroulé  dans  le  jeune  âge,  et  le  pied  est  épais,  sans  col- 
lier, s'amincissant  vers  la  base.  Les  feuillets  se  séparent 
facilement  en  bloc  du  chapeau. 

SÉRIE  rv.  —  Champignons  à  spores  noires 

[Mélanosporées). 

Gomme  genres  spéciaux  nous  mentionnerons  : 
Les  Pratelles  (Pratella)  que  l'on  nomme  aussi  Psal- 
liotes (Psalliota).  Ge  sont  des  champignons  analogues 
au  Ghampignon  de  couche,  connu  de  tout  le  monde.  Ils 
sont  en  général  globuleux  étant  jeunes,  assez  charnus, 
de  couleur  blanche  ou  blanchâtre,  parfois  jaunâtre  ou 


—     156     — 

roussâtre,  à  chair  blanche  se  teintant  quelquefois  de 
ruuge  ou  de  brun.  Les  feuillets  sont  inégaux,  nombreux, 
minces,  de  couleur  blanche  ou  pâle  dans  la  jeunesse, 
mais  devenant  bientôt  rose  plus  ou  moins  foncé  puis 
noir.  Pied  central  ferme  de  la  couleur  du  chapeau  et 
muni  d'un  collier  mince.  Toutes  les  Pratelles  sont 
comestibles. 

Voir  planches  et  pages  39  à  41. 

Les  Coprins  (Coprinus)  sont  des  champignons  peu 
charnus,  d'une  durée  très  éphémère,  dont  les  feuillets 
nombreux,  larges,  minces  et  inégaux,  sont  réunis  entre 
eux  par  leur  bord  dans  le  jeune  âge. 

Ils-sont  d'abord  de  couleur  claire,  puis  ils  deviennent 
roses,  puis  noirs  et  enfin  ils  se  fondent  en  une  eau  noire, 
ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  les  Pratelles.  Pied  creux  muni 
ou  non  d'un  collier  fugace.  Ces  champignons  poussent 
de  préférence  sur  le  fumier  ou  les  terres  bien  fumées. 
Plusieurs  coprins  sont  comestibles. 

Voir  planche  et  page  46. 

Polyporées. 

Les  Polyporées,  avons-nous  dit,  sont  des  champi- 
gnons'dans  lesquels  on  constate  la  présence  de  tubes 
très  fins  et  non  de  lames  comme  dans  les  Agarics.  C'est 
dans  ces  tubes  que  se  trouvent  les  spores  (Voir  fig.  2)  ; 
on  peut,  de  même  que  dans  les  Agarics,  obtenir  les  spo- 
res des  Polyporées;  il  suffit  de  placer  le  champignon 
sur  un  papier  très  blanc  en  ayant  soin  de  supprimer  le 
pied,  pour  que  les  tubes  se  trouvent  presque  en  contact 
avec  le  papier. 

Notons  que  dans  les  Polyporées  la  couleur  des  spores 


—    157     — 

n'a  pas  une  grande  importance  au  point  de  vue  du 
classement  des  genres. 

Nous  décrirons  parmi  les  nombreux  genres  de  cette 
famille  : 

Les  Bolets  (Boletus)  qui  ont  un  chapeau  charnu, 


Tubes    renfcrman 
les    spores 
I  hymeniumj 


Fig.  2.  —  Bolet  coupé  en  travers  pour  montrer  les  tubes  qui  ren- 
ferment les  spores  à  leur  intérieur.  —  Au-dessous^  tube  de  Bolet 
très  grossi  montrant  son  intérieur:  les  basides^  les  stérigmates, 
les  spores. 


convexe,  garni  à  sa  partie  inférieure  de  tubes  nombreux 
soudés  les  uns  aux  autres,  mais  pouvant  se  séparer 
facilement  du  chapeau  et  aussi  entre  eux.  Pied  central 


—     158     — 

généralement  dépourvu  de  collier.  Ces  champignons 
poussent  sur  la  terre. 

Voir  planches  et  pages  43  et  47  à  50. 

Le  genre  Fistuline  (Fistulina)  qui  ne  comprend 
qu'une  espèce  et  qui  se  distingue  des  Bolets  en  ce  que 
les  tubes,  bien  que  séparables  entre  eux,  s'enlèvent 
moins  facilement  du  chapeau.  Pied  oblique,  quelque- 
fois très  court;  pousse  sur  les  vieux  chênes  malades. 

Voir  planche  et  page  51. 

Les  Polypores  (Polyporus)  qui  peuvent  être  charnus 
ou  avoir  la  consistance  du  liège,  ou  même  être  ligneux, 
pourvus  ou  non  d'un  pied.  Ils  se  distinguent  des  genres 
précédents,  en  ce  que  les  tubes  sont  difficilement  sépa- 
rables entre  eux  et  font  corps  avec  la  chair  du  chapeau. 
Ils  n'offrent  qu'une  couche  de  tubes,  tandis  qu'on  en 
trouve  plusieurs  chez  les  Fomes. 

Voir  planche  et  page  44. 

Les  Fomes  (Fomes)  se  distinguent  surtout  des 
Polypores,  par  la  présence  de  plusieurs  couches  de  tubes 
sporifères.  Comme  ces  champignons,  qui  sont  générale- 
ment de  consistance  ligneuse,  vivent  plusieurs  années, 
il  s'ajoute  à  chaque  période  de  végétation  une  nouvelle 
couche  de  tubes;  les  couches  sont  alors  superposées 
(stratifiées). 

Les  Mérismes  (Merisma)  sont  des  Polypores  rameux, 
à  chapeaux  nombreux  munis  ou  non  de  pieds  partant 
d'un  même  tronc.  Les  tubes,  dont  il  n'existe  qu'une 
couche,  sont  adhérents  entre  eux  et  non  séparables  du 
chapeau. 

Nous  citerons  encore  les  Mérules  (Merulius)  qui  se 
présentent  sous  l'apparence  de  plaques  s'étalant  sur  les 
bois  qu'ils  désagrègent  rapidement.  Le  Mérule  pleureur 


—    159    — 

(Merulius  lacrymans)  est  un  fléau  pour  les  bois  de 
construction  employés  dans  les  endroits  humides,  tels 
que  sous-sols,  caves,  écuries,  etc. 

Hydnées. 

Les  Hydnées  n'ont  ni  lames  rayonnantes  comme  les 
Agaricinées,  ni  tubes  comme  les  Polyporées,  mais  bien 
des  dents  en  pointes  rondes  ou  aplaties,  non  soudées 
entre  elles  et  sur  lesquelles  se  trouvent  les  spores. 

Le  genre  Hydnum  est  le  plus  important  au  point  de 
vue   alimentaire. 

Les  Hydnes  (Hydnum)  sont  des  champignons  char- 
nus ou  coriaces,  munis  d'un  pied  central  ou  non,  quel- 
quefois même  sans  pied.  La  partie  qui  porte  les  spores 
est  en  forme  de  pointes  ou  de  lames  isolées. 

Voir  planche  et  page  52. 

Auriculariées. 

Les  Auriculariées  ont  leurs  spores  disposées  sur  une 
surface  lisse  ou  ridée,  mais  non  lamellaire,  poreuse  ou 
garnie  de  pointes. 

Nous  donnons  les  caractères  du  genre  Craterellus  dont 
nous  décrivons  une  espèce.  Voir  planche  et  page  54. 

Les  Craterelles  (Craterellus)  sont  des  champignons 
peu  charnus,  en  forme  de  cornet  ou  de  trompette,  et 
ayant  une  grande  analogie  avec  les  chanterelles  n'of- 
frant toutefois  pas  comme  ces  dernières  des  côtes  ou 
bourrelets  saillants,  mais  simplement  des  rides  sinueu- 
ses sur  lesquelles  se  trouvent  les  spores.  Le  chapeau  se 
prolonge  insensiblement  en  pied. 


—     160     — 

Clavariées. 

Dans  les  Clavariées,  les  spores,  au  lieu  de  se  trouver 
sur  une  partie  déterminée  du  champignon,  occupent 
toute  la  surface  de  ce  dernier,  sauf  le  pied  lorsqu'il  en 
existe  un. 

Les  deux  genres  les  plus  importants  sont  : 

Les  Clavaires  (Clavaria).  Ce  sont  des  champignons 
charnus,  à  réceptacle  vertical,  arrondi,  simple  ou 
rameux  et  généralement  fragiles.  Toutes  les  Clavaires 
sont  comestibles. 

Voir  planche  et  page  53. 

Les  Sparassis  (Sparassis)  ont  beaucoup  d'analogie 
avec  les  Clavaires.  Ce  sont  des  champignons  charnus, 
fragiles,  très  rameux  et  dont  les  rameaux  sont  aplatis  et 
non  arrondis  comme  dans  les  Clavaires.  Ce  sont  des 
champignons  assez  rares  et  ayant  quelque  peu  l'aspect 
d'une  éponge. 

Trémellacées. 

Les  Trémellacées  sont  des  champignons  mous,  géla- 
tineux, un  peu  transparents,  de  formes  variables,  et 
susceptibles  de  se  racornir  par  la  sécheresse,  puis  de 
reprendre  par  l'humidité  leur  forme  première. 

L'hyménium  recouvre  la  surface  du  champignon.  Ces 
champignons  vivent  sur  le  bois  pourri. 

Qastéromycètes. 

Les  Gastéromycètes,  avons-nous  dit,  ont  des  spores 
analogues  à  celles  des  Hyménomycètes,  mais  ils  s'en 


—     ICI     — 

distinguent  en  ce  que,  dans  les  Gastéromycètes,  elles  se 
trouvent  réparties  à  l'intérieur  du  réceptacle,  tandis 
que  dans  les  Hyménomycètes  les  spores  se  trouvent 
toujours  à  l'extérieur,  ou  en  communication  libre  avec 
l'extérieur. 

Cette  famille  comprend  de  nombreux  genres,  mais 
nous  parlerons  seulement  du  genre  Lycoperdon. 


Partie 

Sporifére 
f  hyménium) 


Fig.  3.  —  Lycoperdon  (Gastéromycète)  coupé  en  travers  pour 
montrer  que  les  spores  se  localisent  à  l'intérieur  du  cham- 
pignon. 

Les  Lycoperdons  (Lycoperdon)  sont  des  champi- 
gnons charnus,  plus  ou  moins  sphériques,  qui  poussent 
sur  la  terre  ou  le  bois;  ils  sont  lisses  ou  plus  ou  moins 
rugueux  à  leur  surface  et  généralement  blancs  ou  de 
couleur  claire.  Le  pied  se  continue  avec  le  réceptacle 
dont  il  se  distingue  difficilement  à  l'extérieur.  La  partie 
qui  renferme  les  spores  occupe  la  presque  totalité  inté- 
rieure du  champignon,  qui  s'ouvre  à  sa  partie  supérieure 
pour  leur  donner  issue  lorsqu'elles  sont  mûres  (fig.  3). 

Voir  planches  et  pages  55  et  56. 


—     162 


Discomycètes. 


Les  Discomycètes,  comme  l'indique  leur  nom,  sont 
des  champignons  en  forme  de  disque  ;  cela  est  vrai  pour 
les  Pezizes  et  les  Morilles  (dont  les  alvéoles  réunies  for- 
ment comme  une  colonie  de  disques  irréguliers,  soudés 


Fig.  4.  —  Morille  coupée  par  le  travers^  pour  montrer  les  alvéoles 
comme  des  sortes  de  petites  capsules^  dont  une  très  grossie 
renferme  les  thèques  et  les  paraphyses  à  son  intérieur. 


ensemble),  mais  cesse  de  l'être  pour  les  Helvelles  qui 
ont  un  réceptacle  irrégulièrement  contourné,  tourmenté. 
Il  est  cependant  de  toute  évidence  que  ces  champignons 
doivent  rester  parmi  les  Discomycètes. 

Ceci  dit,  nous  ajouterons  que  les  Discomycètes  sont 
des  champignons  de  consistance  généralement  charnue, 
très  rarement  coriace,  dont  l'hyménium  est  extérieur  et 


CHAMPIGNONS 


—     163     — 

formé  d^asques  (ou  thèques)  renfermant  les  spores,  sé- 
parés ou  non  par  des  paraphyses.  (Nous  avons  donné 
plus  haut  la  signification  de  ces  trois  mots)  (Fig.  4  et  5.) 

Nous  citerons  entre  autres  genres  : 

Les  Helvelles  (Helvella)  dont  le  réceptacle  est 
charnu,   mince,   diversement   contourné,   découpé,   et 


Fig.  5. 


Coupe  d'une  Pezize  montrant 
à  son  intérieur  l'hyménium, 
forme  de  thèques  entremê- 
lées de  paraphyses. 


Thèque  très  grossie,  montrant 
à  son  intérieur  huit  spores 
et  de  chaque  côté  des  para- 
physes. 


dont  les  lobes  sont  couverts  à  leur  partie  supérieure  par 
l'hyménium.  Les  Helvelles  ont  généralement  un  pied 
assez  long,  souvent  rempli  de  nombreuses  cavités. 

Voir  planches  et  pages  62  et  63. 

Les  Gyromitres  (G^Tomitra),  qui  sont  intermédiai- 
res entre  les  Helvelles  et  les  Morilles,  sont  des  champi- 
gnons à  pied  plutôt  court  et  à  chapeau  charnu  arrondi, 


—     164 


formé  de  côtes  plus  ou  moins  contournées,  rappelant 
assez  bien  les  circonvolutions  du  cerveau. 

Les  Gvromitres  sont  comestibles  à  l'instar  des  Hel- 
velles  et  des  Morilles,  mais  comme  ils  sont  assez  rares, 
nous  n'en  avons  pas  figuré. 

Les  Morilles  (Morchella)  sont  des  champignons  si 
connus  et  si  appréciés  que  l'on  pourrait  se  dispenser 
d'en  parler. 

Disons  simplement  que  les  Morilles  se  composent  de 
deux  parties  bien  distinctes  :  le  réceptacle  ou  chapeau 
formé  par  la  réunion  de  petites  cupules  ou  alvéoles  plus 
ou  moins  grandes  et  plus  ou  moins  régulièrement  dis- 
posées. C'est  dans  l'intérieur  de  ces  alvéoles  que  se 
trouvent  les  spores  (Fig.  4);  le  chapeau  est  creux  ainsi 
que  le  pied.  Les  Morilles  sont  des  champignons  de  prin- 
temps; toutes  sont  comestibles  et  fort  recherchées. 

Voir  planches  et  pages  59  à  61. 

Les  Pezizes  (Peziza)  forment  une  grande  sous-fa- 
mille, qui  renferme  un  nombre  considérable  d'espèces 
réparties  en  de  nombreux  genres.  Ce  sont  pour  la  plu- 
part des  champignons  charnus,  fragiles,  ayant  plus  ou 
moins  la  forme  d'une  coupe.  (Fig.  5.)  Les  Pezizes  pous- 
sent sur  la  terre,  ou  sur  le  bois  en  décomposition,  les 
feuilles  pourrissantes,  etc.  On  en  trouve  souvent  aux 
endroits  où  l'on  fait  du  charbon  ou  du  feu. 

On  peut  consommer  sans  inconvénient  toutes  les 
Pezizes,  mais  comme  ce  sont  généralement  des  cham- 
pignons d'assez  petite  dimension,  on  n'en  mange  que 
quelques  grandes  espèces.  Les  Pezizes  ont  des  couleurs 
souvent  très  vives;  la  couleur  rouge  avec  toute  sa 
gamme  est  très  répandue,  mais  on  en  trouve  également 
des  jaunes,  vertes,  lilacées,  etc.;  la  coulem*  brune  est 


—     165     — 

également  fréquente.  On  peut  dire  que,  dans  les  Pezi- 
zes,  toutes  les  couleurs  du  spectre  sont  représentées. 

Tubéracées. 

Nous  terminerons  cette  longue  énumération  par  quel- 
ques mots  sur  une  petite  famille  qui  renferme  les  cham- 
pignons les  plus  chers  et  les  plus  estimés,  les  truffes. 

Les  Tubéracées  comprennent  des  champignons  qui  se 
développent  sous  terre.  Ils  sont  globuleux,  irréguliers, 
bosselés,  charnus,  coriaces,  et  non  susceptibles  de  s'ou- 
vrir au  dehors,  d'une  façon  quelconque,  pour  laisser 
sortir  les  spores;  ces  dernières  sont  renfermées  dans  des 
thèques  réparties  dans  la  masse  du  champignon. 

Les  Tubéracées  renferment  un  assez  grand  nombre  de 
genres,  mais  nous  ne  parlerons  que  du  genre  Tuber  qui 
intéresse  plus  particulièrement  nos  lecteurs. 

Les  Truffes  (Tuber)  renferment  plusieurs  espèces 
qui,  toutes,  font  l'objet  d'un  commerce  important;  la 
plus  estimée  est  celle  du  Périgord  (Tuber  melanospo- 
rum)  que  nous  avons  décrite  page  64  et  figurée  à  côté. 
Dans  toutes  les  espèces  du  genre  Tuber,  les  spores  sont 
épineuses. 

En  histoire  naturelle  les  noms  latins  précisent  mieux 
l'état  civil  des  sujets  que  les  dénominations  populaires, 
dont  quelques-unes  s'appliquent  parfois  en  même 
temps  à  des  espèces  toutes  différentes.  Nous  avons 
néanmoins  indiqué  des  noms  populaires,  mais  comme 
tous  les  champignons  n'en  ont  point,  il  est  préférable 
d'en  retenir  le  nom  latin  plutôt  qu'un  nom  latin  fran- 
cisé qui  n'en  dit  pas  davantage  et  n'est  pas  du  français. 


—    1  r,r, 


SOCIÉTÉ  IVIYCOLOGIOUE  DE  FRANCE 


Depuis  1885  les  mycologues  de  France  se  sont  constitués 
en  une  Société^  qui  a  pris  le  nom  de  «  Société  mycologique 
de  France  ».  Ainsi  que  Findique  son  nom,  la  Société  s'oc- 
cupe exclusivement  de  Fétude  des  champignons. 

La  Société,  qui  comptait  à  son  début  cent  trente  mem- 
bres, et  actuellement  environ  quatre  cents,  est  en  pleine 
prospérité  et  a  trouvé  même  hors  France  de  nombreux 
membres,  recrutés  dans  toutes  les  professions. 

Elle  tient  ses  séances  tous  les  premiers  jeudis  de  chaque 
mois,  84,  rue  de  Grenelle,  en  F  Hôtel  de  la  Société  d'horti- 
culture, à  Paris. 

Il  y  a,  à  chaque  séance,  exposition  des  champignons 
apportés  par  les  membres  présents  ou  envoyés  par  ceux 
qui  ne  peuvent  y  assister.  Ces  champignons  sont  déterminés 
par  une  commission  spéciale. 

Tous  les  ans  la  Société  tient  une  session  extraordinaire 
sur  un  point  quelconque  du  territoire.  Cette  session  com- 
porte des  excursions,  et  surtout  des  expositions  de  cham- 
pignons, qui  sont  fort  goûtées  du  public. 

La  Société  publie  en  outre  un  Bulletin  contenant,  en 
dehors  des  comptes  rendus  des  séances,  des  articles  origi- 
naux de  ses  membres,  souvent  avec  planches,  et  une  analyse 
des  publications  nouvelles  relatives  aux  champignons. 

La  cotisation  annuelle  (10  francs)  donne  droit  au  Bulletin. 

Pour  se  faire  admettre,  il  faut  en  faire  la  demande  au 
Pi'ésident  et  être  présenté  par  deux  membres. 

Les  demandes  de  renseignements  doivent  être  adressées 
au  Secrétaire  général  de  la  Société  mycologique  de  France, 
84,  rue  de  Grenelle,  à  Paris. 


167     — 


TABLE  ALrHABÉTIQUE 

des  noms  latins,  français  ou  vulgaires  des  espèces  figurées, 

décrites  ou  citées. 


Uitalique  désigne  les  noms  latins,  l'égyptienne 
les  grandes  divisions. 


Agaricinées  .   .    . 

Agaric   atténué .   .    . 
—       tue-mouches 

Amadou 

Amadouvier   ... 
Amanita  Cœsarea,  \, 

—  citrina  .   . 

—  muscaria. 
—-        ovoidea.   . 

—  panûierina 

—  phalloïdes. 

—  ruhescens. 

—  vaginata . 

—  cerna.  .    . 
Amanite  citrine  .  . 

—  des  Césars 

—  panthère . 

—  phalloïde. 

—  printanière 

—  rougeâtre. 


147 


vagmee. 


Argouane.  .   .    . 

—         de  prairie 
Armillaire      couleur 

miel 

Armillaria  mellea 
Auriculariées   . 
Barbe  de  chêne. 

—  de  vache. 
Bérigoule.  .  .  . 
Bise  vraie  .    .    . 


Page 
ou  Planche. 

149 

142 

2 

82 
138 
122 

95 
139 
118 

96 

95 

118 

8 

95 


118 
4 

'.,  96 


30 


de 


14; 


1 

5 

3 

7 

118 

8 

119 

119 

11 
11 

159 
53 
52 
30 
31 


Bolet  blême  .   .    . 

ou 

Page 
l'ianche. 

50 

—  bronzé.    .    . 
—  comestible  . 

—  fauve  .    .    . 

44 

• 

120 

121 

49 

—     jaune  .    .    .    . 

48 

—  rude 

Boletus  œreus.    .    .    . 

—  aurantiacus 

—  hadius.  .    .    . 

—  edulis.     45 , 

—  granulatus. 

—  luridus  .    . 

46 
44 

121 

121 
120 
122 

49 
122 
121 

50 

—  luteus.    .    . 

—  scaher.  .    . 

—  versipellis  . 
Boule  de  neige.    .    . 
Briaueté 

48 
46 

40 

121 
121 
121 
120 
24 

Bruffuet  

45 

Brunette 

120 

Camnafirnol 

1 

Cantharellus   auranti 
—         cihariu 
23, 
Cèpe 

'acus 
s  . 
120, 

23 

122 
45 

—  comestible  .   .    . 

—  noir 

45 

121 

44 

Champignon  à  la  b 

—  de    co 

39, 

—  des    b 

res. 

ague 

uche 

72, 

ruyè 

9 

140 

40 

1.68     — 


Page 
ou  rianchc. 

Champifînon   des  prés  .   .       39 

—  du  fumier.  .       39 

—  polonais  .    .        45 
Chanterelle   comestible. 

23,  120 

—  orangée.    .    .       23 

Charbonnier 32 

Chavane 25 

Chênier 18 

Chevalier 15 

Chevrette 23 

('lavaire  améthyste  ...  121 

—  belle 121 

—  cendrée 121 

—  coralloïde.  ...  121 

—  dorée 53 

—  élégante  .    .   53,  121 

—  en  grappe.     53,  121 

—  fusiforme.  ...  121 

—  jaunâtre  ....       53 

—  jaune 121 

Claçaria  amethystina.    .    .  121 

—  aurea *     53 

—  botrytis.  .    ,    53,  121 

—  cinerea 121 

—  coralloides  ...  121 

—  flava.   ...    53,  121 

—  formosa.  .    .    53,  121 

—  jusiformis  ...  121 
Clavariées.  ...  147,  160 
Clitocyhe    geotropa.   ...  119 

—  laccata 20 

—  nebularis.  19,'^^,  119 

—  odora 119 

Clytocybe   géotrope  .   .    .  119 

—  laqué  .    .    .    .•       20 

—  nébuleux.  19,  119 

—  odorant  .    ,    .  119 

Clitopile  orcellé 36 

Clitopilus  orcella 36 

—  prunulus.  36,  121 
Collyhia  fusipes.    .    .    18,  119 


l'a-.. 
1111  l'ianclie. 

Collyhia   fusipes,    var. 

oedematopus 18 

Collybie  à  pied  en  fuseau. 

18,  119 

Columelle 9 

Couamelle 9 

Coucoumelle 8 

Couleuvrée 9 

Coprin   chevelu 43 

—  ovale 43 

Coprinus   atramentarius  .  139 

—  comatus.    ...  43 

—  ovatus 43 

Corne  d'abondance  ...  54 

Cortinaire  violet 37 

Cortinarius  violaceus   .    .  37 
Craterelle   corne   d'abon- 
dance   54 ,  121 

Craierellus  cornucopioides. 

54,    121,  122 

Daurade 1 

Discomycétes.   143,  144,  162 

Eauburon 25 

Encrier 139 

Entoloma  clypeatum.    35,  119 

—  lividum  .   .   35 ,  96 

—  sinuatum  .    .    .  35 
Entolome  en  bouclier.  35,  119 

—  livide 35 

Ergot  de  seigle 139 

Erinace 52 

Fausse  golmotte  ....  5 

—  Oronge.  .  .  2,  139 
Faux  cèpe 50 

—  Jazeran 2 

—  Mousseron  ...  34 
Fistulina  hepatica.  ...  51 
Fistuline    hépatique.    .    .  51 

Foie  de  bœuf 51 

Gastéromycétes.  143,144,  160 

Gendarme  noir 44 

Gingoule 30 


100 


Page 
ou  Planche. 

GirondelJe 23 

Glu  de  chêne 51 

Golmotte 6 

Goutte  d'encre 138 

Grisette 8 

Grisotte 9 

Gros  pied 45,  120 

Gyrole 23 

—       rouge 46 

Gyromiira    esculenta.    .    .  121 

Gyromitre  comestible  .    .  121 

Helvella   crispa    .    .      63,  121 

—  lacunosa ....  62 
Helvelle  crépue.    .    .   63,  121 

—  lacuneuse.  ...  62 

Hydne  sinué 52 

Hydnées 147,  159 

Hydnum  imbricatum.i21,  122 

—  repandum.  .   52,  122 

—  rufescens ....  122 
Hygrophore    blanc     de 

neige.    .    .  120 

—  blanc  d'ivoi- 

re ...    .  120 

—  o  11  V  a  c  é  - 

blanc.    .    .  21 

—  pudique.   .    .  120 

—  virginal.    .    .  120 
Hygrophorus  eburneus  .   .  120 

—  niveus ...  120 

—  olivaceo-al- 

hus  ...  21 

—  pudoriniis  .  120 

—  çirgineus.  .  120 
Hyménomycétes  .  .143,  147 
Hypholoma  fasciculare  .  .  42 
rij-pholome  fascicule   .    .  42 

Jaunet 35 

Jaunette 23 

Jazeran 1 

Lactaire  aux  tranchées.  .  27 

—  délicieux.    .  24,  120 


Pago 
mi  Plauclic. 


Lactaire  orangé.    .    .   26 

—  poivré  ...   25 

—  taché  .... 
Lactarius  controversus  . 

—  deliciosus.    24 

27,    120 

—  piperatus  .   25 

—  sanguifluus  . 

—  torminosus.   . 

—  volemus  .   .   26 
Langue  de  bœuf  .    .    . 

Lathyron 

Lepiota  erminea.    .    .    . 

—  excoriata.  .    .    . 

—  procera.    9,    119 

—  pudica  ...    10 

—  rhacodes.   .    .    . 
Lépiote    écorchée  .   .    . 

—  élevée ...     9 

—  erminée  .    .    . 

—  pudique  .    .   10 

—  raboteuse.  .    . 
Lycoperdon   cœlatvm.    . 

—  gemmatum. 

—  giganteum. 

55 

Mainotte 

Marasme  faux  -  Mous.se 

ron 34 

Marasmius    oreades  .   34 

120 

—  scorodonius 

Meunier 

Mitre  d'évêque  .... 
Morchella  conica.  .    .    60 

—  elata  .... 

—  esculenta.  .    . 

—  esculenta, 

rotunda. 

—  esculenta, 

vulgaris 

—  hortensis.  . 


var 

59 

var 


170     — 


Page 
ou  Planehe. 

MorcJiella  semi-libera,  61 , 

122,  141 

Morille  comestible.  ...  59 

—  conique 60 

—  élevée 60 

—  ^rise 59 

—  jaune 59 

—  ronde 59 

—  semi-libre  ....  61 

Morillon 61 

Morton 27 

Mousseron 12,  36 

—  d'automne .    ,  34 

—  de  Dieppe  .   .  34 

—  de    la    Saint- 

Georges.  12,  119 

—  godaille  ...  34 

—  gris 35 

—  pied  dur.    .    .  34 

Mouton  zone 27 

Mujolo 1 

Nouret 29 

Oignon  de  loup 50 

Oreille   de  chardon  ...  30 

—  de  chat 58 

—  de  chat  blanche.  63 

—  de  Judas  ....  62 
Oronge  blanche 118 

—  ciguë  blanche  .    .  7 

—  vineuse 6 

—  vraie.  1,  75,  103,  118 

Ounégal 1 

Palombette 31 

Palomet 31 

Paturon  blanc 40 

Paxille  enroulé 38 

Paxillus  involutus.    ...  38 

Perfide 35 

Peziza  acetabulum.     .  57,  122 

—  venosa    .    58,   121,  122 

Pezize  en  coupe 57 

Pezize  veinée.    ...   58,  121 


Page 

ou  Planche. 

Pholiota  œgerita 

119 

—        cylindracea  .    .    . 

142 

—        mutahilis.    .    .    . 

121 

Pholiote  égérite 

119 

Pibaulado 

142 

Pied  bleu 13. 

142 

—     de  coq  

53 

—     de  mouton  blanc.    . 

52 

Pivoulade 

11 

Pleurote  de  l'Eryngium. 

30, 

119 

—       de  Tolivier.    .    . 

78 

—       en  coquille.    29, 

119 

—       glanduleux.    .    . 

29 

Pleurotus  Eryngii.    .   30, 

119 

—          glandulosiis  .    . 

29 

—          oleariiis .... 

78 

—          ostreatus.  .   29, 

119 

Polypore   chicorée.   .   .    . 

47 

—         du  bouleau  .    . 

138 

—         du  mélèze.    . 

139 

—         en  bouquet  . 

47 

—         tubérastre.  92 

142 

Polyporées.  .   .    .     147 

,      156 

Polyporus    confliiens.    . 

121 

—          fomentarius. 

.     138 

—          f  rondos  us.   . 

47 

—          hispidus  .    . 

.      139 

—          intybaceus  . 

.        47 

—         officinalis.   . 

.     139 

—         ovinus  .   .    . 

.      121 

—          suif  ureuSj  121 

,     138 

Potiron 39 

45 

Poule  de  bois.    ...   29 

47 

Pratella    arvensis.  ^0,120 

,     122 

—        Bernardii.  .   39 

,      119 

—        campestris.     39 

120 

,      122 

—        hœmorrhoidea. 

.       39 

—        xanthoderma  . 

41 

Pratelle  champêtre.  .  39 

,      120 

—       de  Bernard.    . 

.      120 

—     171 


Page 
ou  Planche. 

Pratelle   de  Jachères.   40,  120 

—  jaunissante.    .    .  41 

Psalliota 155 

Psalliotes 155 

Rabasse 64 

Raffouet 27 

Ragoule 30 

Ringoule 30 

Rosé 40 

Roumanet 1 

Roussette 28 

Roussile 46 

Rouzillon 24 

Russula   alutacea  ....  121 

—  cyanoxantha.  32,  12\) 

—  delica 120 

—  emetica 22 

—  jellea 33 

—  faetens 33 

—  virescens  .    .31,  120 
Russule   chicotin  ....  33 

—  cyanoxanthe .    . 

32,  120 

—  délicate  ....  120 

—  émétique.   ...  22 

—  fétide 33 

—  vert-de-gfis.  31,  120 

Souquarel 11 

Sparassis  crispa 122 

Temoulo 47 

Terfez  du  Lion 121 

Terfezia  Leonis 121 

Tête  de  Méduse   ....  11 

—     de  nègre 44 

Toute  blanche 10 

Trémellacées.  .   .     147,  160 

Tricholoma    albellum.  12,  119 

—  argyraceum  .  119 

—  équestre  ...  15 

—  gambosuin.    .  12 

—  Ceorgii.    12,  122 

—  murinaceum.  119 


Page 

ou 

Plauche 

Tricholoma    nudum.     13 

122 

,     142 

—           panœolum. 

75 

,      119 

—           personatum. 

13 

,      119 

—           pessundatun 

;. 

14 

,      119 

—            portentosum 

.     119 

—            russula  .    . 

17 

—            ssevum  .    . 

13 

—            sordidum  . 

13 

—            terreum  .    . 

16 

—            tristis.    .    . 

.      119 

Tricholoma   argyracé.  . 

.      119 

—           chatoyant. 

.     119 

—           de  la  Saint 

Georges. 

12 

—           équestre.  . 

15 

—           gris   de   sou 

ris  .    .    . 

.      119 

—           nu.    ;    .    . 

13 

—           prétentieux 

.     119 

—           ruiné  .   .  14 

119 

—           russule  .    .    . 

17 

—           terreux  .   .   , 

16 

—           travesti.    .    . 

119 

—           triste  .  .    .    . 

119 

Tripette 

53 

Trompette  des  morts  .    . 

54 

Trufîe  à  spores  noires  .    . 

64 

—     des  gourmets.    .    . 

64 

—     du  Périgord.  .    .    . 

64 

—     violette  

64 

Tuber  brumale 

121 

—     melanosporum.  .    . 

64 

Tubéracées  .    143,  147, 

165 

Vache 

26 

—     blanche  

25 

—     rouge  

24 

Vachotte 

26 

Vélo 

26 

—     172     — 


Verdette 

Verpa  digitaliformis.    . 
Vesse-loup  ciselée  .   .    . 
—         gigantesque. 
Vesse-loup  perlée  .    .    . 


Page 
ou  Planche. 

31 
122 
56 
55 
56 


Viau 

Yideau 

Volvaria  gloiocephala. 
—       speciosa  .    . 


Page 

ou  Planche. 

26 
.  .  35 
.  .  95 
.    .        95 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  MATIÈRES 


Préface v 

Gomment  nos  planches  ont  été  reproduites ix 


PARTIE  I 


Explication  des  planches 1 

PARTIE  II 

Généralités 66 

Chapitre        I.  —  Qu'est-ce  qu'un  champignon?  Notions  gé- 
nérales sur  les  champignons 68 

—  II.  —  Comment   se   forment   les   champignons. 

Organisation  et  développement  ....       71 

—  III.  —  Composition  chimique,  coloration  et  odeur 

des  champignons 76 

—  IV.  —  Du  rôle  des  champignons  dans  la  nature.       79 

—  V.  —  Distribution    géographique    des    champi- 

gnons         91 

—  VI.  —  Comment  traiter  lés  empoisonnements  par 

les  champignons 94 

—  VII.  —  Des  champignons  au  point  de  vue  alimen- 

taire. —  Vente  des  champignons   ...     103 


—     173     — 

Chapitre  VIII.  —  Récolte  et  préparation  culinaire  des  cham- 
pignons. —  Conservation 123 

—  IX.  —  Emploi  des  champignons  dans  l'industrie 

et  la  médecine 138 

—  X.  —  Culture  des  champignons 139 

—  XI.  —  Classification  des  champignons 142 

La  Société  mycologique  de  France 166 

Table  alphabétique  des  noms  latins^  français  ou  vulgaires 

des  espèces  figurées^  décrites  ou  citées 167 

Table  générale 172 


NANCY,    IMPRIMERIE    BERUER-LEVRAULT 


Dumee,  Pau 


Nouve 


atlas  de  poche  des  ch 


3   5185   00063   9037